L'État au chevet des entreprises en difficulté

La startup d'État, Signaux faibles, a mis en place un outil basé sur l'intelligence artificielle qui permet de mieux détecter les difficultés des entreprises. D'abord expérimenté en Bourgogne, il doit s'étendre à toutes les régions d'ici la fin de l'année.
Grégoire Normand
(Crédits : Benoit Tessier)

Défaillances, cessations de paiement, licenciements. À l'heure où l'économie européenne ralentit, beaucoup d'entreprises françaises multiplient les craintes. Plusieurs dossiers récents comme Ford Aquitaine, la papeterie Arjowiggins ou encore l'aciérie Ascoval ont rappelé la fragilité d'un bon nombre d'entreprises tricolores.

Face à ces risques, plusieurs organismes ont signé une convention de déploiement des "signaux faibles" au BercyLab le 3 avril. L'objectif revendiqué est « d'identifier le plus en amont possible les entreprises fragiles afin de leur proposer les solutions d'accompagnement adaptées à leurs besoins ».

Devant un parterre d'invités à l'hôtel des ministres, le patron de la Direction générale des entreprises (DGE) à Bercy, Thomas Courbe, a rappelé que « l'outil mis en place devrait avoir la capacité de détecter des difficultés 18 mois avant qu'elles ne se matérialisent ». Initié en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2016 pour une phase d'expérimentation, le but est « d'engager le déploiement du dispositif à l'ensemble des régions avant la fin de l'année », a précisé le haut-fonctionnaire. De son côté, Nadi Bou Hanna, directeur interministériel du numérique et du système d'information et de communication de l'État (DINSIC), a déclaré :

« C'est un projet qui illustre ce que le numérique peut apporter aux politiques publiques. Il est rendu possible grâce au partage de la donnée portée par Etalab et l'utilisation de l'algorithmie pour aider aux prises de décision [...] Signaux faibles devient un service public national qui améliore l'efficacité des pouvoirs publics ».

L'intelligence artificielle au service de la détection

Plusieurs organisations telles que la Direction générale des entreprises, la Banque de France, la délégation générale à l'emploi et la formation professionnelle (DGEFP), l'agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS) et la DINSIC ont été mobilisées sur ce projet qui fait appel à l'intelligence artificielle. Plusieurs représentants de la startup d'État Signaux faibles sont venus présenter l'utilisation de cette nouvelle plateforme.

« L'objectif est de donner une carte d'identité de l'entreprise pour cerner les effectifs de l'établissement, son chiffre d'affaires, son secteur d'activité. [...] Pour faire cette liste, on s'appuie sur des données en masse sur toutes les entreprises. Nous avons d'un côté des données financières qui permettent de déterminer des tendances de long terme. Nous avons de l'autre côté des données sur l'activité partielle et des données qui permettent, grâce aux dettes des cotisations sociales des Urssaf, de détecter immédiatement des tensions de trésorerie. Toutes ces données permettent d'entraîner un algorithme par le biais du machine-learning. »

La mise à disposition de toutes ces data pourrait susciter des interrogations sur le respect des informations confidentielles. Pour tenter de rassurer les chefs d'entreprise, la startup a assuré que l'accès à ces informations très sensibles « est réservé à des utilisateurs avec le plus haut niveau d'autorisation. Elles vont être examinées dans les comités mensuels de détection qui vont réunir des commissaires au redressement productif ainsi que les chefs de service ».

Pascal Denis, le président de l'entreprise Vernet-Behringer, basée à Dijon, est venu témoigner des risques qui accompagnent les périodes d'investissement dans l'innovation. « Si vous n'avez pas des dispositifs publics professionnels, réactifs, pour éventuellement poser un diagnostic et lever la tête du guidon, on peut se retrouver rapidement dans la tempête ».

34 projets de collectivités sélectionnés pour soutenir les commerces

Après plus de quatre mois de mobilisations des "Gilets jaunes", l'impact macroéconomique sur l'activité du PIB reste relativement limité. Selon des estimations de l'Insee, les différents mouvements ôteraient à la croissance 0,1 point de PIB en 2018. Certains secteurs ont cependant souffert plus que d'autres. L'hôtellerie-restauration ou les commerces de proximité dans certains centres-villes ont pu voir leur activité se dégrader. Face à ces difficultés, le Premier ministre Édouard Philippe avait annoncé une enveloppe de 3 millions d'euros à destination des centres-villes concernés par le mouvement des "Gilets Jaunes".

À la suite de cette annonce, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire et la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher avaient lancé le 7 mars une "opération nationale de revitalisation et d'animation des commerces". Après trois semaines de mobilisation, cet appel a reçu 34 projets, répartis dans 11 régions de métropole et d'outre-mer selon un bilan communiqué par Bercy le 2 avril. Une seconde phase des sélection des dossiers doit avoir lieu pendant deux semaines à partir du 15 avril. Les collectivités sélectionnées pourront recevoir jusqu'à 300.000 euros.

« Ces projets regrouperont des actions en matière de communication physique et numérique, d'animation des commerces ou encore de redynamisation de l'attractivité commerciale et touristique des collectivités candidates», précise le ministère.

Lire aussi : "Gilets jaunes" : le commerce traverse une mauvaise passe

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 04/04/2019 à 19:01
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sans deconner! le scoring existe depuis tres longtemps, et des indicateurs, y en a plein, pas besoin d'attendre un signal faible de non paiement de l'urssaf, les gens ne font pas ca par plaisir vu que c'est passible de penal! moi j'ai mieux et moin...

à écrit le 04/04/2019 à 18:13
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L'hécatombe continue dans l'industrie et l'intelligence artificielle ne changera rien du tout ! Les pays de l'est, pays du maghrebs, Chine, etc coût de la main-d’œuvre dérisoire, travail 6 jours et horaires à rallonge. L'avenir pour les jeunes frança...

le 04/04/2019 à 19:03
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les socialistes ont fait la chasse au grand capital, ca permet de faire la lutte des classes conformement aux souhaits de Lenine ca tombe bien, l'industrie est intensive en capital, donc y a plus d'industrie conformement a ce qu'on pensait! sinon, ...

à écrit le 04/04/2019 à 17:32
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Il semble logique que les petites entreprises soient soutenues par les Etats qui favorisent beaucoup trop les multinationales parce que appartenant aux mégas riches les obligeant à aider les petits puisque l'etat aide les gros à détruire les petits a...

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