Au cours du premier trimestre, les autorités provinciales chinoises ont approuvé la construction de centrales au charbon représentant des capacités d'au moins 20,45 gigawatts (GW), selon l'organisation environnementale Greenpeace. C'est plus du double que les 8,63 GW enregistrés durant la même période de l'an passé, et davantage que les 18,55 GW qui ont reçu le feu vert des autorités pour l'ensemble de 2021.
L'augmentation du nombre de centrales au charbon « risque de provoquer des catastrophes climatiques » et « de nous enfermer dans une voie à forte teneur en carbone », déplore Xie Wenwen, un responsable de Greenpeace.
Une partie de ces nouveaux projets validés l'ont été dans des provinces ayant souffert de pénuries d'électricité l'an passé suite à des vagues de chaleur record et qui avaient réduit la production d'énergie hydroélectrique, d'après l'ONG. Elle met ainsi en garde contre un cercle vicieux : faire tourner des centrales au charbon, notamment pour alimenter les climatiseurs en été, produit davantage d'émissions qui vont à leur tour accélérer le changement climatique et produire des vagues de sécheresse.
Le charbon a la côte
La Chine reste ainsi sur la même lancée qu'en 2022. Selon une étude publiée en février par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), un institut de recherche basé en Finlande, le pays a approuvé l'an passé sa plus grande vague de création de centrales électriques au charbon depuis 2015. Au total, 106 gigawatts (GW) de nouveaux projets avaient été approuvés sur l'ensemble de l'année, soit l'équivalent de deux grandes centrales au charbon par semaine.
Le gros des approbations a débuté lorsque le gouvernement a annoncé en mai 2022 un investissement de 10 milliards de yuans (1,4 milliard d'euros) dans la production d'électricité à partir de charbon. « C'est la même dynamique que celle observée lors du précédent boom, en 2015. Personne ne sait combien de temps les vannes resteront ouvertes, donc les collectivités locales se dépêchent de faire passer le maximum de projets possible », expliquait à l'AFP Lauri Myllyvirta, analyste du CREA.
Plus de renouvelables, mais pas moins de charbon
L'idée des autorités est que ces nouvelles centrales puissent servir d'appoint pour garantir un approvisionnement en électricité stable en cas de défaillance des énergies renouvelables. L'année dernière, la Chine a produit près de 60% de son électricité grâce au charbon.
Néanmoins, le pays est le premier producteur mondial d'énergie renouvelable et compte accélérer. Selon les estimations de l'Administration nationale de l'énergie, l'éolien, le solaire, l'hydraulique et le nucléaire devraient couvrir 33% de la demande d'électricité du pays d'ici 2025, contre 28,8% en 2020.
Mais malgré ces bonnes intentions, il ressort que les projets d'énergie renouvelable ont des difficultés à obtenir un accès aux terrains nécessaires. Et dans certaines régions chinoises, le réseau ne peut absorber toute l'énergie produite, a déploré en février le chef de l'Association chinoise de l'industrie photovoltaïque.
À noter par ailleurs que « la principale idée fausse que l'on peut avoir est que l'augmentation des renouvelables entraîne forcément un recul du charbon », avait déclaré à l'AFP Li Shuo, un militant de Greenpeace Chine. « C'est le cas dans le reste du monde, mais les besoins de la Chine en matière de sécurité énergétique (sont tels qu'ils) entraînent une croissance simultanée de l'éolien, du solaire et du charbon ».
Difficultés pour atteindre ses objectifs climatiques
Cette hausse des projets de centrales à charbon alimente en tout cas les craintes que la Chine ne revienne sur les objectifs qu'elle s'est fixés : atteindre un pic d'émissions entre 2026 et 2030 et la neutralité carbone d'ici 2060. Le pays est actuellement, en valeur absolue et au regard de sa population (1,4 milliard d'habitants), le plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique, tels que le dioxyde de carbone (CO2). Ses engagements en matière d'émissions sont donc considérés comme essentiels pour limiter l'augmentation de la température mondiale.
(Avec AFP)
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