Après une récession désastreuse, l'économie mondiale devrait accélérer de 4,2% en 2021

L'OCDE prévoit une chute de l'économie mondiale de 4,2% en 2020 avant un rebond du même ordre en 2021. En Europe, la récession devrait s'établir à -7,5 en 2020-, contre une croissance de 3,6% l'année prochaine. Aux Etats-Unis, le PIB devrait plonger à 3,7% en 2020 avant d'accélérer l'année prochaine à 3,2%. Malgré quelques signes favorables, la reprise devrait être "partielle et inégale" selon l'organisation.
Grégoire Normand
Le commerce mondial devrait chuter de 10,2% en 2020 selon l'OCDE.
Le commerce mondial devrait chuter de 10,2% en 2020 selon l'OCDE. (Crédits : Aly Song)

L'horizon économique commence à s'éclaircir. Selon la dernière livraison de l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE) rendue publique ce mardi premier décembre, le produit intérieur brut (PIB) mondial rebondirait à partir de 2021 à 4,2%. Après un plongeon historique en 2020 (-4,2%), l'économie planétaire retrouverait le chemin de la croissance avant de ralentir en 2022 à 3,7%. A titre de comparaison, l'activité mondiale avait augmenté de 2,7% en 2019 et la moyenne sur la période 2013-2019 était d'environ 3,3%. Pour la cheffe économiste de l'institution basée à Paris, Laurence Boone, les nuages qui planent au dessus de la planète économique commencent à se dissiper.

"Pour la première fois depuis le début de la pandémie, il y a l'espoir d'un avenir meilleur. Les progrès dans les vaccins et les traitements ont amélioré les perspectives et les incertitudes ont diminué. Grace aux interventions sans précédent des gouvernements et des banques centrales, l'activité a rapidement repris dans plusieurs secteurs, bien que certains domaines dans les services demeurent affaiblis par les mesures de distanciation physique. L'effondrement dans l'emploi a partiellement été inversé mais beaucoup de personnes restent sous-employées".

La recrudescence de l'épidémie à l'automne a obligé de nombreux gouvernement à remettre en place des mesures de confinement ces dernières semaines. Si les annonces relatives au vaccin ont apporté des lueurs d'espoirs dans les milieux économiques et financiers, les ravages de la récession continuent de se propager sur l'ensemble des continents. Les pertes accumulées depuis le début de l'année risquent de provoquer des dégâts colossaux sur les populations, notamment les plus vulnérables. En plus, ce rebond, en grande partie mécanique de l'économie mondiale, ne dit rien sur le rythme du régime économique à plus long terme.

Pas de retour à la normale avant fin 2021

L'onde de choc provoquée par la pandémie a fait disjoncter tous les circuits classiques de l'économie mondiale. Le choc d'offre et de demande a plongé les puissances économiques planétaires dans une récession historique inédite depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Dans ce contexte de catastrophe économique, les conjoncturistes de l'OCDE ne voient pas de retour à la période antérieure à la crise avant fin 2021. "Les prévisions continuent d'être exceptionnellement incertaines, avec à la fois des risques baissiers et des risques haussiers [...] des campagnes de vaccination efficaces et une meilleure coopération entre les pays pourraient accélérer la distribution de vaccins à travers le monde. Inversement, l'actuelle résurgence du virus dans plusieurs pays doit nous rappeler que les gouvernements sont à nouveau obligés de renforcer les restrictions sur l'activité économique, surtout si la distribution d'un vaccin efficace se fait lentement". Les experts de l'OCDE expliquent que la reprise devrait être "partielle et inégale".

Zone euro : une croissance entre 3,5 et 3,7% en 2021

La situation en Europe reste absolument critique. Avec près de 400.000 morts depuis le début de la pandémie, le Vieux continent est secoué de toutes parts par la propagation de cette maladie infectieuse. Après une terrible récession en 2020 (-7,5%), l'activité devrait rebondir entre 3,5% et 3,7% l'année prochaine selon les projections de l'institution. "La persistance du virus et les mesures pour endiguer sa propagation vont continuer d'entraver l'activité jusqu'à la diffusion massive d'un vaccin" expliquent les auteurs du rapport. La demande devrait être particulièrement affectée par cette épidémie avec une confiance en berne pour la consommation privée et les investissements. La consommation des agents privés devait ainsi lourdement chuté en 2020 (-8,3%) avant de repartir en 2021 (4,4%). Du côté de la formation brute de capital fixe (FBCF ou investissement), elle devrait enregistrer une chute vertigineuse cette année (-10,7%) avant de redémarrer modérément. En outre, les différentes mesures de restriction appliquées par les Etats de la zone euro ont frappé de plein fouet les activités à forte interaction sociale (tourisme, restauration, hôtellerie) alors que le poids des services dans l'économie de l'Union monétaire est considérable.

Le chômage devrait continuer d'augmenter jusqu'à la mi-2021, "s'approchant d'un niveau à deux chiffres avant de redescendre graduellement". Le taux de chômage au sens du bureau international (BIT), qui était tombé à un niveau relativement bas en 2019 (7,5%), devrait grimper de près de deux points en deux ans (9,5% prévu en 2021), laissant craindre un chômage de masse dans certains pays. Ainsi, le niveau de richesse produite dans l'Union monétaire ne devrait pas retrouver son niveau pré-crise avant la fin de l'année 2022.

