Pouvoir d'achat : la méthode Borne pour éteindre l'incendie de l'inflation

La nouvelle Première ministre a affirmé que "la première urgence" du gouvernent sera le pouvoir d'achat à l'issue d'une première réunion de travail à Matignon pour fixer la feuille de route de chacun des ministres. À quelques semaines des élections législatives, le gouvernement est en pleine opération séduction auprès des actifs et des retraités. Pendant ce temps, l'inflation galopante continue de rogner le porte-monnaie des Français.
Grégoire Normand
Un séminaire gouvernemental est prévu à la fin du mois de juin a déclaré Elisabeth Borne.
Un séminaire gouvernemental est prévu à la fin du mois de juin a déclaré Elisabeth Borne. (Crédits : Reuters)

Une semaine après l'annonce de la composition du nouveau gouvernement, la Première ministre Elisabeth Borne a réuni tous les ministres à Matignon pour fixer la feuille de route et la méthode pour les cinq prochaines années. "Je voulais évoquer les sujets de contexte, de méthode et de calendrier pour nous permettre de fixer un cadre commun à notre action", a déclaré la cheffe du gouvernement ce vendredi matin. "Il faut répondre aux urgences des Français", a-t-elle insisté.

Après cinq années percutées par de multiples crises, le nouvel exécutif démarre dans un contexte économique particulièrement troublé. À quelques semaines des législatives, le gouvernement sait qu'il devra conforter sa majorité à l'Assemblée nationale s'il veut rapidement faire voter ses textes avant d'entamer les réunions sur le dossier explosif des retraites prévu à la rentrée. Elisabeth Borne a également mis l'accent sur les pénuries de personnel de santé dans les hôpitaux et la transition écologique lors de cette première réunion avec les ministres.

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L'urgence du pouvoir d'achat

"La première urgence, c'est le pouvoir d'achat. Les lois d'urgence pour le pouvoir d'achat seront les premiers textes de ce quinquennat" a promis l'ancienne ministre du Travail rue de Varenne. Sur ce point, le gouvernement veut clairement répondre à la première préoccupation des Français en préparant un paquet pouvoir d'achat. Cette grande loi dont les contours sont encore à préciser pourrait comporter la fameuse prime Macron défiscalisée et sans cotisation jusqu'à 6.000 euros, un dispositif pour les gros rouleurs, le chèque alimentaire, le prolongement du bouclier tarifaire, l'accélération de l'indexation des prestations sociales ou encore le dégel du point d'indice des fonctionnaires.

Il faut dire que le pouvoir d'achat des Français a déjà reculé au cours du premier trimestre et cette chute devrait se poursuivre d'ici la fin du mois de juin selon le dernier point de conjoncture de l'Insee. L'inflation, qui pourrait dépasser 5% d'ici juin, a clairement pesé sur le porte-monnaie des Français. "L'impact moyen de cette inflation est d'environ 90 euros par mois et par ménage. C'est un choc rapide et hétérogène sur le pouvoir d'achat", a expliqué l'économiste de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Mathieu Plane lors d'un point presse cette semaine. L'une des difficultés pour l'exécutif est de mettre en oeuvre des mesures ciblées pour les ménages en première ligne dans cette crise énergétique.

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Indexation des retraites sur la table

Outre les actifs, la première ministre a également mis l'accent sur les retraités. Cette semaine, le nouveau ministre du Travail Olivier Dussopt en charge de la réforme des retraites a reçu les syndicats rue de Grenelle après avoir annoncé l'indexation des retraites sur l'inflation. Cette mesure jugée "électoraliste" par plusieurs observateurs "est en réalité inscrite dans le code de la protection sociale" a rappelé il y a quelques jours à La Tribune le secrétaire confédéral de Force Ouvrière (FO) Michel Beaugas conviéau ministère du Travail mercredi dernier.

Là encore, l'exécutif veut éviter tout nouvel affront avec les retraités avant les législatives alors que ces derniers constituent un socle électoral particulièrement important pour la Macronie. Dans ce contexte d'inflation, "le pouvoir d'achat des ménages retraités est mécaniquement touché. Les plus aisés peuvent réduire leur capacité d'épargne pour amortir les effets de cette inflation. Le retour de l'inflation est donc particulièrement sensible pour les plus petites retraites mais également selon le lieu de résidence. En effet, de nombreux ménages retraités vivent aussi dans des zones géographiques où la voiture est indispensable et où il y a très peu de transports en commun. Ils subissent alors pleinement la hausse du coût des carburants", a récemment expliqué à La Tribune Vincent Touzé, économiste à l'OFCE et spécialiste des retraites.

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Une nouvelle méthode et déjà des couacs

Emmanuel Macron a annoncé pendant la campagne présidentielle vouloir changer de méthode. Alors que sa première présidence avait été jugée "trop verticale" par un grand nombre d'acteurs, le quadragénaire a promis plus de concertations lors de son second mandat.

