Chine : à tout juste 0,1%, l'inflation atteint son plus bas niveau depuis deux ans en avril

L'inflation en Chine a atteint son niveau le plus bas depuis plus de deux ans en avril, juste au-dessus de 0%. Elle pourrait même passer sous ce seuil au cours des prochains mois. Le pays continue ainsi de se démarquer des pays développés où les prix n'ont de cesse de grimper, particulièrement dans l'alimentaire.
En Chine, en avril, les prix des produits alimentaires ont augmenté de seulement 0,4% sur un an.
En Chine, en avril, les prix des produits alimentaires ont augmenté de seulement 0,4% sur un an. (Crédits : ATHIT PERAWONGMETHA)

Contrairement au reste du monde, la Chine ne connaît (presque) pas l'inflation. L'indice des prix à la consommation (CPI), principale jauge de l'inflation, s'est, en effet, inscrit en hausse d'à peine 0,1% sur un an en avril, contre 0,7% un mois plus tôt, selon les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS) publiés ce jeudi 11 mai.

Lire aussi« La politique industrielle de la Chine vise à réduire sa dépendance énergétique » (Nathan Sperber, sociologue)

C'est même moins qu'attendu. Des analystes interrogés par l'agence Bloomberg anticipaient une hausse plus importante (0,3%), sur fond de reprise de l'activité en Chine depuis la levée fin 2022 des restrictions sanitaires anti-Covid.

L'indice CPI atteint ainsi, en avril, son plus bas niveau depuis février 2021, les prix des produits alimentaires ayant augmenté de seulement 0,4% sur un an.

À noter toutefois que les chiffres d'avril ont été affectés par la base de comparaison élevée de l'année dernière, a souligné dans un communiqué Dong Lijuan, une analyste du BNS. Les prix de l'alimentation étaient, en effet, particulièrement élevés en avril 2022 lors du confinement de plusieurs grandes villes comme Shanghai en raison du Covid, car les chaînes logistiques étaient alors grippées.

Passage sous la barre des 0% attendu

Le niveau d'inflation de la Chine est bien loin de ceux observés ailleurs, notamment en Europe où les prix sont légèrement repartis à la hausse en avril. L'inflation dans la zone euro (les 20 pays à avoir adopté la monnaie unique) atteignait, en effet, le mois dernier 7% sur un an, après 6,9% en mars, interrompant une série de cinq reculs mensuels consécutifs. Elle atteignait 5,9% en France, de nouveau en hausse elle aussi puisqu'elle était de 5,7% en mars. En revanche, les Etats-Unis voient leurs prix à la consommation continuer de baisser. En mars dernier, l'inflation atteignait même son niveau le plus bas depuis deux ans à 5% sur un an.

De son côté, l'inflation chinoise pourrait se réduire encore dans les prochains mois.

« La Chine connaîtra probablement au cours des prochains mois une courte période de passage du CPI » sous la barre des 0%, estime l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

Lire aussiHausse des taux : pas de pause prévue face à l'inflation, prévient (aussi) Christine Lagarde

Une reprise « déséquilibrée »

La Chine a levé en décembre l'essentiel de ses restrictions sanitaires draconiennes, ouvrant la voie à une reprise de l'activité qui peine toutefois à se concrétiser dans certains secteurs. « La reprise économique semble déséquilibrée à ce stade » en Chine, avec un secteur des services « qui se normalise » tandis que « le secteur manufacturier reste en retrait » pour l'instant, souligne l'expert Zhiwei Zhang.

La Chine a enregistré en avril un tassement de ses exportations (+8,5% sur un an, contre +14,8% en mars) et un nouveau repli de ses importations (+7,9% sur un an), selon les Douanes. « La contraction des importations est en partie due au ralentissement de la demande mondiale, qui affecte à son tour les importations chinoises de pièces et de composants », fait remarquer Zhiwei Zhang.

Lire aussiChine : la consommation confirme sa reprise et tire la croissance du pays en ce début 2023

Enfin, les prix à la production se sont, eux, enfoncés davantage dans la déflation, signe d'une demande intérieure atone et de coûts de matières premières plus faibles comme le minerai de fer et le pétrole brut. L'indice des prix à la production (PPI) a poursuivi sa chute (-3,6%) selon le BNS, pour le septième mois consécutif, ce qui laisse suggérer que de nouvelles mesures de soutien post-COVID pourraient être nécessaires.

La Chine vise néanmoins toujours un objectif de croissance d'environ 5% cette année, l'un des plus faibles depuis des décennies. Ce serait toutefois mieux que 2022, où son produit intérieur brut (PIB) a augmenté de 3%. Reste que même ce seuil pourrait être difficile à atteindre, a déjà averti le Premier ministre chinois Li Qiang.

(Avec agences)

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.