Elisabeth Borne remanie le gouvernement : tout ce qu'il faut savoir

Plusieurs fois repoussé, le remaniement a été annoncé ce jeudi. Loin d'un grand chambardement, il consiste en des « ajustements » gouvernementaux qui pourraient néanmoins n'être qu'un prélude à un remaniement plus large à plus long terme.
Le 19 juillet 2022, Thomas Cazenave avait été élu président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation.
Le 19 juillet 2022, Thomas Cazenave avait été élu président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation. (Crédits : DR)

Des changements à la tête de deux ministères-clés, mais un remaniement assez limité : l'Elysée a dévoilé jeudi la nouvelle équipe gouvernementale, avec la promotion de Gabriel Attal à l'Education et une surprise, l'arrivée à la Santé d'Aurélien Rousseau, l'ex-bras droit d'Elisabeth Borne.

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Bruno Le Maire à l'Economie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Sébastien Lecornu à la Défense, Olivier Dussopt au Travail, Christope Béchu à la Transition écologique et même Olivier Véran, un temps donné partant, comme porte-parole du gouvernement : les poids lourds restent à leur poste à l'issue de ce remaniement présenté comme « technique » par l'entourage d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat, qui s'est résolu à se séparer des principales figures issues de la société civile et dont le bilan était mitigé, va réunir vendredi un gouvernement aussi pléthorique qu'il l'était jusqu'ici, avec 41 membres au total, 21 femmes et 20 hommes.

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Il doit s'adresser aux Français d'ici dimanche pour clore les « cent jours » qu'il s'était donné mi-avril pour tourner la page de la crise des retraites. La réponse de fond aux émeutes urbaines de fin juin attendra, elle, la rentrée. Ministres et conseillers décrivaient depuis lundi une bataille feutrée entre Elisabeth Borne, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et Emmanuel Macron, qui voulait conserver la cartouche d'un grand chambardement pour des temps plus difficiles.

L'entourage du chef de l'Etat affirme que « sur chacun de ces portefeuilles il s'agit soit d'avoir une incarnation plus forte, soit une capacité à mettre en œuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité ».

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Deuxième ajustement ?

« Elle redonne du souffle et s'entoure d'alliés », tandis que lui se garde « l'opportunité d'un deuxième ajustement pour la campagne des européennes », ajoute un cadre du camp présidentiel.

Mais selon Céline Bracq, de l'institut de sondages Odoxa, « en termes d'opinion, ce résultat sera soit neutre soit négatif ». « Les Français souhaitaient un remaniement d'ampleur avec un changement de Premier ministre et des ministres impopulaires qui seraient sortis du gouvernement », dit-elle à l'AFP.

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Mercredi soir, devant les parlementaires de son camp, Emmanuel Macron a fixé à son camp la feuille de route de la rentrée: « innover » pour répondre aux émeutes, « inventer une écologie de progrès et de solutions » et se saisir du sujet explosif de l'immigration pour ne pas laisser « les extrêmes se nourrir ».

Or le gouvernement ne dispose toujours pas d'une majorité absolue à l'Assemblée. Après l'épreuve du feu des retraites, Elisabeth Borne va de nouveau batailler à coups de « 49.3 » pour faire adopter le budget 2024 face à des oppositions déterminées à en découdre.

Le remaniement n'a d'ailleurs pas permis d'élargir la majorité à certains membres du parti Les Républicains, qui avait mis en garde contre les « débauchages individuels ». « Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées », s'est réjoui le président des députés LR Olivier Marleix sur BFMTV, estimant que le nouveau casting n'allait pas « bouleverser » la « vie politique française ».

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Un gouvernement qui conserve son architecture globale

Les nouvelles têtes

Surprise de ce remaniement : Aurélien Rousseau, l'ancien directeur de cabinet d'Elisabeth Borne à Matignon, prend la tête du ministère de la Santé.

Cette nomination marque une double victoire pour la Première ministre : celle d'imposer un proche à cette fonction stratégique, la Santé étant fléchée comme l'un des sujets prioritaires du quinquennat, mais aussi d'avoir su convaincre le président de la République de se séparer de l'ancien titulaire du poste, l'urgentiste François Braun.

