L'ambitieux monsieur Attal séduit et divise la macronie de 2017

POLITISCOPE. Et si c'était lui ? Le jeune ministre du budget et des comptes publics et ancien porte-parole médiatique d'Emmanuel Macron fait fantasmer un parti en manque de leadership. Celui qui aura 39 ans dans 5 ans peut-il s'imposer dans la course à la succession pour l'Elysée. Certains le pensent, et tous ne comptent pas forcément parmi ses plus fervents soutiens. Alors, Attal 2027 ou Attal 2032 ?
Marc Endeweld
(Crédits : Reuters)

En macronie, c'est l'homme qui monte en puissance : Gabriel Attal, ministre délégué aux Comptes Publics. En première ligne sur le dossier des retraites, tant à l'Assemblée Nationale que dans les médias, ce jeune ambitieux de 33 ans ne laisse rien au hasard et multiplie les interventions sur tous les terrains. Dans l'hémicycle, son discours du 6 février, dans lequel il a dépeint l'opposition de gauche en « parti d'imposition », a été remarqué par de nombreux marcheurs en manque de leadership.

Sur twitter, plusieurs comptes, notamment certains hérités de la « team riposte » des précédentes campagnes électorales, s'en sont donnés à coeur joie pour soutenir le jeune ministre. « Dans cette médiocrité ambiante, nous avons la chance d'avoir un tel talent ! », twitte ainsi Léa. Quelques jours plus tôt, toujours sur twitter, Dorelle s'amusait à filer la comparaison avec un certain Emmanuel Macron : « Gabriel Attal :  aura 39 ans dans 5 ans=) Comme un certain Emmanuel Macron. Il est ministre du budget=) Comme un certain E.M.  Il est l'un des ministres pref du président=) comme un certain E.M ». De son coté, l'ancien journaliste Thierry de Cabarrus salue le « sniper du gouvernement », tandis que son « collègue » Jérôme Godefroy s'extasie : « La star de ce pénible débat restera @GabrielAttal ».

La « star » Attal, présidentiable ?

Après le « débat » à l'Assemblée sur les retraites, la « star » Attal a enchaîné cette semaine sur le dossier de la fraude fiscale avant de s'envoler pour les États-Unis jusqu'à début mars. À peine était-il arrivé qu'il participait à une émission de débat politique sur MSNBC à propos de la guerre en Ukraine. Sur la plateau, « Gaby » est à l'aise, déclamant un anglais fluent façon Sciences Po pour décrypter la politique des Européens vis-à-vis de Volodymyr Zelensky. On est bien loin des questions budgétaires que le ministre est censé porter... Au programme également de cette visite nord-américaine à Washington et New-York : rencontre avec des think tanks et autres relais d'opinion. Bref, Gabriel Attal « réseaute » à fond et tente de prendre de l'épaisseur. Car, selon plusieurs sources, ses ambitions à venir sont importantes : « Il souhaite ravir la mairie de Paris en 2026 et rêve même de réitérer l'exploit d'Emmanuel Macron, c'est-à-dire entrer à l'Elysée autour de la quarantaine », souffle un confident du premier cercle élyséen.

Gabriel Attal, présidentiable ? « Dès 2027 ou pour 2032 ? », se demande ainsi un conseiller du gouvernement. En macronie, son nom tourne en tout cas de plus en plus parmi les futurs candidats possibles. Au point qu'Emmanuel Macron, lui-même, en prend ombrage : « le président commence à être irrité par l'activisme de son jeune ministre », flingue un fidèle parmi les fidèles. Résultat, dans 20 minutes cette semaine qui lui consacre un article, Gabriel Attal tente de réaffirmer sa loyauté envers le président : « Je ne prépare pas de campagne, pas de candidature », assure ainsi celui qui « [s']interdit de [se] poser la question ».

