Laurent Wauquiez sort l’Auvergne-Rhône-Alpes du « Zéro artificialisation nette (ZAN)

Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) a annoncé samedi la sortie de sa région du « zéro artificialisation nette » (ZAN), un dispositif piloté par les régions et qui vise à stopper la bétonisation des sols en 2050, fustigeant une loi « ruralicide ».
Laurent Wauquiez a fustigé une loi « ruralicide »
Laurent Wauquiez a fustigé une loi « ruralicide » (Crédits : ERIC GAILLARD)

L'annonce est forte. Elle traduit notamment la difficulté de concilier l'accélération de la transition écologique avec les problématiques de logement de certaines communes. Alors que la lutte contre l'artificialisation des sols ne cesse de crisper les élus locaux, Laurent Wauquiez (LR), le président d'Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé ce samedi la sortie de sa région du « zéro artificialisation nette » (ZAN), un dispositif piloté par les régions et à réduire de moitié d'ici à 2031 la consommation d'espaces naturels et agricoles par rapport à la décennie précédente puis, à l'horizon 2050, de ne plus bétonner de sols à moins de renaturer des surfaces équivalentes.

« Mettre sous cloche les décisions des permis de construire sur la ruralité, cela signifie qu'on s'interdit toute forme d'avenir (...) J'ai décidé que la région se retirait du processus. On le fait en lien avec les départements avec lesquels on a échangé dessus », a-t-il déclaré ce samedi devant des membres de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) réunis en congrès ce samedi à l'Alpes d'Huez, en fustigeant une loi « ruralicide »,

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La loi Climat et Résilience, adoptée en 2021, confie aux régions la tâche de se fixer un objectif de réduction de la bétonisation des terres à travers leur document de planification (Sraddet), pour atteindre le « zéro artificialisation nette » en 2050. Pour ce faire, elles devront répartir l'effort de réduction entre les différentes zones de leur périmètre régional, des schémas de cohérence territoriale (Scot) au niveau du département, jusqu'aux plans locaux d'urbanisme (PLU) et cartes communales.

« Chez nous si les gens viennent c'est précisément parce qu'il y a un peu d'espace, sinon quelle est notre chance ? », a interrogé Laurent Wauquiez, reprochant à la Première ministre Elisabeth Borne « de ne pas avoir tenu ses promesses ».

Réactions indignées

« Lutter contre l'artificalisation des terres n'est pas une option, c'est un impératif, pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences », n'a pas tardé à tacler le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires, Christophe Béchu sur X (ex-Twitter). Interrogée par l'AFP, la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité, Sarah El Hairy (MoDem), a rejeté comme "profondément populistes" les propos de M. Wauquiez.

« Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes se désengage vis-à-vis du ZAN, alors même qu'un accord a été trouvé avec les parlementaires (...) pour améliorer ce dispositif en collaboration avec l'AMF (...) A croire que, selon lui, la loi s'applique de manière sélective », a déclaré à l'AFP Christophe Béchu.

« Rejeter le ZAN revient à refuser de protéger les terres agricoles (...). Refuser le ZAN signifie également ignorer la nécessité de préserver les espaces naturels, qui abritent une biodiversité riche et contribuent au stockage du carbone », a ajouté le ministre, accusant le patron d'Auvergne-Rhône-Alpes de faire "jouer les territoires les uns contre les autres".

« Le gouvernement doit mettre un coup d'arrêt aux attaques séparatistes et écocidaires de Laurent Wauquiez », ont réagi dans un communiqué les Ecologistes de la région AuRA, pour qui « sortir la région de l'objectif du ZAN c'est abandonner les maires des communes rurales, les laisser sans solutions face aux bétonneurs ».

« La zéro artificialisation nette, ce n'est pas une lubie (...) c'est une loi », a insisté Sarah El Hairy, interrogée par l'AFP aux journées de rentrée du MoDem à Guidel (Morbihan).

Rapporteur de la loi Climat et résilience en 2021, le député Renaissance Jean-René Cazeneuve estime lui que « cette réaction montre le chemin étroit entre une droite climato-sceptique et une gauche écolo punitive ».

Le débat parlementaire avait été tendu en juillet

Cette tension était au cœur du débat parlementaire cet été. Et le texte définitivement adopté par le Parlement en juillet comprenait des mesures de « souplesse » en faveur des élus locaux crispés par la lutte contre l'artificialisation des sols, avec notamment un droit minimal à construire pour les communes. Nul ne contestait la nécessité de freiner l'artificialisation, destructrice de biodiversité et facteur de réchauffement climatique. Mais les modalités du ZAN avaient braqué les maires, inquiets d'être privés d'un levier déterminant pour le développement des communes.

