Le nombre des défaillances d'entreprises en forte hausse

Au deuxième trimestre, et malgré les soutiens publics, 147 grandes entreprises sont tombées en défaillance dans le monde, dont 20 en France, selon Euler Hermes. La tendance devrait s'alourdir dans les prochains mois, et peser notamment sur les PME et les ETI par un effet domino.
Robert Jules
(Crédits : Reuters/Alessandro Bianchi)

Dans l'entretien qu'il a confié en début du mois de juillet à la presse régionale, le président de la république ne cachait pas ses préoccupations quant à la situation économique à venir du pays. "Il y a des plans sociaux, et il y en aura. La crise sanitaire a détruit 5 points de richesse nationale et mis des secteurs entiers à l'arrêt. Cela a forcément des conséquences sur les entreprises", prévenait Emmanuel Macron.

Ce sombre pronostic est confirmé par une étude que vient de publier cette semaine Euler Hermes. Selon les données recueillies par l'assureur crédit, pour le seul deuxième trimestre, "sur les 147 défaillances de grandes entreprises (qui désignent celle qui réalisent un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros) relevées à l'échelle mondiale, 20 proviennent de France", soit 14% du total, indique Euler Hermes. Les régions étant les plus affectées par ces défaillances sont l'Amérique du Nord (52 cas, + 36 par rapport au deuxième trimestre 2019) et l'Europe de l'Ouest (64 cas, + 33).

Défaillances Euler

Ces défaillances pour ce seul trimestre dans l'Hexagone représentent un chiffre d'affaires cumulé de 4,4 milliards d'euros, contre moins de 650 millions d'euros durant la même période de 2019. Et ce, malgré le dispositif massif de soutien aux entreprises mis en place par le gouvernement dès le début de la crise comme le fonds de solidarité pour les TPE, le chômage partiel dont a bénéficié 1 entreprise sur 4, ou encore les prêts garantis par l'État (PGE) qui ont permis de maintenir une trésorerie minimale, car "le choc d'activité lié à la crise a joué - et continue de jouer  - un rôle d'accélérateur des fragilités structurelles de bon nombre de grandes entreprises", souligne Maxime Lemerle, directeur des recherches sectorielles d'Heuler Hermes. Parmi les secteurs les plus touchés, on trouve la distribution, les services, l'automobile et l'énergie.

Le risque majeur d'un effet domino

La disparition de ces grandes entreprises crée également un risque majeur d'"effet domino", notamment pour le tissu des PME et ETI qui de par leur rôle de sous-traitants et de fournisseurs en sont étroitement tributaires. "Les plus petits fournisseurs sont souvent dépendants de quelques gros clients, et ils pourraient rapidement être affectés par les difficultés de leurs  principaux partenaires commerciaux. Dans un contexte où la trésorerie de très nombreuses entreprises est sous pression, un seul incident de paiement pourrait fragiliser les plus petites structures. De quoi déclencher un scénario de défaillances en chaine, et un nouveau renforcement du risque d'impayés", explique Maxime Lemerle.

Autrement dit, le pire est encore à venir alors même que le PIB de la France s'est déjà effondré de 12,4% pour le seul premier semestre, selon Eurostat, largement en dessous de la moyenne de la zone euro (-9,1%). C'est la raison pour laquelle dans un rapport précédent, publié à la mi-juillet, Heuler Hermes mettait en garde sur l'abandon trop précipité du soutien public aux entreprises. L'assureur-crédit voyait déjà les nuages s'accumuler, estimant que, entre 2019 et 2021, les défaillances d'entreprises devraient augmenter de 35% dans le monde et de 25% en France.

Face à ces sombres perspectives, l'accord trouvé dans la douleur le 21 juillet sur un plan de relance européen de 750 milliards d'euros était nécessaire. La France devrait pouvoir en bénéficier à hauteur de 35 à 40 milliards d'euros. Sera-t-il suffisant ? Rien n'est moins sûr.

Robert Jules
Commentaires 2
à écrit le 05/08/2020 à 12:57
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la bonne nouvelle c'est que ca reduira les inegalites, vu que ceux qui perdront leur boulot auront moins de revenus, et en s'appauvrissant ils reduiront les inegalites avec ceux qui etaient en dessous et les voyaient comme des sales riches mentalite...

à écrit le 05/08/2020 à 8:50
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Puis alors les prêts pour compenser les pertes sèches ne sont que des reports dans le temps de faillites, on peut s'attendre pendant des années à une véritable saignée mais bon les banques récupérerons comme d'habitude patrimoine mobilier et immobili...

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