Alimentation : la faim dans le monde ne cesse de s'aggraver

En 2021, les personnes souffrant de la faim étaient jusqu'à 828 millions dans le monde, selon un rapport publié conjointement par cinq institutions des Nations Unies: 46 millions de plus qu'en 2020 et 103 millions de plus qu'en 2019. Incapables de la réduire, les politiques agricoles et alimentaires déployées jusqu'à présent nuisent même parfois à la sécurité alimentaire, regrettent ses auteurs.
Giulietta Gamberini
En 2021, 2,3 milliards de personnes, soit 29,3% de la population mondiale, étaient en outre en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave, c'est-à-dire qu'elles ont été contraintes, en raison d'un manque de ressources, de réduire la quantité ou la qualité des aliments consommés, voire de rester un ou plusieurs jours sans manger.

« Le monde perd du terrain dans sa lutte pour éliminer la faim et la malnutrition ».

C'est la conclusion cinglante du dernier rapport sur « L'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde », publié conjointement mercredi 6 juillet par l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). Et les chiffres qui mesurent ce fléau risquent encore de grimper d'ici l'année prochaine, souligne le directeur exécutif du PAM,  David Beasley:

« L'envolée des prix des aliments, du carburant et des engrais que nous constatons à l'échelle planétaire à cause de la crise en Ukraine menace de plonger des pays du monde entier dans la famine. Il s'ensuivra une déstabilisation mondiale, des privations alimentaires graves et des migrations de masse d'une ampleur inédite », craint-il.

9,8% de la population mondiale a faim

En 2021, le nombre de personnes souffrant de la faim a en effet encore crû au niveau planétaire, en atteignant une fourchette comprise entre 702 millions et 828 millions d'individus: 46 millions de plus qu'en 2020 et 103 millions de plus qu'en 2019, calcule le rapport. Le pourcentage de la population mondiale concernée a donc lui aussi bondi, en passant de 8% en 2019 à 9,8% en 2021.

La même année, 2,3 milliards de personnes, soit 29,3% de la population mondiale, étaient en outre en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave, c'est-à-dire qu'elles ont été contraintes, en raison d'un manque de ressources, de réduire la quantité ou la qualité des aliments consommés, voire de rester un ou plusieurs jours sans manger: 350 millions de plus qu'avant la pandémie de Covid-19. Quant aux gens ne pouvant pas se permettre une alimentation saine, ils étaient près de 3,1 milliards en 2020: 112 millions de plus qu'en 2019.

Les projections font donc craindre que près de 670 millions de personnes (8% de la population mondiale) souffriront toujours de la faim en 2030, et ce « même en cas de redressement économique mondial »Un chiffre proche de celui de 2015, lorsque  l'objectif d'éliminer la faim, l'insécurité alimentaire et la malnutrition a été inclus dans le le Programme de développement durable à l'horizon 2030, regrette le rapport.

Aggravation des conflits, des chocs économiques et du réchauffement

Concernant les causes de ce recul, le rapport « souligne à plusieurs reprises l'intensification de ces principaux moteurs de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition: les conflits, les extrêmes climatiques et les chocs économiques, combinés à des inégalités croissantes », ces dernières étant liées à « un schéma inégal de reprise économique entre les pays et (à) des pertes de revenus non récupérées parmi les personnes les plus touchées par la pandémie de covid-19 », écrivent les auteurs.

Des facteurs d'aggravation qui, en raison de l'accélération du réchauffement planétaire et de ses conséquences, notamment dans les pays du Sud, de la guerre en Ukraine ainsi que des incertitudes pesant encore sur l'évolution de la pandémie de Covid-19, semblent plutôt susceptibles de s'exacerber à court ou moyen terme.

« La question en jeu n'est pas de savoir si les adversités continueront ou non de se produire, mais comment nous devons prendre des mesures plus audacieuses pour renforcer la résilience face aux chocs futurs », en déduit le rapport.

