L'économie résiste moins que prévu. Selon les deniers chiffres communiqués par la Banque de France ce lundi 8 juillet, la croissance du produit intérieur brut (PIB) tricolore a augmenté de 0,2% contre 0,3% initialement prévu entre avril et juin. Lors d'un point presse donné au mois dans les locaux de l'organisme bancaire, l'économiste et directeur des études, Olivier Garnier, expliquait qu'il y avait des incertitudes sur la consommation. "Quand ils gagnent du pouvoir d'achat, les ménages ne le consomment pas tout de suite. Ils ont épargné encore plus que ce que l'on escomptait. Sur le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, la hausse du revenu brut a été de 8,5 milliards alors que la hausse de la consommation a été de 3,1 milliards. Près des deux tiers de ce supplément de pouvoir d'achat ont été épargnés alors que le taux d'épargne est de 15%." Sur l'ensemble de l'année, les experts prévoient 1,3% de croissance contre 1,4% auparavant.
De son côté, l'Insee prévoit le même niveau d'activité pour 2019 mais avec des flous également sur la consommation. "Comment les gains de pouvoir d'achat vont se transmettre à la consommation plutôt que vers l'épargne ? En France, les mesures d'urgence ont contribué à faire progresser le pouvoir d'achat. C'est une progression assez vive avec la deuxième tranche de réduction de la taxe d'habitation qui a lieu en fin d'année. L'inflation reste contenue. Le pouvoir d'achat progresserait de 2,3% sur l'année, cela représente 1,8% par unité de consommation. C'est le chiffre le plus élevé depuis douze ans (2007). La transmission de ces gains de pouvoir d'achat à la consommation pourraient prendre plusieurs trimestres. Au premier trimestre, la consommation a accéléré mais moins qu'attendu. Cela reflète un climat teinté d'attentisme en début d'année avec la crise sociale" a récemment déclaré Julien Pouget, le directeur du département de la conjoncture à l'organisme de statistiques.
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Coup de frein dans l'industrie
Les mauvaises nouvelles se multiplient pour l'industrie française. Ainsi, la production a baissé de manière "significative" selon les économistes de la banque centrale. Dans l'industrie manufacturière, le solde d'opinion des dirigeants interrogés est en zone négative (à -10, contre 6 en mai et 2 en avril) et l'indice du climat des affaires est passé de 99 en mai à 95 en juin. L'industrie automobile, le caoutchouc-plastique et l'informatique-électronique traversent actuellement une mauvaise passe. Les carnets de commande ont clairement diminué au cours du mois de juin.Le taux d'utilisation des capacités de production tombe à 78,8%, soit 1,1 point de moins qu'en mai et un plus bas depuis février 2017. Pour le mois de juillet, les chefs d'entreprise espèrent une reprise de l'activité dans tous les secteurs.
Essoufflement dans les services
Les enquêtes menées par l'institut bancaire indiquent que l'activité s'essouffle également dans les services. Ainsi, le solde d'opinion des entrepreneurs interrogés est passé de 10 en mai à 5 en ce qui concerne le niveau d'activité. "Suite à un ralentissement de la demande, l'activité des services progresse modérément" expliquent les conjoncturistes. Dans le détail, l'activité demeure robuste dans le transport, l'informatique et l'édition et se contracte dans la gestion et les activités juridiques et comptables, ainsi que dans la réparation automobile. Malgré ces résultats, l'indice du climat des affaires reste stable à 100 entre mai et juin. Les chefs d'entreprise prévoient une accélération de l'activité au cours du mois de juillet.
Après un mois de mai très favorable, l'activité dans le bâtiment a reculé au mois de juin. Les économistes expliquent ce résultat décevant par une météo médiocre pour le gros oeuvre notamment. Malgré ce résultat négatif, les carnets de commande demeurent à un niveau élevé et les prix des devis augmentent.
Cette estimation intervient dans un contexte incertain pour l'économie française, qui a résisté durant le premier trimestre au ralentissement mondial, sans toutefois atteindre le niveau espéré par certains économistes