Vers de nouvelles restrictions ? Emmanuel Macron face au risque sanitaire et économique

En pleine "deuxième vague" du Covid-19, Emmanuel Macron s'adresse aux Français mercredi soir pour leur demander un véritable changement de comportement et sans doute annoncer des mesures plus strictes dans des grandes villes.
(Crédits : POOL)

Nouvelles restrictions ciblées, voire couvre-feu local: le chef de l'Etat doit encore trancher entre les différentes options qui ont été examinées mardi matin au cours d'un conseil de défense sanitaire à l'Elysée. Si de nouvelles décisions sont prises, celles-ci seront annoncées lors d'une interview mercredi à 19H55 sur les deux premières chaînes.

Il s'agit de sa première longue intervention sur le coronavirus depuis son interview du 14 juillet. Avec l'objectif d'une "prise de conscience collective", selon une source proche de l'exécutif.

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"Je crois que tout est envisageable, tout est sur la table et rien n'est à exclure puisque le virus évolue", a lâché Marlène Schiappa, ministre déléguée en charge de la Citoyenneté, sur LCI.

La priorité de l'exécutif reste surtout d'éviter tout reconfinement général pour ne pas remettre l'économie à l'arrêt comme au printemps.

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L'idée du couvre-feu à l'étude

En revanche un couvre-feu, comme en Guyane ou dans plusieurs villes allemandes dont Berlin, est sur la table, selon une source proche de l'exécutif. Mais un reconfinement local semble écarté, à la veille des vacances de la Toussaint.

"Nous sommes à un moment charnière", souligne la même source. Le président devrait appeler à "mieux apprendre à vivre le virus, à plus long terme, pour ne pas basculer dans une situation plus grave. Mais aussi souligner qu'il y a du mieux dans des zones où ont été appliquées des mesures contraignantes, comme à Nice".

« Risque de jacquerie »

Cauchemar des restaurateurs déjà très fragilisés, l'hypothèse d'un couvre-feu avec la fermeture de commerces, bars et restaurants tôt dans la soirée, inquiète aussi les oppositions. "C'est une décision lourde, une restriction de liberté importante", prévient le député PS Boris Vallaud, en évoquant un "risque de jacquerie".

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"Elle peut être nécessaire dans les grandes villes", et dans ce cas "nous y serons favorables", avance pour sa part le président des députés LR Damien Abad.

"Je ne crois pas dans cette mesure. Elle ne s'appliquera pas. La France n'a pas les effectifs de police pour faire appliquer un couvre-feu", a commenté en revanche le patron des députés UDI Jean-Christophe Lagarde. "Les restrictions c'est quand on a tout raté", a lancé Marine Le Pen (RN).

Après avoir laissé pendant plusieurs semaines le Premier ministre Jean Castex, le ministre de la Santé Olivier Véran et les préfets égrener des restrictions ciblées et locales, le président a décidé de reprendre la parole face aux Français en raison de la "gravité" de la situation, selon son entourage.

Il fait ainsi comme les autres dirigeants européens: l'Allemande Angela Merkel, le Britannique Boris Johnson ou l'Espagnol Pedro Sanchez ont tous prévenu leurs concitoyens que "les moments les plus difficiles sont devant nous".

La France est l'un des pays les plus touchés: jour après jour, le taux d'incidence (nombre de cas positifs pour 100.000 habitants) grimpe au point d'atteindre des niveaux hors de contrôle, en particulier chez les 20-30 ans avec un record à Paris où ce taux vient de dépasser 800 quand le niveau d'alerte est à 50. Mais il monte dans toutes les tranches d'âge et dans de nombreuses métropoles.

"Responsabilité individuelle"

Confronté à cette dégradation, l'exécutif fait face à un défi de taille: convaincre les Français, en premier lieu les jeunes, que la lutte se joue surtout dans la sphère privée. "Il y a 50% de responsabilité individuelle. On n'y arrivera pas si les gens ne s'y mettent pas", souligne une source gouvernementale. Le patron de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris Martin Hirsch appelle, dans Le Parisien, "tout le monde à avoir 20% de contacts sociaux en moins".

Emmanuel Macron devrait donc appeler au "sursaut citoyen" alors que l'Etat n'a juridiquement pas le pouvoir de contrôler les foyers.

"Le virus va rester sûrement plusieurs mois. Nous devons nous adapter pour éviter des stop and go trop rudes et espérer que les comportements deviendront plus responsables", a déclaré Jean Castex mardi matin devant les députés LREM.

L'exécutif est particulièrement préoccupé par la dégradation de la situation en Ile-de-France où le taux de positivité des tests frôle les 17% et le taux d'occupation des lits de réanimation à 42% de malades Covid, provoquant des déprogrammations d'opérations.

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