Des politiques publiques défaillantes

Les organisations internationales estiment en effet que ces « récents revers » dans la lutte contre la faim montrent également que les politiques publiques jusqu'à présent déployées sont défaillantes, et qu'elles méritent d'être revues. Dans un contexte mondial de révision à la baisse des perspectives de croissance, l'enjeu est par ailleurs de tenir compte des contraintes budgétaires croissantes pesant notamment sur les pays les plus fragiles économiquement, impliquant une réduction « des ressources financières (...) disponibles pour investir dans les systèmes agroalimentaires », et demandant donc davantage d'efficacité.

Or, 630 milliards de dollars américains ont été dédiés en moyenne chaque année dans le monde au soutien public à l'alimentation et à l'agriculture entre 2013 et 2018, calcule le rapport.

Mais « la plupart des politiques de soutien alimentaire et agricole actuellement mises en œuvre ne sont pas alignées sur l'objectif de promotion d'une alimentation saine et, dans de nombreux cas, compromettent en fait par inadvertance les résultats en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. En outre, une grande partie de l'aide n'est pas équitablement répartie, fausse le marché et nuit à l'environnement », relève-t-il.

Ainsi, « dans de nombreux pays, les subventions fiscales ont augmenté la disponibilité et réduit le prix des aliments de base et de leurs dérivés, décourageant et rendant relativement plus chère la consommation de produits non subventionnés ou moins subventionnés tels que les fruits, les légumes et les légumineuses », détaille le rapport, pour qui « ces politiques ont contribué à la sécurité alimentaire en termes de quantité suffisante de calories, mais elles ne sont pas efficaces pour améliorer les résultats nutritionnels et sanitaires ».

La nécessité de réorienter le soutien

« Dans un contexte où le spectre de la récession pèse sur le monde et affecte les recettes et les dépenses publiques, une solution pour encourager le relèvement économique est de réorienter le soutien à l'alimentation et à l'agriculture de façon à cibler des aliments nutritifs pour lesquels la consommation par habitant ne correspond pas encore aux niveaux recommandés dans le cadre d'une alimentation saine », plaident donc les cinq organisations internationales, en considérant que cela contribuerait « à rendre l'alimentation saine moins coûteuse et plus abordable pour tous, de manière équitable ».

Dans le cadre d'une telle stratégie, elles recommandent notamment aux Etats de veiller à promouvoir des technologies à faible intensité d'émissions de gaz à effet de serre, et à ne pas accroître les inégalités, y compris entre agriculteurs en fonction de leurs capacités productives. Elles soulignent aussi la nécessité que la réorientation des politiques agroalimentaires soit soutenue par des politiques de protection sociale, de santé, de consommation, de protection de l'environnement, des transports et de l'énergie adaptées, ainsi que par « des institutions solides aux niveaux local, national et mondial », et par un engagement de l'ensemble des parties prenantes, publiques et privées.

Giulietta Gamberini
Commentaires 4
à écrit le 07/07/2022 à 9:32
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Avec ce nouveau titre, Joey Chesnut va pouvoir conserver son surnom « Jaws » (les mâchoires). Cet Américain, champion dans l’art d’engloutir les hot dogs, a battu son propre record dimanche, en avalant 76 de ces sandwichs à la saucisse en 10 minutes ...

à écrit le 07/07/2022 à 1:30
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L'Afrique bcp des possibilités d'agriculture en Asie aussi ils.sont vraiment paresseux la bas.Ils ont bcp de petrole pa bas en 21 siécle de la.méchanisation d'agriculture ils peuvent de mécaniser facilement des procedes agricoles mais ils attendent q...

à écrit le 06/07/2022 à 18:47
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Ca ne pouvait pas finir autrement. Depuis des décennies qu'on traite les conséquences (la nécessité d'augmenter la production alimentaire) sans s'attaquer à la cause (La surnatalité), on arrivait tout droit à la famine. Des dizaines d'années que les ...

le 07/07/2022 à 7:02
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Pour les retraites, il suffit de changer de système et je ne comprends pas trop ou vous voulez en venir par rapport au sujet. Pour ce qui est de la surnatalité, vous avez parfaitement raison, je le pense aussi, l'Homme est un lapin qui va épuiser ...

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