Assurance chômage : le gouvernement revient sur la baisse de la durée d'indemnisation de 40% en cas de « plein-emploi »

Le 23 décembre, les partenaires sociaux avaient appris qu'une nouvelle disposition de la réforme de l'Assurance chômage prévoyait de faire baisser de 40% la durée d'indemnisation si le chômage passait sous la barre des 6%. Face à la colère des représentants syndicaux, Elisabeth Borne a annoncé que « ce troisième niveau du décret sera retiré et nous le mettrons dans les futures négociations sur l'assurance chômage ».
La réforme de l'Assurance chômage prévoit déjà une baisse de 25% de la durée d'indemnisation pour tous les demandeurs d'emploi ouvrant des droits à l'assurance chômage à partir du 1er février 2023.

L'annonce avait fait l'effet d'une douche froide pour les partenaires sociaux qui avaient appris la nouvelle le 23 décembre : une nouvelle disposition de la réforme de l'assurance chômage prévoyait une réduction de la durée d'indemnisation de 40% si le chômage passait sous les 6%.

Une disposition qui s'ajoutait à celle déjà prévue par le décret, qui entrera en vigueur le 1er février : une baisse de 25% de la durée d'indemnisation pour tous les demandeurs d'emploi ouvrant des droits à l'assurance chômage à partir de cette date.

Mais, face à la colère des syndicats, le gouvernement a finalement décidé de faire marche arrière. C'est ce qu'a annoncé Elisabeth Borne, ce mardi 3 janvier : « J'entends que ce point n'a peut-être pas suffisamment fait l'objet de discussion. Ce troisième niveau du décret va donc être retiré et nous le mettrons dans les futures négociations sur l'assurance chômage », a-t-elle indiqué sur Franceinfo.

La Première ministre a par ailleurs assuré que « le décret n'est pas une surprise, ça fait des mois que des négociations sont menées avec les représentants des organisations patronales et syndicales ». « Dans la situation actuelle il y a beaucoup de tensions sur le recrutement », a-t-elle également rappelé.

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Un scénario peu probable en 2023

En novembre dernier, au moment de la présentation de la réforme, le ministre du Travail Olivier Dussopt avait, en effet, évoqué la possibilité d'un durcissement en cas de chômage inférieur à « 5% », soit le niveau auquel on peut parler de « plein-emploi ». Mais ce scénario semble, de toute façon, peu probable en France, en 2023. Pour rappel, le taux de chômage en France atteignait 7,3% au troisième trimestre 2022.

À défaut de baisser davantage, le taux de chômage devrait, en effet, remonter, poussé par la conjoncture économique actuelle. Selon les prévisions de la Banque de France, le 17 décembre dernier, il pourrait connaître une hausse « temporaire » à plus de 8% ces prochaines années, avant de refluer. En cause, une croissance qui va décélérer de 0,3% en 2023, d'après le scénario « le plus probable » retenu pour les projections macroéconomiques des trois prochaines années. Ce tassement sera suivi d'un rebond à 1,2% en 2024 - moins que le +1,8% anticipé précédemment, car « l'hiver 2023-24 pourrait encore être un peu compliqué dans le contexte de la crise énergétique », selon son directeur général, Olivier Garnier. Mais la reprise se poursuivra en 2025 avec une croissance attendue à 1,8%.

Un « premier recul » salué par la gauche

Peu après l'annonce de la Première ministre, l'opposition de gauche a salué un « premier recul » qui selon eux en annonce d'autres sur la réforme des retraites. C'est « la preuve que le rapport de force paie ! Si nous nous mobilisons massivement, nous pouvons faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites ! », écrit sur Twitter le député et dirigeant de La France insoumise Manuel Bompard.

« Aujourd'hui, Élisabeth Borne recule sur l'assurance chômage. Demain, elle reculera sur sa réforme des retraites. Tous mobilisés ! », a abondé le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, qui appelle à signer une pétition contre la réforme sur le site unebonneretraite.fr (15.782 signatures mardi matin).

Pour la nouvelle secrétaire nationale d'Europe Écologie-Les Verts, Marine Tondelier, « ce qui est bien, c'est qu'on n'a pas encore commencé à manifester que le gouvernement a déjà compris qu'il allait falloir se détendre sur les mesures anti-sociales... Allez encore un petit effort : faut renoncer au report de l'âge légal de la retraite maintenant », a-t-elle tweeté.

« Pensée pour les macronistes zélés qui ont défilé sur les plateaux télé entre Noël et le Jour de l'An pour justifier le décret scélérat sur l'assurance chômage auquel Mme Borne vient de renoncer », a ironisé le porte-parole du Parti communiste, Ian Brossat.

De son côté, la cheffe de file des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, a réagi en déclarant : « prix de l'énergie, indemnisation du chômage... : ce gouvernement n'écoute personne, fait n'importe quoi et finit par rétropédaler pour atténuer ses erreurs ! Et les Français trinquent ».

 (Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 04/01/2023 à 13:39
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La durée d'indemnisation ne devrait-elle pas être ajustée à l'offre d'emploi !!! Et non au taux de chômage !?

à écrit le 03/01/2023 à 11:02
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Soit du rétropédalage suite à une grossière erreur faite en décembre...soit une manoeuvre subtile pour casser la dynamique syndicale qui monte contre la réforme des retraites.

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