Le Medef relance le débat sur le coût du travail

Pierre Gattaz demande de nouvelles mesures pour alléger le coût du travail pour relancer l'emploi. Or, depuis 2013, le gouvernement a engagé un effort sans précédent de baisse des cotisations patronales, ramenant le taux effectif des cotisations de plus de 45% à 9% pour un salarié rémunéré au Smic.
Jean-Christophe Chanut
Depuis 2013, l'écart de coût du travail entre la France et l'Allemagne s'est fortement réduit

Le président du Medef a de la suite dans les idées. Il continue de demander de nouveaux allègements de cotisations patronales, une réforme du contrat de travail et une simplification du Code du travail. Pierre Gattaz ne lâche rien fustigeant "toutes les cotisations qu'on a sur la tête et qui sont liées à l'accumulation depuis des décennies d'un modèle social très lourd à porter". Se focalisant sur la compétitivité prix et oubliant totalement la compétitivité hors prix, il alerte : "Dans un environnement mondialisé, européanisé, vous comprenez bien que si ce coût du travail reste cher, nous irons malheureusement embaucher ailleurs dans des pays moins chers, c'est aussi simple que ça. »

Pour le président du Medef, ce coût du travail constitue avec la rigidité du CDI et la complexité du droit du travail l'un des principaux freins à l'embauche. Alors, certes, Pierre Gattaz est dans son rôle. Certes également, le coût du travail français reste largement supérieur à ceux que l'on retrouve dans les économies des pays émergents... Pour autant, en tenant de tels propos, Il encourage à ce que se perpétue partout en Europe cette course sans fin à la désinflation compétitive qui finit par fragiliser partout les systèmes de protection sociale. Surtout, le président du Medef pourrait aussi évoquer la compétitivité hors prix avec la nécessaire montée en gamme des produits français

Un effort d'allègement sans équivalent

En outre, Pierre Gattaz « oublie » de souligner à quel point le gouvernement a pris le taureau par la corne en matière de coût du travail à travers sa politique de l'offre.
Ainsi, si l'on se réfère au rapport sur les comptes de la Sécurité sociale, il apparaît que jamais avant 2013, il n'avait été entrepris un mouvement de cette envergure pour alléger le coût du travail.

Hors mesures d'allègement, le total des prélèvements sociaux à la charge des entreprises s'élèverait en 2015 à près de 47% des rémunérations brutes dans les entreprises de plus de 20 salariés, soit 30,7% au titre des cotisations de sécurité sociale et 16,3% sur le champ « hors sécu ». Mais avec la mise en place du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) à compter de 2013, puis les mesures d'allègements de cotisations intégrées dans le Pacte de responsabilité, ce taux est en vérité nettement moindre.

Des cotisations patronales ramenées de 45,64% à... 9,49%

Ainsi, le taux maximal d'exonération accordée au titre des nouveaux allègements dégressifs de cotisation sur les rémunérations versées en 2015 sera de 28,35 points dans les entreprises de plus de 20 salariés et de 27,95 points dans celles de moins de 20 salariés. Et ce, au niveau du Smic. Si on ajoute les six points de CICE, la réduction totale du coût du travail, en 2015, atteint 35,75 points dans les entreprises de plus de 20 salariés et 36,15 points dans les plus petites. Très concrètement, en prenant l'exemple d'un salarié rémunéré au Smic dans une entreprise de plus de 20 salariés : le taux de cotisation patronale serait, en l'absence des divers dispositifs d'allègement du coût du travail, de 45,64%. En additionnant toutes les mesures d'allègement existantes, le taux net effectif de cotisations patronales atteint en réalité maintenant ... 9,49%. Un effort jamais vu qui va d'ailleurs coûter 5,4 milliards d'euros pour la seule année 2015.

Alors certes, ces allégements sont essentiellement concentrés sur les « basses » rémunérations puisqu'elles sont dégressives de 1 jusqu'à 1,6 Smic. Seul le CICE concerne les rémunérations jusqu'à 2,5 Smic. Or, Pierre Gattaz souhaiterait « un allègement de charges rapide sur la totalité du spectre des salaires ». Il a déjà été entendu... Puisqu'à compter du 1er janvier 2016, l'abaissement des cotisations familiales de 5,25% à 3,45%, déjà en vigueur pour les salaires jusqu'à 1,6 Smic, sera étendu aux rémunérations allant jusqu'à 3,5 Smic.