L' « ajustement » gouvernemental fait par ailleurs la part belle aux élus, sans puiser de nouvelles figures issues de la société civile.

La députée Renaissance Aurore Bergé remplace Jean-Christophe Combe au ministère des Solidarités; le député MoDem Philippe Vigier obtient le portefeuille des Outre-mer à la place de Jean-François Carenco; le député Renaissance Thomas Cazenave récupère les Comptes publics.

La députée Renaissance Sabrina Agresti-Roubache et le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, sont respectivement nommés à la Ville et au Logement, des attributions qui revenaient jusqu'alors à Olivier Klein, qui quitte le gouvernement.

Prisca Thevenot, jusqu'alors porte-parole des députés Renaissance, récupère le secrétariat d'Etat en charge du Service national universel.

La députée Fadila Khattabi remplace Geneviève Darrieussecq aux Personnes handicapées.

Le promu

Déjà benjamin du gouvernement, désormais plus jeune ministre de l'Education nationale de la Ve République: Gabriel Attal apparaît comme le major de cette nouvelle promotion, et poursuit une ascension entamée en 2018 avec un modeste secrétariat d'Etat à la Jeunesse, avant le porte-parolat puis les Comptes publics.

Celui qui se retrouve à la tête du plus gros budget de l'Etat échappe par la même occasion à un casse-tête annoncé : l'examen du budget 2024 cet automne au Parlement, promis électrique, auquel devra se frotter son successeur Thomas Cazenave.

Les chaises musicales

Sarah El Haïry, qui laisse le dossier du SNU à Prisca Thevenot, récupère le portefeuille de la Biodiversité qui appartenait jusqu'alors à Bérangère Couillard.

Cette dernière reprend l'Egalité femmes-hommes, à la place d'Isabelle Rome, débarquée du gouvernement.

Les piliers restent en place

Eric Dupond-Moretti à la Justice, Bruno Le Maire à l'Economie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Olivier Dussopt au Travail... Les poids-lourds du gouvernement restent en place et en poste, de même que Christophe Béchu à la Transition écologique, Sébastien Lecornu aux Armées, Catherine Colonna aux Affaires étrangères, Rima Abdul-Malak à la Culture, Marc Fesneau à l'Agriculture ou Clément Beaune aux Transports.

Ceux qui ont sauvé leur tête in extremis

Plusieurs personnalités un temps annoncées partantes ont finalement survécu à ce remaniement qu'Emmanuel Macron voulait circonscrit, quand sa Première ministre plaidait pour un souffle régénérateur davantage marqué.

Ainsi, Olivier Véran s'occupe toujours du porte-parolat, Franck Riester conserve les Relations avec le Parlement et Agnès Firmin Le Bodo demeure chargée de l'Organisation territoriale et des professions de santé. De même, Sonia Backès reste à la Citoyenneté.

Ceux qui partent

Outre Pap Ndiaye, François Braun, Jean-François Carenco, Jean-Christophe Combe, Olivier Klein, Isabelle Rome et Geneviève Darrieussecq, Marlène Schiappa quitte également le gouvernement, après six ans de fonctions exécutives.

Celle qui avait pris la tête du secrétariat d'État chargé de l'Economie sociale et solidaire et de la vie associative, qui se revendiquait comme un "électron libre", paie notamment sa gestion contestée du Fonds Marianne.

Commentaires 22
à écrit le 21/07/2023 à 10:08
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Qu'est-ce que la Société Civile? Il y a la Clique Politique, les Militaires qui, les uns et les autres, ont un rôle bien affirmé. J'ai l'impression que, ne faisant pas partie des uns ou des autres, nous restons la Plèbe qui n'a jamais son mot à dire;...

à écrit le 20/07/2023 à 21:59
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ils sont merveilleux nos politiques ..... ils peuvent tout faire ....sauf gagner leur vie en produisant ....

