Ristourne de 15 centimes d'euros sur le carburant, chèque énergie, chèque inflation, prise en charge partielle des factures d'électricité et de gaz des entreprises par l'Etat, bouclier tarifaire.... La liste des aides et des mesures annoncées par le gouvernement ne cesse de s'allonger depuis l'automne 2021. La semaine dernière, Jean Castex a encore annoncé un nouveau plan de résilience dont le coût global est estimé entre 4 et 7 milliards d'euros selon la durée de la crise.
A ce plan de résilience s'ajoutent le coût de toutes les mesures précitées depuis septembre 2021 et les mesures sectorielles spécifiques (agriculture, bâtiment, transporteurs) pour un total de près de 30 milliards d'euros. Malgré ces aides, des professionnels du BTP, pêcheurs, agriculteurs, transporteurs ou taxis ont mené de nouvelles actions en début de semaine dans tout le pays pour protester contre le prix des carburants.
Les économistes de l'Insee ont révisé à la hausse leurs prévisions d'inflation la semaine dernière dans leur dernière note de conjoncture. Entre avril et juin, la poussée de fièvre des prix de l'énergie pourrait faire grimper l'indice des prix à la consommation entre 4% et 4,5% au cours du printemps. L'inflation poussée jusque- là par la flambée des prix de l'énergie pourrait s'installer dans la durée. En effet, la guerre en Ukraine a ravivé de nombreuses tensions sur les prix des matières premières et ceux de l'énergie. A l'approche de la présidentielle, le dossier du pouvoir d'achat devient brûlant. "Le pouvoir d'achat est resté la première préoccupation des Français malgré la guerre en Ukraine. Les prix de l'énergie ont un impact sur le pouvoir d'achat", a rappelé Mathieu Plane, économiste à l'OFCE lors d'un récent point presse.
Des aides pour éteindre l'incendie temporairement
La plupart des économistes s'accordent à dire que les différentes mesures prises ont permis d'amortir le choc à court terme. L'objectif du gouvernement est d'éviter une fronde sociale généralisée alors que de nombreux blocages de dépôts de carburants et des opérations escargots ont été recensés sur tout le territoire récemment. "Face à la crise des prix de l'énergie, éteindre temporairement l'incendie chez les ménages ou les secteurs exposés est indispensable", a déclaré Benoît Leguet, directeur de l'Institut d'économie du climat (I4CE), "mais cela ne suffira pas : les braises resteront chaudes et s'enflammeront de nouveau à la prochaine crise."
Outre les gestes individuels en faveur d'une baisse de la consommation d'énergie, plusieurs économistes plaident pour un investissement massif de l'Etat et des entreprises dans des infrastructures et d'autres outils pour favoriser la sobriété énergétique. "Financement de la rénovation globale des logements, pistes cyclables et zones piétonnes, super-primes à l'achat de véhicules électriques pour les ménages modestes, réglementation plus stricte sur les SUV, renforcement des transports communs... Les solutions sont nombreuses pour réduire notre consommation d'énergies fossiles qui financent la guerre de Vladimir Poutine", explique Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors.
Des aides jugées "coûteuses"...
La multiplication des chèques et des aides à l'approche de la présidentielle a suscité des vagues de critiques de la part de l'opposition depuis l'automne dernier. A droite, la candidate Les Républicains (LR) Valérie Pécresse avait notamment accusé Emmanuel Macron de "cramer la caisse". Sur les 25 à 26 milliards d'euros évoqués par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, 10 milliards d'euros sont consacrés au plafonnement du prix du gaz, 8 à 10 milliards d'euros pour le plafonnement des tarifs réglementés de l'électricité, 2,8 milliards d'euros pour la ristourne de 15 centimes par litre de carburant, 3 milliards d'euros pour l'indemnité inflation et 25 millions d'euros pour l'aide aux entreprises très dépendantes de l'énergie.
En face, certaines recettes liées à la TVA notamment devraient augmenter avec les prix de l'énergie mais il est encore difficile à ce stade d'avoir une estimation précise. Cela va notamment dépendre du niveau de consommation des Français et des entreprises et de l'évolution du contexte géopolitique. Afin d'éviter de refaire un budget rectificatif, le ministre de l'Economie a indiqué qu'il allait passer par un décret d'avance. Ce qui évite de reconvoquer le Parlement à quelques semaines de l'échéance présidentielle.