Le prochain budget de la Sécurité sociale ne sera présenté que fin septembre, mais le gouvernement prépare déjà les esprits à la cure de rigueur à venir. La semaine dernière, le ministre de l'Économie en a même fait le « premier axe » de son plan pour réduire le déficit public, appelant à être « plus strict sur les dépenses de santé, en particulier de médicaments ».
Faute de préciser comment, Bruno Le Maire a relancé les spéculations sur une possible hausse des franchises médicales à la charge des malades. Mais plusieurs options sont sur la table et « on étudie l'ensemble des leviers », a fait savoir le directeur de la Sécu, Franck von Lennep, lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale ce mardi.
« On aura des propositions sur les prix », a précisé Franck von Lennep, sans ignorer les « revendications importantes des industriels » qui réclament au contraire des hausses de tarifs.
Un autre front pourrait s'ouvrir avec les médecins, la Sécu souhaitant également s'attaquer aux « volumes » des prescriptions. « Un médecin qui prescrit a la main sur des dépenses publiques très élevées », a souligné le directeur de la Sécurité sociale, évoquant la possibilité pour l'Assurance maladie de recourir à « davantage d'accords préalables » mais aussi d' « incitations » financières.
La hausse des franchises étudiée
La mise à contribution des assurés, via une hausse des franchises est aussi une hypothèse. « Ce n'est pas forcément une mauvaise politique publique que les gens aient conscience de ce que coûtent les médicaments », a estimé Franck von Lennep. Bruno Le Maire s'est déjà exprimé sur ce sujet, jugeant que la « quasi-gratuité » des médicaments « conduit à déresponsabiliser le patient ».
Créées en 2008, les franchises médicales n'ont pas bougé depuis. Elles s'élèvent à 50 centimes par boîte de médicaments et par acte paramédical (infirmier, kiné), 2 euros par transport sanitaire (ambulances, taxis), avec un plafond de 50 euros par an. L'enjeu se chiffre là aussi en centaines de millions d'euros, mais « ce n'est pas la seule solution pour responsabiliser les acteurs », nuance Bercy, conscient du coût politique potentiel d'une hausse des franchises qui ne pourrait pas être transféré aux mutuelles.
La Sécu compte par ailleurs sur des gisements moins conflictuels, comme le développement des médicaments biosimilaires, qui représentent « plusieurs centaines de millions d'euros d'économies potentielles à moyen terme ».
Une baisse du taux de remboursement exclue
Une baisse du taux de remboursement est en revanche exclue. « Il n'y a pas d'autre mesure à ce titre prévue en 2024 », a affirmé Franck von Lennep. Car le gouvernement l'a actée mi-juin pour les soins dentaires. Le remboursement par la Sécu passera de 70% à 60% au 1er octobre, la part des complémentaires santé augmentant dans la même proportion, pour un montant de 500 millions d'euros en année pleine.
Le gouvernement a justifié ce choix par un « renforcement de la prévention » dans le cadre des discussions en cours entre l'Assurance maladie et les dentistes. Les complémentaires ont regretté cette décision qu'elles qualifient d' « approche comptable et de court terme ».
(Avec AFP)