Sages comme des écoliers. Une centaine d'employés alsaciens de la plateforme industrielle WEurope ont prêté une oreille attentive à Emmanuel Macron venu confirmer, lundi 17 janvier, un investissement de 300 millions d'euros de leur actionnaire BASF. Le géant allemand de la chimie a choisi Chalampé, dans le Haut-Rhin, pour lancer dès cette année la construction d'une unité de production d'hexaméthylènediamine (HMD), composé organique utilisé dans la fabrication du nylon. L'investissement créera 60 emplois.
Martin Brudermüller, président de BASF, entend positionner le site alsacien parmi les leaders dans cette spécialité. Le dirigeant allemand a salué les efforts de réindustrialisation de la France menés par Emmanuel Macron, "déjà couronnés de succès".
[Martin Brudermüller, président de BASF, avec Emmanuel Macron devant les salariés à Chalampé. Crédit : Olivier Mirguet]
"On me parle chaque jour de véhicules du futur, de batteries nouvelles, de grandes transformations industrielles, d'électrification de nos pratiques", a rappelé Emmanuel Macron. "A la base de toutes ces transformations, il y a la chimie. Déployer de l'activité et des formations sur notre sol français et européen, c'est évidemment développer notre industrie, mais c'est également créer les conditions de développer d'autres industries", a anticipé le chef de l'Etat.
"C'est un investissement important, un symbole franco-allemand dont je me réjouis énormément", s'est félicitée l'Alsacienne Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l'Insertion, qui accompagnait Emmanuel Macron dans sa visite haut-rhinoise. Le site de Chalampé fonctionnera en binôme avec un autre site chimique de BASF établi à Fribourg, en Allemagne, dont il assurera l'approvisionnement en HMD.
Les élus dans le secret
Emmanuel Macron était attendu en Alsace comme un président en campagne. Mais "nous sommes sur un territoire où tous les élus veulent travailler en confiance", a rappelé Boris Ravignon, vice-président (LR) du Conseil régional du Grand-Est en charge de l'économie.
[Le site de Chalampé accueille dèjà les activités de BASF, via ses filiales Alsachimie et Butachimie. Il compte 1100 salariés. Crédit : Olivier Mirguet]
Le secret autour de ce projet d'investissement, élaboré depuis deux ans, avait été bien gardé sous le nom de code Tandem. "Nous avons travaillé avec BASF sur ce projet soumis à un accord de confidentialité", raconte Vincent Froehlicher, directeur de l'Adira, l'agence territoriale alsacienne de développement économique. Tandem a été présenté en 2020 au comité régional des financeurs, instance informelle mise en place dans le cadre du plan de relance et du Business Act du Grand-Est.
Ce comité, censé faciliter les projets industriels dans la région, regroupe les représentants locaux de l'Etat, l'Ademe, la Banque des Territoires, Bpifrance, les collectivités territoriales et l'Adira.
La concertation n'a pas permis à BASF de maximiser les aides publiques - moins de 10 millions d'euros - mais elle a accéléré ses démarches administratives.
"L'investisseur nous a placés en concurrence avec d'autres territoires, et n'a cessé de nous poser des questions. On a répondu sur des sujets aussi divers que l'utilisation de la voie d'eau, l'accessibilité portuaire. Sur la question de l'acceptabilité territoriale, c'est l'agglomération de Mulhouse M2A qui a été l'interlocuteur de BASF", détaille Vincent Froehlicher. "A la fin, nous étions en concurrence avec un site belge et un autre au Royaume-Uni. Et puis il y a deux semaines, nous avons appris que nous avions gagné".
Les élus alsaciens se sont entendus pour réserver la primeur de cette annonce à Emmanuel Macron.
"On espère que ce coup de projecteur d'Emmanuel Macron va nous apporter des candidatures", veut croire Stéphanie Gouraud, en charge de l'emploi et de la formation sur le site de WEurope. 14 postes sont actuellement ouverts et non pourvus. La future unité HMD de BASF sera opérationnelle en 2024.