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Les tractations avaient été serrées entre députés et sénateurs, avec en toile de fond, le défi de répondre à la colère des maires sans infléchir le cap de la transition écologique. L'Assemblée nationale avait largement remanié la copie du Sénat, dominé par la droite. Sous l'impulsion notamment du gouvernement, prêt à des gestes envers les élus locaux, mais qui trouvait que les sénateurs avaient ouvert « trop largement » la porte à l'étalement urbain.

Bref, un compromis scellé avait a été validé par l'Assemblée (169 voix contre 29) malgré le mécontentement d'une grande partie de la gauche et le Sénat.

A l'origine du texte, une levée de boucliers face à la mise en œuvre des objectifs de « zéro artificialisation nette » des sols  de la loi Climat de 2021.

L'une des dispositions phares du texte était la création d'une « garantie rurale », un « droit à construire » d'au moins un hectare, attribué aux communes, et mutualisable avec d'autres. Les députés ont fini par accepter qu'elle ne soit pas réservée aux communes peu denses.

Projets d'envergure nationale

Les débats les plus vifs ont porté sur les « projets d'envergure nationale », comme les infrastructures de transport ou les grands projets industriels. Les élus locaux craignaient, quand ils en accueillent, que la surface utilisée ampute leurs enveloppes de terres artificialisables. Le Sénat souhaitait donc les exclure du décompte des 125.000 hectares d'artificialisation autorisée jusqu'en 2031 pour le pays. Mais aucune dérogation n'a été accordée. Et les hectares consommés par ces grands projets seront déduits de l'enveloppe globale autorisée par le ZAN. Le solde sera quant à lui réparti entre les différentes régions.

Les députés ont tout de même fait des concessions. En acceptant de réduire le « forfait » qu'ils avaient prévu pour ces projets nationaux, finalement fixé à 12.500 hectares artificialisables, dont 10.000 pour ceux installés dans les régions hors Paris, Corse et Outre-mer. Surtout, si ce « forfait » était dépassé, les sénateurs ont obtenu que « le surcroît de consommation » ne serait pas imputé aux régions.

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Commentaires 27
à écrit le 02/10/2023 à 10:06
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Le réchauffement climatique anthropique n'est pas une science mais une idéologie à visée totalitaire. Le devoir de tout citoyen - et celui de toute société de presse - est de combattre la tentative totalitaire en cours, dont nous avons eu les prémice...

le 02/10/2023 à 10:23
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Complot climatique, sanitaire ?????

à écrit le 02/10/2023 à 7:10
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qu'est-ce qu'une loi ? un texte voté par un député ponctionnaire et appliquée par un ponctionnaire : le Peuple Français n'a plus son mot à dire !! les Lois sont anti constitutionnelles puisque le Peuple est souverain

le 02/10/2023 à 10:24
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Le peuple a voté pour des élus qui votent. Vous voulez supprimer les députés ?

à écrit le 02/10/2023 à 6:23
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Ca doit etre l'enfer de vivre en France avec toutes ces lois et petits barons qui gouvernent a leur guise. Beurk.

à écrit le 01/10/2023 à 16:37
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ce type est un homme du pasé il na aucune chance en 2027 et LR semble croire en sa reussite c'est lamentable il vont encore regarder passer les trains

à écrit le 01/10/2023 à 15:02
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Du bla bla Les éternels opposants et alliés de la macronie. Ils sont les meilleurs alliés de macron, ils ont trahi les français, voir tous ceus issus de LR Darmarin Lemaire Philippe et consor, tout pour obtenir un poste un ministère.. Pour les ...

le 01/10/2023 à 16:27
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ce n'est pas a paris ni a bruxelles de determiner les aspirations des communes ni de la vie en region votre fonction est de defendre les interets francais pas de les saborder

le 01/10/2023 à 16:40
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il faut bien faire bouillir la marmite et quand on ne sait rien faire il n'y a pas 36 chemins a la gamelle

à écrit le 01/10/2023 à 13:15
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« zéro artificialisation nette » (ZAN) est un des dispositifs de la loi Climat de 2021. Comment se fait-il qu'un président de conseil régional puisse affirmer qu'il sort du cadre légal ? Wauquiez ambitionne de devenir président de la république; appr...

le 01/10/2023 à 14:35
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Oui, c'est ridicule.