A l'issue de la réunion, la locataire de Matignon a promis "de la concertation et de la co-construction et des résultats pour être plus efficaces". Pourtant, cette première semaine au pouvoir a déjà été marqué par des couacs. Lundi dernier, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait réuni le MEDEF, la CPME, l'U2P (Union des entreprises de proximité) et d'autres organisations patronales à Bercy pour évoquer les effets de la crise sur l'économie tout en demandant aux entreprises qui "le peuvent" d'augmenter les salaires sans avoir invité les syndicats. Ce qui n'a pas manqué de susciter des critiques dans les centrales.

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Finances publiques : la voie étroite du gouvernement

Les deux longues années de pandémie ont amené le gouvernement a déployé "le quoi qu'il en coûte" pour limiter la perte de revenus des entreprises et des ménages en France. Résultat, la dette publique a atteint 113% du produit intérieur brut (PIB) tricolore à la fin de l'année 2021. Lors de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis de revenir en dessous du seuil de 3% de déficit d'ici 2027 mais la voie pour y parvenir semble très étroite.

Pour les semaines à venir, l'exécutif planche sur un budget rectificatif qui doit inclure le plan de soutien au pouvoir d'achat et devra enchaîner par le projet de loi de finances 2023 présenté à la rentrée. Dans le même temps, le chef de l'Etat a promis des baisses d'impôt pour les entreprises et les ménages. Avec une croissance fortement révisée à la baisse par la plupart des instituts de prévision, le rééquilibrage des comptes publics promis par le président pourrait virer au casse-tête.

Lire aussi 3 mnLes dépenses pour soutenir le pouvoir d'achat n'empêcheront pas de tenir les engagements sur la baisse de la dette publique et la réduction des déficits (Le Maire)

Grégoire Normand
Commentaires 14
à écrit le 30/05/2022 à 11:35
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@CitoyenDrogué La légalisation ne rendra pas moins attratif le trafic de drogue défiscalisé au pied des tours des cités et pire encore elle banalisera sa consommation par une population dont les résultats scolaires sont de plus en plus médiocres (cf....

à écrit le 28/05/2022 à 9:43
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Les quoi qu'il en coute se suivent et s'accumulent, le réveil va être brutal quand on touchera le sol, mais jusqu'ici, tout va bien. Hôpitaux, enseignement, police, justice, avec le record du monde des prélèvements obligatoires on se demande où passe...

le 28/05/2022 à 13:19
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Ou va le pognon ? Dans les dédoublements des postes en région. Département , communautés d agglomération …Dans les hôtels de région, les comités bidules du personnel politique local qui peut y casser femme et enfant … les médiathèques bidons pour cli...

le 28/05/2022 à 13:20
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Ou va le pognon ? Dans les dédoublements des postes publics / privé en région. Département , communautés d agglomération …Dans les hôtels de région, les comités bidules du personnel politique local qui peut y caser femme et enfant … les médiathèque...

le 28/05/2022 à 16:21
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6 millions de fonctionnaires travaillant moins que dans le privé tout en partant avant tout le monde avec une retraite basée sur les derniers 6 mois de salaire, un système social hypertrophié pour une redistribution record du monde, des dépenses publ...

le 30/05/2022 à 15:21
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Les fonctionnaires des services hospitaliers payés au lance-pierre apprécieront votre commentaire ! Les enseignants certifiés, titulaire d'un bac+5 qui touche guère plus de 2000€ de retraite en partant à 62 ans aussi ! Tout se que vous énumérez relèv...

à écrit le 27/05/2022 à 21:19
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Rien ne se perd, rien ne se crée. S'il y a bien une chose pour laquelle le gouvernement ne peut et ne doit rien faire, c'est le pouvoir d'achat

à écrit le 27/05/2022 à 18:33
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On nous parle que de celã depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine , mais quand je vois le trafic routier de ce week end, la cohue dans les gares et les aéroports je me dis les loisirs ont pris le pas sur le travail et la production et qu un ...

le 27/05/2022 à 20:43
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Vous avez parfaitement raison

le 28/05/2022 à 9:10
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Vous êtes au courant que ce sont des machines qui produisent, pas des êtres humains? Notre production dépend de notre approvisionnement énergétique qui est sous tension actuellement. Donc produire plus quand on n'a pas plus d'énergie n'est pas rentab...

le 28/05/2022 à 9:45
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Naturellement, vous travaillez comme un forçat, ne prenez jamais de congés, ni personne dans votre entourage. Et bien entendu tous ces gens sont responsables du foutoir mondial actuel. C'est reposant d'avoir des certitudes au fond de son fauteuil.

à écrit le 27/05/2022 à 18:08
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Baisser un peu son train de vie et se retrousser les manches en France n'est jamais une option. On laissera cette solution comme option unique à la génération suivante

le 30/05/2022 à 11:26
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Ne prennez pas votre cas pour une généralité

à écrit le 27/05/2022 à 15:44
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Si je comprend bien, on nous accorde, en quelque sorte, un crédit consommateur que l'on devra rembourser, avec intérêt, au grand profit des intermédiaires et accessoirement a certain producteurs!

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