Hausse des prix génériques sur les médicaments : Braun ne dit pas non

Dans un contexte de pénuries de nombreuses références, le ministre de la Santé François Braun veut ouvrir la porte à une hausse des prix génériques sur les médicaments. A une condition : que celle-ci soit justifiée et documentée par les industriels pharmaceutiques. Derrière ces négociations, le gouvernement cherche à renforcer les capacités de production de médicaments dans le pays.
François Braun a ouvert la porte à une hausse des prix sur les médicaments génériques.
François Braun a ouvert la porte à une hausse des prix sur les médicaments génériques. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le ministre de la Santé, François Braun, s'est dit ouvert, ce jeudi, à des hausses de prix de médicaments génériques pour contribuer à prévenir les pénuries, dans un contexte où la France connaît depuis plusieurs mois des tensions sur les stocks de certains médicaments, avec le manque de plusieurs références, notamment des antibiotiques et du paracétamol.

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Pour rappel, les causes de ces pénuries sont multiples : capacité de production insuffisante, concentration des fabricants, difficultés d'approvisionnement en matières premières, défauts de qualité sur les médicaments, réglementations nationales, effets des crises internationales, etc. Aussi, les industriels sont nombreux à réclamer ces hausses, pointant également du doigt l'inflation actuelle.

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Ces derniers avancent que les prix de certains médicaments dits matures, principalement des génériques, sont tellement bas qu'ils sont devenus inférieurs à leur coût de production. Le risque : l'arrêt de la production par des laboratoires de certains produits déjà peu rentables. Ils souhaitent aussi être exonérés d'une clause dite de sauvegarde, une taxe réclamée aux groupes pharmaceutiques en cas de dérive des dépenses de consommation de médicaments, des montants qui ne peuvent pas être anticipés et qui ne peuvent donc pas être précisément provisionnés par les laboratoires.

Augmentation sous réserve de justification

Bien que la corrélation entre la tarification des médicaments et les pénuries ne soit pas établie, le ministre, ex-urgentiste, est « prêt à envisager » une hausse si celle-ci était justifiée et documentée, a-t-il dit devant la Commission d'enquête sur les pénuries de médicaments créée par le Sénat.

« Amenez-nous des éléments de transparence pour voir quel est le prix de production réel des médicaments dits matures, qui concentrent l'essentiel des difficultés d'approvisionnement », a-t-il déclaré à l'adresse des laboratoires.

Pour rappel, la hausse des coûts de production doit impérativement être documentée par les fabricants de médicaments lorsqu'ils réclament une augmentation des prix. Cela se fait auprès du Comité économique des produits de santé (CEPS), l'organisme chargé de fixer les prix des médicaments et les tarifs des dispositifs médicaux pris en charge par l'assurance maladie. La politique des prix des médicaments, dont la clause de sauvegarde, fait d'ailleurs l'objet d'une réflexion au sein d'une mission interministérielle sur la « régulation » et le « financement des produits de santé ». Ses résultats devraient être publiés en juillet.

Un plan sanitaire général

Le gouvernement, à l'écoute des industriels, cherche ainsi à trouver un équilibre entre les médicaments innovants très onéreux et les plus anciens, beaucoup moins chers. Il a déjà décidé, en février, de ne plus baisser les prix des génériques considérés comme stratégiques sur le plan industriel et sanitaire, pour encourager les laboratoires à continuer de les fabriquer.

Mardi, Emmanuel Macron a lui aussi mis en avant la notion de « juste prix » du médicament à l'occasion de ses annonces de relocalisation et de renforcement des capacités de production de médicaments jugés prioritaires. Si l'enjeu est de reconquérir une autonomie sanitaire à l'échelle nationale et européenne, le président a également annoncé huit nouveaux projets de relocalisation, représentant un investissement total de plus de 160 millions d'euros, soutenus par l'Etat. Ils portent sur l'amoxicilline - avec le renforcement des capacités du britannique GSK en Mayenne - des médicaments stratégiques pour l'anesthésie-réanimation, des antidouleurs morphiniques ou encore des anticancéreux, a détaillé l'Elysée.

Reste que la France dépend à hauteur de 60 à 80% des importations, notamment de la Chine, pour la production de médicaments dit matures (antibiotiques, produits d'anesthésie...), un seuil qui grimpe à 95% pour les biomédicaments. Pour répondre à ces pénuries, une liste de 281 médicaments « critiques », dont la production est susceptible d'être relocalisée, a été remise à François Braun à la mi-mai.

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Commentaires 4
à écrit le 16/06/2023 à 10:18
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J'avais lu que les pays riches payaient les molécules dix fois le prix pendant la durée de protection par le brevet (mais dans un médicament il n'y a pas que la molécule active qui peut coûter le prix 'normal' quand génériqué, plus une petite marge q...

à écrit le 16/06/2023 à 7:30
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"A une condition : que celle-ci soit justifiée et documentée par les industriels pharmaceutiques" Oh ça ils savent faire hein pas de problème ! Comme le vaccin contre le Covid toujours figé en phase 3... Question de gros chèques fait aux politiciens.

à écrit le 15/06/2023 à 20:41
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Franchement, pour le paracetamol on pourrait au moins disposer d'une usine en France pour garantir un approvisionnement régulier. Avec deux impératifs: Des salariés correctement payés ET interdiction de grève.

le 16/06/2023 à 10:21
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@Valbel89 "ET interdiction de grève. " Et ben, toi, qui critique ,la Chine, la Russie et compagnie de dictature sans arrêt ici ,te voila à prôner la même chose.Ta vieillesse est un naufrage mon pauvre Valbel. Le droit de grève est pleinemen...

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