à écrit le 01/10/2023 à 13:10
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Il prend le problème à l'envers. Au lieu de protéger le paysage et l'environnement et combattre la gabégie des dépenses sociales pour libérer les ressources pour un vrai plan de rénovation des petites villes rurales, il chosit de sacrifier la nature...

à écrit le 01/10/2023 à 11:00
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Pauvre Waukiez, bien populiste comme feu Chirac en son temps, en retard d’un train, une habitude chez les conservateurs, et malgré ses gros sabots, il demeure bien trop clivant pour faire consensus.

à écrit le 01/10/2023 à 9:46
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Celui qui se déguise en "défenseur" de la ruralité se révèle en réalité comme d'autres politiques comme un fossoyeur des terres agricoles. Tous les ans en France , entre 20 et 30 000 hectares de terres MAJORITAIREMENT AGRICOLES sont perdues car artif...

le 01/10/2023 à 10:31
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@Bioman Des dizaines de milliers d'hectares ne sont plus cultivés, abandonnés parce que les parcelles sont trop petites, trop en pente, mal placées, en réalité pas adaptées à l'agriculture et à l'elevage intensif. En parallèle une quantité non négl...

le 02/10/2023 à 10:05
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Sans parler du fait avéré historique faisant que les gens se sont installés d'abord là où il y avait de bonnes terres faisant qu'avec le temps c'est une terre d'excellente qualité qui est recouverte de béton et de goudron avec ces artificialisations ...

à écrit le 01/10/2023 à 9:17
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Ben disons qu'on se demande surtout si elle est réellement appliquée, je n'ai jamais vu autant de bâtiments commerciaux immenses en construction sur des terres auparavant naturelles, on nous prend pour des gonds.

à écrit le 01/10/2023 à 8:17
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Il faut déjà partir du constat qu’il manque en France des logements notamment plus de 2 millions attendent des logements sociaux notamment, les locataires attendent de devenir propriétaires, un nombre impressionnant de migrants arrivent en France cha...

le 01/10/2023 à 9:03
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Normalement dans un pays vieillissant la demande de logements sociaux devrait baisser. Si elle augmente le problème est dans la demande. Il ne manque pas des logemente sociaux en France, il y en a plus que dans les autres pays! Le problème est la d...

le 02/10/2023 à 9:00
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@AdieuBCE et à l'immigration se rajoute le clientélisme au profit de la génération née dans les années 40 permet celle-ci de pratiquer la rétention des biens dans les grandes villes, d'où un étalement saturant les réseaux de transport nourrissant par...

à écrit le 01/10/2023 à 6:05
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A l'origine de ces mesures délirantes (ZAN, extension des ZFE, contrôle technique moto...) on retrouve la même personne à la direction du ministère de l'environnement. Qui a effectivement une vision parisiano-centrée et anti-province. Wauquiez a pris...

le 02/10/2023 à 0:09
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Dans ma campagne, les villages sont défigurés par des constructions de piètre qualité. C'est notre avenir que nous condamnons en détruisant nos paysages, notre bâti ancien ... Dans un journal économique, il serait bon de rappeler ce que sont les acti...

à écrit le 30/09/2023 à 18:36
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Bien sur que non. Les lotissements sont nécessaires pour maintenir les écoles ouvertes. La limitation des surfaces d'artificialisations nettes conduit simplement à re-créer les problèmes des villes dans les villages par le fait d'un entassement des g...

le 30/09/2023 à 21:58
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C’est absurde, l’extension des villes en périphérie génère non seulement une augmentation de l’énergie (l’habitat collectif est moins gourmand à la production et au fonctionnement), des embouteillages, et une perte des surfaces agricoles, mais surtou...

le 01/10/2023 à 12:01
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@Tartuf : C'est clair qu'on a tellement de logements que les prix des locations baissent et que les réductions d'impôts pour la construction de logement vont être supprimées. D'ailleurs d'après votre raisonnement plus besoin d'aide aux logements ni d...

à écrit le 30/09/2023 à 16:45
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Une excellente décision de sa part, bravo à Laurent Wauquiez

le 30/09/2023 à 17:33
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Dans un pays où la tendance démographique est en train de s'inverser, il est difficilement concevable d'avoir besoin d'artificialiser davantage. La ruralité est en train de se tuer à coup de lotissement et de mobilité en voiture. Cet homme fait un co...

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