Les jeunes représentent une « part croissante et significative » dans l'activité économique française, note l'URSSAF à la fin du mois de juillet. Toutefois, nombreux sont ceux dont la rémunération est bien inférieure à celle des leurs collègues plus âgés.
En 2022, les moins de 30 ans représentent 25% des effectifs salariés (secteur privé hors régime agricole). En équivalent temps plein, leur salaire brut mensuel s'élève ainsi à 2.181 euros (1.871 euros pour les 16-25 ans et 2.642 euros pour les 26-29 ans), contre 3.159 euros en moyenne pour l'ensemble des salariés.
Pour les travailleurs indépendants, les moins de 26 ans ont déclaré en 2022 un revenu annuel moyen de 14.241 euros... contre 41.258 euros pour l'ensemble des travailleurs indépendants, soit presque trois fois moins. Enfin, du côté des auto-entrepreneurs, les 26-29 ans déclarent 5.932 euros, soit un revenu inférieur à celui observé sur l'ensemble des auto-entrepreneurs (6.254 euros). Ce revenu diminue même de moitié chez les moins de 26 ans.
En cause : les revenus augmentent généralement avec l'ancienneté et une proportion particulièrement élevée de personnes de moins de 30 ans travaillent dans des activités peu rémunérées.
Des jeunes plus précaires mais plus embauchés
Ces activités plus précaires sont diverses. En 2021, les moins de 30 ans représentent 27,9% des 149.400 travailleurs indépendants classiques et 39,1% des 704.100 auto-entrepreneurs immatriculés en France.
Ce goût pour l'indépendance va de pair avec une plus grande employabilité, note l'URSSAF. En effet, sur les 27,6 millions d'embauches répertoriées en 2022, 40,9% concernent des travailleurs de moins de 30 ans, et 30,5% des jeunes de 16 à 25 ans, constate l'établissement public qui a même vu une nette accélération au troisième trimestre 2022, où 47,8% des nouveaux embauchés avaient moins de 30 ans (et 38,2% entre 16 et 25 ans). Mais là encore, cet appel d'air pour les jeunes se fait vers des emplois plus précaires, la fin de l'année étant marquée « par les emplois saisonniers de l'été ainsi que par le traditionnel pic de recrutements en septembre », précise le collecteur des cotisation employeur.
L'apprentissage, une manne d'emplois menacée
Par ailleurs, ces embauches sont facilitées par l'apprentissage qui incite les entreprises à recruter des jeunes à moindres frais. Aussi, une potentielle remise en question des aides accordées aux centres de formation suscite des craintes à l'heure où la Chambre des métiers et de l'artisanat met en garde contre un projet de réduction de 5% du financement public des contrats d'apprentissage. Mi-juillet, cette organisation s'est exprimée en disant que cela mettrait par exemple en péril des formations d'artisans. Pourtant, au début de l'année 2023, le gouvernement avait annoncé le prolongement de l'aide exceptionnelle de 6.000 euros à l'embauche d'un alternant, et ce jusqu'à la fin du quinquennat. L'objectif est d'atteindre 1 million d'alternants par an d'ici à 2027 pour dépasser les 800.000 contrats de 2022.
« Alors que le gouvernement affiche la volonté d'atteindre le million d'apprentis à l'horizon 2027, cette décision vient en totale contradiction avec l'objectif », a estimé CMA France dans un communiqué. « 70% à 80% des formations proposées ne tiennent plus économiquement », prévient son président.
Un bâton dans les roues des jeunes qui bataillent pour entrer dans le monde du travail qui ne passe pas pour la chambre des métiers. Et pour cause, les moins de 30 ans sont ceux qui ressentent le plus les effets de l'inflation selon un sondage réalisé par Opinionway pour Clearplay* en février 2023. 79% d'entre eux se disaient inquiets pour leur pouvoir d'achat à venir et ce chiffre atteignait même 86% chez les 20-24 ans interrogés. En parallèle, les jeunes restent aussi plus touchés par le chômage que l'ensemble de la population active. Selon l'INSEE, au premier trimestre 2023, le taux de chômage des moins de 30 ans était de 16,6% en mai 2023, soit plus de deux fois supérieur au taux de chômage en France qui atteignait 7,1% lors du premier quart de l'année. Baisser les subventions à l'alternance risquerait d'aggraver encore cette situation.
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*L'échantillon de 511 personnes représentatives de la population française âgée de 15 à 35 ans a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d'agglomération et de région de résidence