Reste qu'au sein de la macronie, ils sont de plus en plus nombreux à penser à lui pour l'avenir. Ainsi, à l'Assemblée Nationale, le jeune ministre dispose d'une alliée de poids en la personne d'Aurore Bergé, la patronne du groupe Renaissance. Entre ces deux-là, « les Underwood du palais Bourbon », comme les surnomme un ancien macroniste, la proximité ne s'est jamais démentie : « Entre eux, ils s'appellent "petit frère" et "petite soeur" », ajoute ma source. Aurore Bergé vote Gabriel Attal, mais aussi Sylvain Maillard, vice-président du groupe Renaissance. D'autres regardent aussi d'un bon oeil le récent parcours du ministre délégué aux Comptes Publics, comme Sacha Houlié, président de la commission des lois et co-fondateur des « Jeunes avec Macron », alors qu'il s'était rudement affronté à lui lors du premier quinquennat (les deux ambitieux avaient alors des vues sur la présidence du groupe à l'Assemblée).

On l'a déjà écrit, mais dans l'entourage présidentiel, cette petite musique qui monte autour de Gabriel Attal n'est pas forcément du goût de tout le monde. Certains qui espèrent le retour d'Emmanuel Macron dès 2032 pour un troisième mandat craignent que Gabriel réussisse à « tuer le père ». Parmi ces plus fidèles et loyaux, il est hors de question de tourner la page aussi vite, il est tabou d'évoquer la fin politique d'Emmanuel Macron après ce second quinquennat. En coulisses, les anciens conseillers élyséens Jonathan Guémas et Clément Léonarduzzi, de retour à Publicis, continuent ainsi de soutenir le président. Pour cette catégorie de macronistes, personne ne peut réellement remplacer leur champion « disruptif » de 2017. À l'Elysée pourtant, d'autres sont séduits et tentés par l'énergie du ministre délégué aux Comptes Publics : « Il est très bien Gabriel ! » s'exclame ainsi un très proche de Brigitte Macron.

C'est que Gabriel Attal profite de la montée des critiques dans la macronie à l'égard d'Alexis Kohler, l'inamovible secrétaire général de l'Elysée. Ainsi, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée Nationale, n'a toujours pas digéré de ne pas avoir été soutenue par « Château » dans sa conquête du perchoir, et pourrait se laisser tenter par Gabriel Attal, comme l'analyse « Jacques Sisteron », cet ancien de l'équipe de campagne de 2017 : « Certes, elle a aussi des ambitions personnelles pour la suite (c'est ainsi que son conseiller Xavier Chinaud, un ancien de Matignon, s'occupe de trouver des points de chute aux députés du premier quinquennat défaits en juin), mais elle a un point commun avec Aurore Bergé, elle aussi élue des Yvelines : toutes les deux n'ont pas été souhaitées à leur poste par l'Élysée et ça peut créer des accointances de circonstance dont pourrait profiter Gabriel ».

D'autant qu'à l'Elysée, Alexis Kohler a choisi Édouard Philippe pour la suite des événements. Le maire du Havre, qui a fait son retour médiatique ces derniers jours, a d'ailleurs été le premier en octobre dernier à publier un message de soutien au secrétaire général de l'Élysée quand a été rendue publique la mise en examen de ce dernier pour « prise illégale d'intérêt » dans le dossier MSC. Les deux hommes s'apprécient et se connaissent de longue date, et ce, bien avant Emmanuel Macron (Alexis Kohler fut  représentant de l'État au conseil d'administration du port du Havre).

Ces deux « technos », parfaits représentants de la technostructure, aiment se rappeler les débuts du premier quinquennat. À l'époque, leurs vues étaient souvent semblables, et ils se retrouvaient à tomber d'accord sur de nombreux dossiers, accompagnés alors du secrétaire général du gouvernement de l'époque, Marc Guillaume, et du directeur de cabinet de Matignon d'alors, Benoît Ribadeau-Dumas. Cette « bande des quatre » avaient alors l'habitude de calmer les ardeurs de l'impétueux monsieur Macron. Pourtant, leur pouvoir sans partage leur a attiré de nombreux ennemis tant dans la macronie que dans le Petit Paris. « C'est injuste pour Édouard Philippe, il était beau, grand, il avait la gueule d'un homme d'État, mais maintenant, avec sa maladie qui se traduit par une perte de cheveux, on va le voir se rabougrir. Politiquement, cela va lui être fatal, il ne sera jamais président », cingle un conseiller du soir d'Emmanuel Macron.

