Baisse en vue des investissements directs étrangers en 2022 (ONU)

Après avoir retrouvé en 2021 leur niveau d'avant la pandémie, les investissements directs étrangers devraient repartir à la baisse en 2022. Et ce, en raison de l'invasion russe en l'Ukraine, le conflit provoquant une « triple crise alimentaire, énergétique et financière » qui plombe le climat des affaires.
Les données préliminaires du premier trimestre montrent déjà une baisse de 21% du nombre de projets Greenfield (les nouveaux projets) et un recul de 4% des opérations de financement de projets internationaux.
Les données préliminaires du premier trimestre montrent déjà une baisse de 21% du nombre de projets "Greenfield" (les nouveaux projets) et un recul de 4% des opérations de financement de projets internationaux. (Crédits : CARLO ALLEGRI)

2022 s'annonce sous de mauvaises auspices. Les flux d'investissements directs étrangers (IDE) « devraient connaître une trajectoire descendante, au mieux rester stables », selon un rapport de la Cnuced, organe des Nations unies chargé du commerce et du développement, publié ce jeudi 9 juin.

Et la raison n'est pas difficile à trouver. « L'environnement mondial de l'investissement international a changé de façon spectaculaire avec le début de la guerre en Ukraine », observe la secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, dans la préface du document. « L'incertitude et l'aversion au risque des investisseurs pourraient exercer une forte pression à la baisse sur les IDE mondiaux cette année », prévient-elle.

Les données préliminaires du premier trimestre montrent déjà une baisse de 21% du nombre de projets "Greenfield" (les nouveaux projets) et un recul de 4% des opérations de financement de projets internationaux.

« Les retombées de la guerre en Ukraine, avec la triple crise alimentaire, énergétique et financière, ainsi que la pandémie de Covid-19 en cours et le dérèglement climatique, sont en train d'ajouter des tensions, en particulier dans les pays en développement », souligne le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, dans la préface du rapport. Et d'ajouter : « Il y a un risque important que la dynamique de reprise de l'investissement international s'arrête prématurément, ce qui entrave les efforts visant à stimuler le financement du développement durable ».

Un bond de 64% en 2021

Après une chute en 2020 avec le choc de la crise sanitaire, les investissements directs étrangers avaient retrouvé l'an dernier leur niveau d'avant la pandémie, à 1.580 milliards de dollars, selon la Cnuced, un chiffre légèrement inférieur à celui annoncé en janvier. « L'essor des activités de fusion et acquisition et la rapide croissance du financement de projets internationaux » ont porté ce bond de 64% des IDE l'an dernier, indique l'institution.

L'an dernier, les flux d'investissements directs étrangers ont repris dans toutes les régions, mais la reprise s'est surtout fait sentir - à 75% - dans les économies développées. Les flux à destination des économies en développement ont augmenté de 30% pour atteindre 837 milliards de dollars - le niveau le plus élevé jamais enregistré - en grande partie grâce à une accélération des flux vers l'Asie, à une reprise partielle en Amérique latine et dans les Caraïbes, et à un regain d'activité en Afrique.

Globalement, les États-Unis est l'économie qui a capté le montant le plus élevé d'investissements directs étrangers l'an dernier, suivi par la Chine, Hong Kong, Singapour, le Canada, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud, la Russie et le Mexique.

La France première d'Europe sur les projets d'investissements étrangers

En France, le nombre de projets d'investissements étrangers s'est établi à 1.222 contre 985 en 2020 et 1.197 en 2019. Sur les dix dernières, il s'agit d'un sommet, selon le dernier baromètre EY dévoilé ce mardi 31 mai.

En Europe l'Hexagone fait la course en tête devant le Royaume-Uni et l'Allemagne. Après un coude à coude en 2020 entre les trois pays, l'économie tricolore creuse l'écart en 2021 avec 200 projets supplémentaires par rapport à ses voisins. Le Royaume-Uni n'est plus le poids lourd économique aux yeux des investisseurs étrangers mais reste une place forte dans la technologie, les sièges sociaux et l'industrie financière. Entre 2020 et 2021, le nombre de projets d'investissement a modestement augmenté de 2%.

Quant à l'Allemagne, elle voit le nombre de projets d'investissement dégringoler de 10% entre 2020 et 2021 pour passer de 930 à 841. Après avoir atteint un pic en 2019 (1.124), Berlin n'a cessé de perdre du terrain pour passer à la troisième marche du podium en 2021. « L'Allemagne a moins de politique d'attractivité que la France. Les efforts fournis par les Länder sont moins développés que dans d'autres régions françaises comme les Hauts-de-France ou le Grand Est », indiquait fin mai à La Tribune Marc Lhermitte, responsable au niveau mondial du conseil des activités liées à la compétitivité et à l'attractivité au sein du cabinet EY.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 09/06/2022 à 17:33
Signaler
les bilans CNUCED et EY sont différents. dans le premier, il s'agit essentiellement d'investissements financiers. dans le cas d'EY (et Business France), on parle d'investissements physiques. d'après le Global Cities Investment Monitor 2021, l'Eur...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.