à écrit le 20/07/2023 à 17:37
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La France a besoin d'hommes d'État à la fois expérimentés et au service d'une vision pour la France et les français supposant un engagement et un sens des responsabilités sans faille. Ce nouveau gouvernement pas plus que les précédents n'a rien des d...

le 22/07/2023 à 13:57
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De tout temps les visionnaires ont finis raccourcis, quelque soit le type de décisionnaires la seul chose qu'ils mettent en place est la réductions de nos avantages jusqu'à ce que le peuple se révolte et coupe la tête des dirigeants (comme les rois d...

à écrit le 20/07/2023 à 17:17
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Sortent tous du même moule, complètement interchangeables, comme Marianne je me retourne pour pleurer..

à écrit le 20/07/2023 à 17:06
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"Aurélien Rousseau à la Santé" Le socialiste de 47 ans est aussi le mari de Marguerite Cazeneuve, ancienne conseillère sociale de l’Élysée et de Matignon, aujourd'hui numéro deux de l’assurance-maladie. Marguerite Cazeneuve travaille près d'un an ...

à écrit le 20/07/2023 à 12:41
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Pour mes amis et mes ennemis, je vous rassure: je ne ferai pas partie des heu-mal-reux élus; et c'est bien dommage pour nous tous; j'envisageais de mettre nos députés au SMIC, aux frais réels limités avec suppression du régime de retraite; j'aurais m...

à écrit le 20/07/2023 à 12:01
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Quand le président d'un club, l'entraîneur et l'arbitre sont des brêles, l'équipe suit inévitablement le mouvement même en reconsidérant les joueurs. Avec le même résultat final. CQFD.

le 20/07/2023 à 13:21
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les privilégiés de la république ! ce qu ils vous coûtent vraiment ? avec ou sans résultat !

à écrit le 20/07/2023 à 11:25
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Attal ministre de l'education ! Il est donc possible de continuer de creuser plus profond. Pauvre France.

le 20/07/2023 à 15:39
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Il en a toutes les compétences. Il a déjà travaillé dans cette administration.

le 20/07/2023 à 17:35
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Gabriel Attal fera comme Pap Ndiaye aucune illusion.Gabriel Attal fait parti aussi des membres du très sélect club des YGL ( Young Global Leaders),comme Macron d'ailleurs qui se revendique comme " un réseau de jeunes leaders capables de participer à ...

à écrit le 20/07/2023 à 10:03
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Quand la constitution interdira-t-elle la nomination au gouvernement d'ex-fonctionnaires pour éviter les connivences et conflit d'intérêts ? L'administration, qui avait déjà d'énormes pouvoirs, contrôle aujourd'hui l'exécutif, ce qui devrait être imp...

le 20/07/2023 à 12:04
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Oui, mais possible au sein d'une république...bananière!

à écrit le 20/07/2023 à 9:27
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Qu'il est dur de décider, pourtant c'est le rôle du chef... Au fait qui dirige la France?

le 20/07/2023 à 11:23
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Qui controle micron ? Mais Mac Kinsey. L'ignoriez-vous ? Tout se decide a Washington.

le 20/07/2023 à 12:15
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Qui dirige la France? Il faudrait pouvoir poser la question à Théodore Géricault, lui qui a peint le radeau de la Méduse.

à écrit le 20/07/2023 à 8:14
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avec une augmentation du prix de l'electricite en cachette et lachete au mois d'aout alors que les prix baisse en europe la rentre apres les 49.3 risque d'etre fort desagreable aux gouvernement

le 20/07/2023 à 15:42
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Le bouclier tarifaire coûte plusieurs dizaines de milliards financés par de la dette. Vous proposez quoi à la place ? augmenter les impôts ?

le 20/07/2023 à 20:11
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@marc469. Il n'y a rien dans les traités qui oblige à être dans le marché de l'électricité européen. Par conséquent, nous pouvons partir à tout moment !!!

à écrit le 20/07/2023 à 8:05
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La seule question qui se posait, mises à part les évidences -sortir les Ministres qui n’ont rien à faire au gouvernement, aucune compétence et clivants- le remplacement du Ministre de la Dépense Publique et de la Dette pour le remplacer par un Minist...

à écrit le 20/07/2023 à 8:01
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Le suspens de nos médias de masse et pourtant qui s'étonnent et s'affolent quand même qu'on s'informe de moins en moins auprès d'eux ! LOL !

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