Un coût moins élevé que  l'Allemagne dans l'industrie manufacturière

Résultat de l'ensemble de ces mesures, selon les dernières statistiques d'Eurostat, dans l'industrie manufacturière, au premier trimestre 2015, le coût du travail en France ressort à 37,4 euros, en hausse de 2,1% sur un an. L'Allemagne, à 38,9 euros, augmente de 3,1%. On trouve là les effets des nouvelles mesures du pacte de responsabilité entrées en vigueur le 1er janvier 2015. Et pourtant, les exportations françaises restent bien moins dynamiques que les exportations allemandes... Question de compétitivité hors prix.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 33
à écrit le 09/07/2015 à 9:17
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ON peut pas avoir le beurre et l argent du beurre. Si on veut gonfler une belle bulle immobiliere, il faut certes du credit distribue sans trop regarder mais aussi des salires eleves. M Gattaz prend l exemple de la RFA, qui ont certes des salaires p...

à écrit le 09/07/2015 à 8:41
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Moi j'ai de la chance j'habite près de la frontière espagnole et je fais de gros travaux dans ma maison. J'ai trouvé une entreprise Espagnole moins 20% Sur la main d'œuvre et 30 % pour les matériels, il n'y a pas photo et en plus j'ai résolu le probl...

à écrit le 09/07/2015 à 4:46
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L’exportation française depuis des décennies est basée principalement sur, l’aéronautique, l’agro alimentaire, les services, une partie de la chimie et le luxe. Ensuite les implantations qui ont été une force industrielle française importante exempl...

à écrit le 09/07/2015 à 1:32
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trop de différence avec les salaire de base autrefois c'était de 1 a 5

à écrit le 08/07/2015 à 22:18
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On n'a certainement pas été au bout de la baisse du coût du travail faiblement qualifié : aller au bout signifierait un coût du SMIC super brut égal au revenu disponible d'un smicard (environ 1000 euros après impôt). Ceci est possible en déportant to...

à écrit le 08/07/2015 à 21:31
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Cet article qui donne des indications sur le taux de prélèvement des charges et qui compare l'Allemagne et la France, ne précise pas suffisamment le lieu d'implantation des industriels. Chacun sait que les Allemands ont conservé une implantation terr...

à écrit le 08/07/2015 à 17:09
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Franchement ça laisse sans voix. Comme disait le grand penseur, on en a les bras qui tombent des mains.

à écrit le 08/07/2015 à 16:15
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beaucoup fustigent les paradis fiscaux, mais en fait ça interpelle sur pourquoi ils en sont capables, et pourquoi nous sommes aussi lourds sur la fiscalité... donc la compétition fiscale a du bon, ça va obliger les états et surtout la france (ça devr...

à écrit le 08/07/2015 à 16:01
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M. GATTAZ oublie qu'il y a une méthode très simple pour réduire le coût du travail et applicable immédiatement, sans intervention du gouvernement : ne pas augmenter les salaires. Je rappelle, que l'année dernière, les salaires ont augmenté de 1.4 %,...

à écrit le 08/07/2015 à 15:49
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Le cout du travail ne se limite pas aux salaires+charges n'en déplaise à monsieur Gattaz , il devrait lui et le Medef faire preuve d'imagination concernant l'organisation de leurs entreprises dans leur ensemble , ils découvriraient ainsi des sourc...

à écrit le 08/07/2015 à 15:22
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à tous ceux qui tirent à boulet rouge sur les entreprises, il faut rapeler que ce sont les entreprises qui créent l'emploi et la richesse qui permet d'alimenter le secteur public, et que d'autres part, ce sont les consommateurs qui votent par leurs a...

à écrit le 08/07/2015 à 15:15
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en réponse à routoutou : d'une part l'emploi c'est le million de pme et qui sont au bord du gouffre à cause des charges, impôts, code du travail soviétique...il faut arréter de faire une fixation et diversion sur le CAC d'autre part, les entrepris...

à écrit le 08/07/2015 à 15:07
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la france a le record européen d'impôts et charges d'europe, donc le pouvoir d'achat et la compétitivité des entreprises sont plombées, impossible qu'il y ait la moindre reprise dans ces conditions. comme si on mettait un sac de 30kk sur le dos de n...

à écrit le 08/07/2015 à 14:31
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Que les grands groupes et les grandes entreprises du MEDEF commencent par payés des impôts en France. fini les recours aux paradis fiscaux pour ne plus être imposés en France Ensuite si l'équilibre budgétaire national le permet on verra.

à écrit le 08/07/2015 à 14:24
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Que les grands groupes et grandes entreprises du Medef commencent par payés des impôts en France... Ensuite si l'équilibre budgétaire national le permet on verra.

à écrit le 08/07/2015 à 13:57
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Pourquoi ne pas réduire votre salaire de 60% ? La moyenne du coût du travail sera grandement amélioré...

