Gutenberg 1 - 0 Le livre numérique

CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. En 2021, le marché du livre imprimé a bien progressé en France mais aussi aux Etats-Unis. Loin des prédictions qui, il y a deux décennies, annonçaient sa disparition, il compte sous sa forme matérielle parmi les biens essentiels.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Le marché du livre en France se porte de mieux en mieux. Il a progressé de 12,5% en 2021 en valeur par rapport à 2020 et de 7,4% par rapport à 2019, selon les chiffres communiqués par Livres Hebdo, issus d'une étude du cabinet Xerfi/Spécific. Le magazine rappelle que sur les quinze dernières années, le marché évoluait entre -2% et +2%.

Cette belle santé a surtout profité aux petites et moyennes librairies qui affichent une croissance de 17,5% et aux librairies plus importantes, concentrées dans les grandes villes, qui ont elles enregistré aussi une belle progression (+14,9%).

Si la BD se taille la part du lion (34%) - le nouvel Astérix s'étant vendu à 1,5 million d'exemplaires ! -, la littérature progresse aussi (+12%) ainsi que les essais (+13%).

Aux Etats-Unis, même tendance

La France n'est pas une exception. Aux Etats-Unis, les ventes de livres sont également en hausse, de 8,9% en 2021 par rapport à 2020, année qui avait également affiché une progression, de 8,2% par rapport à 2019.

Si la période de confinement a eu une influence sur un marché qui a bénéficié aux librairies dès qu'elles ont pu rouvrir - rappelons-nous le débat sur la nécessité de considérer le livre comme un bien essentiel -, le phénomène montre que contrairement aux projections faites à l'époque de l'apparition du livre numérique, le livre physique n'a non seulement pas disparu, mais il domine largement. En réalité, l'engouement pour le livre numérique a connu un pic de ventes en 2014 qui ont depuis reflué pour représenter aujourd'hui une part de marché qui tourne autour de 15% aux Etats-Unis et 5% en Europe.

La multiplication de petites maisons d'édition

Contrairement à ce qui s'est passé pour la musique, quoique rien n'est joué avec les explosions de ventes de vinyles qui sont en train de prendre leur revanche sur les CD qui les avaient supplantés, le marché du livre s'est réorganisé avec l'arrivée d'Internet dans nos vies quotidiennes. Ainsi, l'ogre Amazon a commencé sa success story par la vente de livres imprimés pour devenir une des plus grandes capitalisations du monde. Cela a même bousculé le monde feutré de l'édition. En France, on a assisté à un mouvement accéléré de concentration du secteur, suscitant l'inquiétude des auteurs, et d'éditeurs indépendants.

Mais, dans le même temps, les petites maisons d'édition se sont multipliées, souvent spécialisées par domaine, offrant des catalogues originaux qui peuvent rencontrer un plus large public grâce à leurs sites internet. Le succès des rencontres avec les auteurs qui se son multipliées grâce aux réseaux des petites librairies, ou encore celui de blogs créés par de grands lecteurs qui partagent leur passion, participent à l'élargissement d'un offre longtemps cantonnée aux pages littéraires des grands journaux. Car le travail est indispensable. Pour la seule année 2021, 68.047 titres ont été publiés en France, soit près de 270 par jour ouvré, rappelle Livres Hebdo!

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le livre a la capacité de s'adapter à de nouveaux défis. L'apparition du livre de poche lui avait donné un second souffle dans l'après-guerre, avec des prix moins onéreux ou la baisse de son coût de fabrication avec l'évolution des techniques d'impression.

Un moyen peu onéreux de s'éduquer

Reste à expliquer l'engouement des lecteurs. Par rapport au livre numérique, le livre imprimé reste plus maniable, il n'a pas besoin de batteries, et ne se brise pas si vous lui marchez dessus par inadvertance contrairement aux liseuses. Il reste encore un signe de distinction sociale important, un coup d'œil sur une bibliothèque personnelle vous renseigne davantage sur les goûts de son propriétaire que bien des discussions.

Enfin, la lecture reste un moyen peu onéreux (soulignons le rôle des bibliothèques) d'avoir accès à tout l'héritage culturel de l'humanité (l'école reste encore largement l'institution qui donne le goût de la lecture), à travers les œuvres classiques, la littérature ou encore la BD, et aide à s'éduquer et à mieux comprendre le monde.

Lire aussi 3 mnLes librairies ont limité la casse en 2020, malgré les confinements

Robert Jules
Commentaires 3
à écrit le 29/01/2022 à 10:18
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Une très bonne nouvelle en effet et qu'est-ce que c'est agréable quand la réalité vient contredire des prédictions de gens aux salaires à 5 chiffres, dont le but est plus d'inciter que de prévoir, mais connaissant de nombreux gros lecteurs jamais ils...

le 29/01/2022 à 17:56
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Oh je suis bien d'accord avec votre enthousiasme tou autant que celui affiché par l'article. Néanmoins, je suis devenu avec les années un lecteur sur écran...C'est moins sympa, c'est bien vrai, et je me rends compte que je lis mieux et moins stres...

le 30/01/2022 à 9:51
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Je suis bien d'accord, la BNF par exemple propose une grande partie de ses oeuvres en accès libre et il faut avouer que c'est difficilement résistible, quel trésor à portée d'écran ! On peut donc raisonnablement supposer que les gens lisent bien plus...

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