Sur le front des finances publiques, la dette devrait monter en flèche à 122,2% du PIB contre 103,6% en 2019 et le déficit public quasiment à l'équilibre dans la zone en 2019 (-0,6% du PIB) devait lui aussi atteindre un niveau record en 2020 (-8,6%) avant de légèrement s'améliorer en 2021 (-6,5%). Actuellement, de nombreux débats ont lieu au sein de la zone euro au sujet d'une possible annulation de la dette Covid-19. En effet, la Banque centrale par ses achats massifs d'actifs publics a accumulé une grande partie de la dette des Etats. Certains économistes et responsables politiques réclament donc une annulation de la dette détenue par la BCE quand d'autres, souvent gardiens de l'orthodoxie budgétaire demandent un remboursement de ces sommes abyssales.

Le continent européen qui est resté longtemps l'épicentre de la contagion risque de sortir fragilisé de cette crise. En effet, si les Etats européens ont réussi à s'entendre difficilement sur un plan de relance au mois de juillet après d'âpres et longues négociations, la mis en oeuvre de cet arsenal reste pour l'instant suspendue en raison des désaccords entre la Commission européenne et la Pologne et la Hongrie. Pour l'instant, ces deux Etats refusent le principe de conditionnalité qui consiste au versement des aides contre l'application de certaines règles de droits inscrites dans les traités européens. Résultat, les négociations budgétaires s'embourbent depuis plusieurs semaines sur ces points d'achoppement et révèlent une fois de plus les divisions qui minent le continent depuis des années.

Aux Etats-Unis, la croissance devrait accélérer à 3,2% en 2021

La première puissance mondiale affiche un bilan sanitaire et économique désastreux. Après avoir prôné l'immunité collective pendant plusieurs mois, le président Trump a finalement changé de stratégie sanitaire. Malgré ce virage, les Etats-Unis comptabilisent près de 270.000 morts et 13 millions de cas recensés selon un bilan de l'université de John Hopkins relayé par l'AFP. L'activité devrait reculer à -3,7% en 2020 avant de rebondir à 3,2% en 2021 et 3,5% en 2022.

Malgré une flambée impressionnante du chômage (22 millions de personnes au chômage en quelques semaines), l'administration de Donald Trump a préservé les revenus des ménages des Américains en mettant en place une allocation chômage de 600 dollars par semaine qui venait s'ajouter à l'indemnisation de chaque Etat. En outre, d'importants crédits d'impôt pour les revenus inférieurs à 75.000 dollars.

Si l'économie outre-Atlantique se rétablit plus rapidement que prévu, les séquelles de la crise sur la société américaine (paupérisation, inégalités,...) risquent de perdurer pendant encore longtemps. En effet, même si l'élection de Joe Biden il y a quelques semaines a provoqué l'euphorie des marchés et du monde de la finance américaine, la situation économique et sociale pour les ménages déjà fragilisés par la contagion et la crise s'aggrave encore. La réserve fédérale américaine (FED) qui a injecté des milliards de liquidité dans l'économie, a déjà prévu de prolonger jusqu'au mois de mars ses facilités de crédits aux entreprises et le comité des gouverneurs a assuré que les taux directeurs n'augmenteront pas tant que l'inflation n'aura pas atteint 2%. En outre, le président Biden fraîchement élu devrait prendre son poste au 20 janvier prochain. Ce qui repousse encore la mise en oeuvre de son plan de relance massif annoncé pendant sa campagne. Au final, "la reprise devrait être graduelle et les cicatrices devraient rester" selon les économistes de l'OCDE.

La Chine s'en sort mieux que les principales grandes puissances

La Chine, premier pays de la planète à avoir subi les effets du virus, semble plus épargnée que les autres grandes puissances économiques. En effet, l'OCDE anticipe un ralentissement du PIB à 1,8% cette année avant un rebond de 8% en 2021. L'administration communiste qui avait déjà enregistré un coup de frein de l'activité entre 2018 et 2019 (6,7% en 2018 et 6,1%) en 2019 limite ainsi les dégâts. Il reste que ce régime de croissance demeure bien inférieur aux niveaux enregistrés ces dernières années.

En outre, l'affaiblissement économique de nombreux Etats pourrait à moyen terme peser sur sa stratégie d'expansion avec les nouvelles routes de la soie. Il reste que la puissance chinoise avec ces géants technologiques et sa puissance commerciale représente un acteur prépondérant sur la scène internationale. Le dernier accord de libre-échange signé en Asie rappelle le poids de la Chine dans le commerce mondial, même si celui ci est actuellement dans la tourmente. Avec cette nouvelle alliance commerciale, Xi Jinping espère encore plus peser sur l'échiquier économique planétaire en profitant de l'affaiblissement des grandes puissances hégémoniques occidentales.

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 02/12/2020 à 4:11
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Qui va payer les dettes post-boomericide? La croissance verte infinie?

à écrit le 01/12/2020 à 21:25
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Ahhhh !! Les prévisions de l'OCDE... 🤣😂

à écrit le 01/12/2020 à 19:56
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L'OCDE va encore se planter, et va encore dire que c'est à cause d'un évènement exceptionnel, qu'elle ne pouvait pas prévoir ... Un grand classique ! Mais le cygne noir va arriver, c'est certain.

à écrit le 01/12/2020 à 16:32
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Attendons le 3ème, puis la 4ème vague et après, on évoquera les possibles taux de croissance... Cordialement

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