à écrit le 08/07/2015 à 13:03
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la competitivité hors coût, la seule stratégie viable mais pour cela, adieu les dividendes, et bonjour l'innovation, la stratégie marketing, l'investissement. Mr Gattaz porte parole de la grande distrib et des grands du CAC 40 ferait mieux de dévelop...

à écrit le 08/07/2015 à 12:53
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On peut aussi revenir à l'esclavage, mais on peut revenir aussi à la lutte des classes, aux révolutions...Pour l'instant, le Medef, les droites libérales pensent pouvoir tout se permettre. L'Histoire aurait pourtant dû leur enseigner que donner des c...

à écrit le 08/07/2015 à 11:04
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Gattaz et le Medef font une fixation sur les charges sociales pour masquer leur propre incapacité à imaginer une autre organisation du travail dans leurs entreprises qui pourrait générer bien plus d'économies que les salaires et les charges sociales ...

à écrit le 08/07/2015 à 10:37
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Nous irons embaucher ailleurs nous dit ce bon Mr Gattaz mais c'est déjà le cas depuis des années mais non ce dont il rêve toutes les nuits c'est de payer les salariés français comme au Bangladesh!

à écrit le 08/07/2015 à 10:25
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Possible mais le CICE n'est pas financé et la dette de l'État explose et atteint 2100 milliards d'euros pratiquement 100 % du PIB.

à écrit le 08/07/2015 à 10:13
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Sauf que Gattaz et le Medef deviennent inaudibles. De plus, ils ne représentent "que" les grosses entreprises/groupes/firmes. D'où le décalage entre les réels besoins des artisans/TPE, majoritaires et principaux employeurs de France. En fait, il fa...

à écrit le 08/07/2015 à 9:43
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Mais qu'il aille en Allemagne ce MEDEF! Qu'il nous laisse tranquille! Ils ne seront jamais contents. Il y aura toujours un pauvre sur terre qui gagnera moins que nous.

à écrit le 08/07/2015 à 9:25
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Oui le gouvernement a baisser les charges, mais très majoritairement sur le smic. Donc on doit tous être au smic? Enfin si on prenait la totalité des taxes, on serait toujours a9,49%? Quand une entreprise paye 100€ une heure de mo, combien perçoit ...

à écrit le 08/07/2015 à 9:12
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"nous irons malheureusement embaucher ailleurs dans des pays moins chers". Comme ce sera de toute façon le cas dans cette course à la déflation des salaires, et bien qu'ils y aillent, on ne les retient pas ! Plus on en fait et plus ils en demandent...

à écrit le 08/07/2015 à 8:56
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en meme temps il a raison de demander vu que le gouvernement socialiste actuel cede à toutes ses requetes.

à écrit le 08/07/2015 à 8:43
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et aussi le partage des benefices et le salaires des patrons en cas de baisse des chiffres d'affaire c'est le premier qui doit etre reduit et surtout copie les germains ouil n'y a as de patron parachute ni de nomme pour faire plaisir aux amis t...

à écrit le 08/07/2015 à 8:29
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Je souhaite qu'on relance le débat du coût du patronnat, des cadres sup, et de l'actionnariat sur les plus-values dégagées par le labeur des travailleurs. Facile de dire qu'il faut que tout coûte moins d'argent, sauf ses propres rémunérations. N'e...

le 08/07/2015 à 8:54
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moi j'ai réglé le dilemme avec le medef. J'ai la chance d'habiter près de la frontière espagnole et comme je fais actuellement des travaux importants dans ma maison j'ai pris une entreprise Espagnole et tous les matériaux viennent de ce pays. C'est m...

le 08/07/2015 à 9:44
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c'est bien, comme cela vous contribuez à la baisse des salaires. J'espère que vous ne serez jamais déçu quand vous deviendrez vous même sous payés car tout le monde jouera a ce jeu. Triste de voir que certains sont fiers de plomber la vie des humain...

à écrit le 08/07/2015 à 7:27
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Les gens en on marre de se voir accuser de coûter trop cher alors qu'ils voient que leurs salaires, charges salariales et patronales comprises, sont inférieurs à ceux de leurs collègues/partenaires/clients/fournisseurs Allemands, Suisses, Néerlandais...

le 08/07/2015 à 8:07
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Milles fois d'accord, prendre et ne rien payer et le rêve depuis des décennies de chaque gros patrons et actionnaires, ils rêve de l'exploitation aux indes ou en chine ou les salariés ne sont que des machines, voilà leur objectifs...

le 08/07/2015 à 12:08
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Ce dont il est question ici, ce n'est pas le salaire touché par les français, mais ce que les entreprises doivent payer en plus à l'état comme charges sociales.

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