Réforme des retraites : les bureaux de Blackrock et Natixis envahis par des manifestants

La 11e journée de mobilisation a été l’occasion pour les manifestants de montrer leur aversion pour les banques et la finance. Des cheminots ont occupé pendant une vingtaine de minutes le hall de l’immeuble parisien où est présente la société Blackrock quand l’ONG Attac s’est installée pendant deux heures le hall du siège de la banque Natixis. En dehors de ces actions, des lycées et des universités ont été bloqués et les syndicats envisagent de nouvelles journées de mobilisation « mardi ou jeudi » prochain.
Des membres de l'ONG Attac ont organisé un sit in au sein des locaux de Natixis pendant deux heures ce jeudi matin.
Des membres de l'ONG Attac ont organisé un sit in au sein des locaux de Natixis pendant deux heures ce jeudi matin. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Le gouvernement n'est pas le seul à être la cible de la vindicte des manifestants contre la réforme des retraites. A l'occasion de la 11e journée de mobilisation, ce jeudi 6 avril, des cheminots en grève ont envahi pendant une vingtaine de minutes jeudi l'ancien siège du Crédit Lyonnais à Paris, le bâtiment historique Centorial logeant notamment aujourd'hui Blackrock, avec force fumigènes et sifflets.

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Des slogans anti-capitalistes et contre la réforme

« On est là ! » ont chanté les militants SUD-Rail et CGT dans le hall de l'immense immeuble dans le 2e arrondissement de la capitale, choisi parce qu'il symbolise selon eux les banques et la richesse. Les manifestants qui ont envahi le bâtiment ont entamé des chants ciblant directement BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, avant de reprendre en coeur « Anti, anti-capitalistes » au milieu de la fumée générée par les fumigènes. « Il n'y a qu'une seule issue: c'est le retrait de la loi, c'est la victoire ! » a lancé Fabien Villedieu, délégué syndical Sud-Rail, entouré de manifestants. Ils étaient partis d'une assemblée générale à la gare de Lyon à l'occasion de la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites.

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Entrés vers midi sans obstacle ni violence, les manifestants en sont ressortis vers 12h20, poursuivant leur manifestation dans le centre de Paris, sous le regard étonné ou amusé des passants. Il ne semblait y avoir eu aucune dégradation, selon un journaliste de l'AFP sur place. Les policiers sont arrivés peu après.

Natixis aussi occupé, par l'ONG Attac

Dans la matinée, la banque Natixis, filiale de Banque Populaire Caisse d'Epargne (BPCE), a aussi été la cible de militants. L'ONG altermondialiste Attac a occupé pendant deux heures le hall du siège de l'entreprise situé dans le 13e arrondissement de Paris, selon des publications sur Twitter de l'ONG.

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Les militants arboraient une banderole « la fraude fiscale nuit gravement à nos retraites ». Natixis et quatre autres banques font l'objet d'une enquête du parquet national financier (PNF) pour des soupçons de fraude fiscale.

Blocus dans les lycées et les universités

Toujours ce matin, des blocages de lycées et de sites universitaires ont à nouveau eu lieu à Lyon, Rennes, Lille ou Paris, dont celui du site historique de la Sorbonne. A Paris, des actions ont été menées devant plusieurs sites universitaires, dont le centre de la Sorbonne de Paris 1, dans le Quartier latin, où un amas de poubelles et vélos bloquait l'accès à plusieurs entrées, a constaté une journaliste de l'AFP. L'université a informé les étudiants que les cours en présentiel sur ce site ne pourraient pas « se dérouler normalement ».

Devant l'université de droit d'Assas, bloquée pour la deuxième fois depuis le début du mouvement, quelques étudiants étaient rassemblés devant des banderoles "Grand établissement culte de l'argent" et "Etudiants en lutte Assas antifa".

Baisse de mobilisation chez les enseignants

La mobilisation faiblit en revanche chez les enseignants. Quelque 8% d'enseignants se sont mis en grève ce jeudi a indiqué le ministère de l'Education jeudi dans un communiqué. Dans le détail, 7,97% d'enseignants étaient grévistes, dont 7,87% dans le primaire et 8,06% dans le secondaire, selon le ministère. C'est en deçà des chiffres du Snuipp-FSU, premier syndicat dans les écoles maternelles et élémentaires, qui avait estimé mercredi « qu'autour de 20%" »des enseignants du premier degré seraient en grève jeudi.Du côté des collèges et des lycées, le premier syndicat Snes-FSU comptait jeudi midi « entre 20% et 25% de professeurs grévistes », selon sa secrétaire générale Sophie Vénétitay.

« On sent que ça devient de plus en plus compliqué de faire grève pour les collègues (car) les retraits de salaire commencent à peser », a expliqué mercredi 5 avril à l'AFP la secrétaire générale du Snuipp-FSU, Guislaine David.

Une nouvelle journée de mobilisation « mardi ou jeudi »

Mais cette journée ne devrait pas être la dernière face à la « profonde colère » contre la réforme des retraites a affirmé jeudi la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, avant la manifestation parisienne, affirmant que le gouvernement « fait comme si de rien n'était et vit dans une réalité parallèle ». « Il n'y a pas d'autre issue que le retrait de cette réforme », a-t-elle martelé, dénonçant un « gouvernement bunkerisé » et en « rupture vis-à-vis du pays ». « Leur capacité à diriger le pays est remise en cause », a-t-elle insisté, affirmant que « la mobilisation continuera sous une forme ou une autre » après cette onzième journée à l'appel de l'intersyndicale.

Une nouvelle date est envisagée « mardi ou jeudi », a précisé à ses côtés le président de la CFTC Cyril Chabanier, qui penche pour la deuxième option. « Ce serait symboliquement fort à la veille de la décision du Conseil constitutionnel », attendue le 14 avril, a-t-il dit. Ce calendrier ne serait « pas totalement idiot », a glissé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, observant que « la contestation est toujours aussi forte » même si les chiffres de participation du jour ne sont « pas les plus importants depuis le début » du mouvement social.

Redoutant « une catastrophe démocratique », il a appelé l'exécutif à « entendre ce qui s'exprime dans la rue », tout en assurant que son syndicat « reconnaîtrait » la sentence du Conseil constitutionnel, "qu'elle nous plaise ou pas", a-t-il dit, car il n'est « pas question de contester la légitimité » de cette institution. A défaut d'une censure du projet de loi, un feu vert au référendum d'initiative partagée sur les retraites « peut nous permettre d'entretenir la flamme », a espéré Benoît Teste (FSU). « On reste dans une dynamique positive », a estimé Murielle Guilbert (Solidaires), souhaitant « multiplier les formes de mobilisation ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 06/04/2023 à 18:51
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Il faudrait rappeler à ces idéologues de bas étage que Natixis ou Black Rock ne gèrent pas nos pensions; Par contre Black Rock gère bien les fonds de pension Anglo Saxons en achetant les actions des sociétés Françaises et donc les retraités étranger...

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