Forcément, dans notre monde de la politique spectacle et des apparences, la jeunesse, la gueule d'ange et l'éloquence de Gabriel Attal sont peut être ses meilleures cartes. À moins que les Français ne se laissent pas séduire une seconde fois aussi facilement par un autre jeune premier et lui préfèrent pour les prochaines années un papy Joe Biden.

Marc Endeweld.

Marc Endeweld
Commentaires 16
à écrit le 27/02/2023 à 0:43
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Le mignon de micron se voit deja en haut de l'affiche. Il n'y parviendra pas.

à écrit le 26/02/2023 à 11:04
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Trop technocrate et gamin donneur de leçons, pas d'empathie dans la relation avec les gens et donc aucune chance d'être élu président à ce stade. La Macronie boira le bouillon aux prochaines élections et c'est pas, la fracture faite par la réforme ...

à écrit le 26/02/2023 à 6:43
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Les jeunes parvenus, soit disant brillants alors que ce sont juste des fils à papa, ça suffit. On a assez donné avec le Mozart de la finance. Dette colossale, insécurité endémique, etc...

à écrit le 25/02/2023 à 23:47
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Pas envie d ´ un énieme gosse de riche - fils à papa, trop caricatural, trop clivant, trop entresoit…. Sa sexualité je m en tape, ce qui m’importe c est son terreau social d’origine , son parcours, ses réussites Son savoir faire comme federer, conv...

à écrit le 25/02/2023 à 23:47
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Pas envie d ´ un énieme gosse de riche - fils à papa, trop caricatural, trop clivant, trop entresoit…. Sa sexualité je m en tape, ce qui m’importe c est son terreau social d’origine , son parcours, ses réussites Son savoir faire comme federer, conv...

à écrit le 25/02/2023 à 23:45
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Pas envie d ´ un énorme gosse de riche - fils à papa, trop caricatural, trop clivant, trop entresoit…. Sa sexualité je m en tape, ce qui m’importe c est son train d’origine son parcours … je préférai un fils d ouvrier ayant réussi qu un fils à papa ...

à écrit le 25/02/2023 à 23:45
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Pas envie d ´ un énorme gosse de riche - fils à papa, trop caricatural, trop clivant, trop entresoit…. Sa sexualité je m en tape, ce qui m’importe c est son train d’origine son parcours … je préférai un fils d ouvrier ayant réussi qu un fils à papa ...

à écrit le 25/02/2023 à 20:51
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Ambitieux et agité comme tous les incultes. Attal, porte-parole du gouvernement Macron : "Je veux rappeler aussi que depuis 2014 et le début de ce conflit militaire, la France a été le 1er fournisseur d'armes en direction de l'Ukraine." ...

le 25/02/2023 à 21:01
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Il fait pas trop froid à Moscou ?

le 26/02/2023 à 23:44
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@Pedro Attal Twitter 12-13 PM- Apr 18, 2022 Quand on vous dit que c' est accablant pour le freluquet, il faut nous croire sur ..parole..

à écrit le 25/02/2023 à 11:54
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 25/02/2023 à 11:24
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Ca serait quand même mieux d'avoir un président qui a des enfants, l'expérience Macron n'a pas été très bonne

le 25/02/2023 à 15:07
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??? Sinon on peut élire une femme, un trans, un noir, un arabe, un chinois, un aveugle, un pauvre, ... Ce sont toutes des catégories qui n'ont rien à voir avec une potentielle compétence ou probité, mais elles n'ont pas été testées ... Perso, je préf...

le 27/02/2023 à 13:03
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"Ça serait quand même mieux d'avoir un président qui a des enfants" Avec Stéphane Séjourné pas évident à moins d'adopter.

à écrit le 25/02/2023 à 10:24
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Et voilà a nouveau le médiatique qui veut construire "l'homme nouveau" pour nous l'imposer à la forme McKron and Co ! ;-)

à écrit le 25/02/2023 à 9:44
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Personnellement, je préfèrerait un président hétérosexuel, je pense qu'il serait plus à même de défendre notre pays. Déjà qu'on a eu Macron ...

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