Les chefs d'entreprise se disent pessimistes pour l'avenir

L'optimisme des chefs d'entreprises quant aux perspectives de leur secteur d'activité est au plus bas depuis deux ans, selon la dernière enquête Markit. L'escalade des tensions commerciales, la montée des prix des matières premières et l'affaiblissement de l'euro inquiètent particulièrement les dirigeants français.
Grégoire Normand
Les perspectives, notamment, dans le secteur industriel sont défavorables.

La fin d'année s'annonce compliquée pour le secteur privé français. Selon la dernière enquête menée par le cabinet IHS Markit publiée ce lundi 19 novembre, les chefs d'entreprise interrogés signalent que leur optimisme est en recul pour l'activité des prochains mois. La baisse de la croissance mondiale, le ralentissement du commerce international et la montée des régimes populistes à l'échelle de la planète inquiètent particulièrement les dirigeants.

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En France, la multiplication des critiques à l'égard des mesures socio-fiscales du gouvernement ne risquent pas d'apaiser ces craintes relancées par la mobilisation des gilets jaunes. Au plus bas dans les sondages, le chef du gouvernement Edouard Philippe a indiqué qu'il voulait "maintenir le cap" malgré l'escalade des tensions sur le territoire français.

27% des entreprises anticipent une hausse

Les résultats de l'enquête indiquent que la croissance du secteur privé pourrait encore s'essouffler. En effet, seulement 27% des firmes déclarent que leurs activités pourraient encore s'accroître dans les 12 prochains mois. Elles étaient plus de 40% un an auparavant alors que l'économie française affichait une croissance élevée (2,3%) par rapport à la moyenne de ces dernières années. C'est donc le taux le plus bas depuis deux ans. Par secteur, les industriels sont beaucoup moins confiants sur l'avenir (moins de 20%) que les entreprises des services (plus de 30%).

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Pour Eliot Kerr, économiste chez Markit, "l'optimisme autour de la future activité s'est affaibli depuis juin, avec les craintes que la guerre commerciale se poursuive et que des prix de matières premières plus élevés freinent la confiance."  Ce sentiment se traduit également dans des performances commerciales moindres qui pourraient avoir des conséquences sur la trésorerie des entreprises et leurs profits. "La confiance moins solide relative aux futures ventes pourraient entraîner un déclin des revenus", soulignent les économistes de Markit. "En cohérence avec cette tendance, le sentiment d'optimisme lié à la profitabilité des entreprises est révisé à la baisse pour atteindre son point le plus bas depuis février 2017."

Enfin, les projets d'embauche des entreprises du secteur privé ont également été révisés à la baisse. "Le solde net d'entreprises prévoyant des embauches supplémentaires dans l'année à venir est au plus bas depuis février 2017 [...] Cette perte de confiance est visible chez les industriels, qui signalent un optimisme plus faible par rapport à juin. Dans les services, les personnes interrogées indiquent que les embauches devraient augmenter."

Fléchissement de la croissance

D'autres indicateurs laissent présager un ralentissement de l'activité en France au cours des prochains mois à commencer par l'indicateur composite avancé (ICA) de l'OCDE publié récemment. L'indice ICA a nettement reculé entre octobre 2017 et septembre 2018 soulignant un fléchissement de la croissance. Par ailleurs, la plupart des économistes dans les instituts de prévision et les banques s'accordent à dire que le dynamisme de l'activité économique sera moindre en 2018 et stable en 2019.

L'indice du climat des affaires calculé par l'Insee illustre également ce coup de mou de l'économie tricolore. En octobre dernier, l'indicateur qui le synthétise s'est dégradé légèrement. Il perd un point et se situe à 104 soit au-dessus de sa moyenne de long terme. Par secteur, la baisse est particulièrement visible dans l'industrie et le commerce de détail, alors que l'indicateur reste stable dans le bâtiment et les services.

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Selon un récent article de l'observatoire français de conjoncture économique (OFCE), la moyenne de la plupart des prévisionnistes situe la croissance française à 1,6% pour cette année. C'est légèrement moins élevé que les projections du gouvernement qui fait le pari d'une croissance à 1,7% pour cette année. "Le ralentissement commun à tous les instituts s'inscrit dans un contexte où l'environnement international est moins porteur qu'il ne l'a été en 2017, avec une augmentation des prix du pétrole et une appréciation de l'euro vis-à-vis du dollar", précise l'organisme de recherche.

S'agissant de 2019, la moyenne des prévisionnistes situe la croissance également à 1,6%. Le ralentissement pour l'année prochaine serait lié en partie à une contribution négative du commerce extérieur, "l'accélération des importations n'étant pas compensée par celle des exportations."

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 22/11/2018 à 18:13
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aucun indicateur n'augure d'une croissance 2019 plus forte qu'en 2018 ; le chiffre de 1,6% semble déjà plus que fragile , d'autant que la fiscalité et les nouvelles hausses à venir sur les dépenses incompressibles des français ( loyers , assurances ,...

à écrit le 20/11/2018 à 12:05
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Pessimistes ? non! réalistes ! les dirigeants sont épuisés par les manœuvres fiscales et administratives de l’État qui ne cesse de les harceler. A tout le moins, se brûler les mains pour rôtir les marrons dans le feu puis les poser dans une assiette ...

à écrit le 20/11/2018 à 11:22
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Le gouvernement de François Hollande avait réussi a donner une croissance pour 2017 de 2,3% et avec M.Macron la croissance disparait 1,7% en 2018 !

à écrit le 19/11/2018 à 23:38
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les infos sur Bloomberg/WSJ/CNBC ne sont pas très encourageantes ces derniers temps. on est proches de l'heure de vérité sur le capitalisme exubérant à l'anglo-saxonne/asiatique/teutonne ? le modèle français est le dernier debout, comme on pouvait ...

à écrit le 19/11/2018 à 21:06
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plus personne ne croit en cette mascarade, macron coule le pays chaque jour davantage.

à écrit le 19/11/2018 à 18:35
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et pourtant nous sommes passés de 700000 à plus de 2 millions de millionnaires ! Et ça consomme pas plus ? Encore un dogme néolibéral contredit par la vérité crue.

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