La France compte aujourd'hui 16,7 millions de retraités. Les propositions des deux finalistes constituent élément de distinction très fort de leurs programmes.
Les deux finalistes pour une réindexation des pensions sur l'inflation
Marine Le Pen et Emmanuel Macron veulent tous les deux rendre du pouvoir d'achat aux retraités. Leur première mesure sera donc d'indexer - pleinement- les retraites sur l'inflation, laquelle doit atteindre cette année 4,5% en mars, un niveau jamais observé depuis 1985. S'il est réélu, Emmanuel Macron s'est engagé à mettre en place cette mesure dès cet été, et non pas en janvier prochain, pour éviter que les retraités ne subissent un décalage de temps. Quant au niveau de cette réindexation, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, soutien du président sortant, a précisé qu'il s'agira d'une réindexation exceptionnelle à hauteur de 4,5 % pour tenir compte de l'inflation actuelle. Le ministre a aussi mentionné la nécessité de ne pas se contenter de cette décision d'urgence, convaincu "qu'il faudra aussi ouvrir une réflexion plus globale".
L'âge de départ, point clivant entre les deux finalistes
Mais, pour les retraités, la question du maintien du niveau de leur pension est posée. C'est ainsi qu'Emmanuel Macron justifie sa réforme des retraites et le décalage progressif de l'âge légal de 62 à 64 ans au moins, selon les discussions, alors que dans son programme, il mettait le curseur à 65 ans. Dès le lendemain du premier tour, il s'est dit prêt à amender son projet initial : "65 ans n'est pas un dogme". Un assouplissement en direction des électeurs de gauche.
Emmanuel Macron veut également proposer un cumul emploi-retraite plus avantageux et plus simple.
Pour Marine le Pen, en revanche, pas question de repousser l'âge de départ. Au contraire. Elle envisage un départ à 60 ans pour les salariés qui ont démarré entre 17 et 20 ans, puis des départs progressifs en fonction de l'âge de l'entrée sur le marché du travail. Quant au financement des pensions (et pour combler les déficits), elle mise surtout sur la chasse à la fraude sociale pour faire entrer de l'argent dans les caisses.
Concernant le montant des pensions cette fois, Emmanuel Macron porte la retraite minimale à 1.100 euros, pour une carrière complète, quand Marine Le Pen envisage un minimum à 1.000 euros. Pour rappel, aujourd'hui, la pension moyenne brute s'élève à 1.500 euros brut mensuels.
Autre point de clivage, le minimum vieillesse
La candidate du Rassemblement national entend réserver - comme les autres aides sociales- un minimum vieillesse aux nationaux. Il fera l'objet d'une revalorisation annuelle au moins égale à celle de l'inflation.
Dans le secteur privé, Marine Le Pen relève aussi le plafond à partir duquel est accordée la pension de réversion au conjoint de la personne décédée. Aujourd'hui fixé à 18.720 euros par an, il sera rehaussé à 30.000 euros. Elle réinstaure par ailleurs la demi-part fiscale dans l'impôt sur le revenu pour les veuves et les veufs.
Pas de changement du côté d'Emmanuel Macron en la matière.
Un point de convergence : alléger les transmissions
Enfin, il est un sujet sur lequel Emmanuel Macron et Marine Le Pen se rejoignent : l'encouragement à la transmission de patrimoine, en allégeant les successions familiales.
Le président sortant souhaite augmenter l'abattement sur les successions en ligne directe en le passant de 100.000 à 150.000 euros. Selon lui, "il y a une impossibilité de transmettre le fruit de leur travail à un neveu ou une nièce, à l'enfant de leur conjoint , à leur petit enfant". Aussi, veut-il élargir le régime des héritiers en ligne directe aux enfants des conjoints.
Marine Le Pen suggère, elle, de défiscaliser les donations familiales jusqu'à 100.000 euros tous les 10 ans - contre 15 ans aujourd'hui. Et ce, selon elle, pour lutter contre "l'appauvrissement de certaines catégories d'âge ; les moyens se concentrent en réalité bien souvent chez les personnes âgées, qui n'ont pas la capacité de pouvoir aider leurs enfants et leurs petits enfants". Elle souhaite aussi supprimer les droits de succession sur les biens immobiliers inférieurs à 300 000 euros.