Crise alimentaire : l'Union européenne accuse la Russie de mettre le monde en danger

Le risque d'une crise alimentaire mondiale sera au centre des discussions des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui se retrouvent lundi à Luxembourg. L'UE se dit prête à travailler avec l'ONU pour éviter le pire, alors que la guerre en Ukraine prive le monde de céréales, d'engrais et fait flamber les prix.
Le recul des exportations de blé et d'autres produits alimentaires de base en provenance de Russie et d'Ukraine menace de famine 11 à 19 millions de personnes de plus dans le monde, sur la période 2022-2023.
Le recul des exportations de blé et d'autres produits alimentaires de base en provenance de Russie et d'Ukraine menace de famine 11 à 19 millions de personnes de plus dans le monde, sur la période 2022-2023. (Crédits : DR)

La menace d'une crise alimentaire mondiale sera au centre des discussions des ministres des Affaires étrangères de l'Union européen qui se réunissent lundi à Luxembourg. Dans un article publié samedi sur son blog officiel, le chef de la diplomatie européenne, l'Espagnol Josep Borrell, met en garde sur les risques de famine dans le monde causé par la guerre en Ukraine, dont l'une des conséquences est une flambée des prix des céréales, des huiles de cuisson, des carburants et des engrais.

Avec le blocage des exportations de céréales de l'Ukraine et les restrictions sur ses propres exportations, la Russie met le monde en danger de famine, a accuse ainsi Josep Borrell dans ce billet. Alors que l'ONU a appelé mardi les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à ne pas imposer de restrictions aux exportations de denrées alimentaires, le chef de la diplomatie européenne a assuré que l'Union européenne (UE) était prête «à travailler avec l'ONU pour prévenir tout impact indésirable de nos sanctions sur la sécurité alimentaire mondiale ».

 « Il est impératif de permettre la reprise des exportations ukrainiennes par bateau. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'ONU et nous espérons qu'une solution pourra être trouvée dans les prochains jours. Ne pas le faire risque de provoquer une catastrophe alimentaire mondiale », met-il en garde.

Josep Borrell dénonce aussi « le choix politique conscient de la Russie de "militariser" les exportations de céréales et de les utiliser comme un outil de chantage contre quiconque s'oppose à son agression » en l'Ukraine.

« La Russie a transformé la mer Noire en zone de guerre, bloquant les expéditions de céréales et d'engrais en provenance d'Ukraine (...) et applique également des quotas et des taxes sur ses propres exportations de céréales », souligne-t-il.

Les sanctions imposées par l'Union européenne « n'interdisent pas à la Russie d'exporter des produits agricoles et des semences, ni de les acheter, à condition que les personnes ou entités sanctionnées ne soient pas impliquées » dans ces opérations, rappelle-t-il. Et d'ajouter : « Nous sommes pleinement conscients qu'il y a une +bataille de récits+ autour de cette question » des sanctions.

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La famine menace 11 à 19 millions de personnes de plus

L'Ukraine étant le quatrième exportateur mondial de blé et de maïs, le blocus imposé par l'armée russe qui bloque les ports de la mer Noire, aggrave les besoins de certains pays, (ceux qui dépendent des importations de la Russie et de l'Ukraine et ceux qui ne pourront subir un choc des prix). Pour rappel, la Russie et l'Ukraine assurent à elles deux 30% des exportations mondiales de blé. Et le blocus a provoqué une flambée des cours des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux atteints pendant les printemps arabes de 2011 et les émeutes de la faim de 2008.

D'après la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, le recul des exportations de blé et d'autres produits alimentaires de base en provenance de Russie et d'Ukraine menace de famine 11 à 19 millions de personnes de plus dans le monde, sur la période 2022-2023, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Les pays les plus touchés sont ceux de la région Proche-Orient/Afrique du Nord, étant donné leur forte dépendance aux importations, notamment de blé, en provenance de ces pays, mais aussi d'huile végétale, d'huile de tournesol. Certains pays d'Afrique subsaharienne et d'Asie, comme le Bangladesh et l'Indonésie, sont également « fortement affectés », selon Boubaker BenBelhassen, directeur de la Division des marchés et du commerce de la FAO.

La France a acheminé 31 tonnes de semences vers l'Ukraine

Pour tenter de contrer les « effets désastreux de l'invasion russe sur la sécurité alimentaire de l'Ukraine », la France, première productrice agricole de l'UE, a acheminé 31 tonnes de semences potagères en Ukraine, après avoir fourni entre avril et mai quelque 600 tonnes de plants de pommes de terre, a annoncé vendredi le ministère des Affaires étrangères.

Ces aides ont été offertes par des entreprises françaises spécialisées dans la production et la distribution de semences, précise le quai d'Orsay. Les semences potagères acheminées récemment (betteraves, carottes, choux, tomates...) permettront de couvrir plus de 9.500 hectares de terrains agricoles et jardins potagers, et de récolter jusqu'à 260.000 tonnes de productions alimentaires, ajoute le ministère.

Le président Emmanuel Macron a indiqué jeudi que la France aidait la Roumanie pour y faire transiter les grandes quantités de céréales bloquées en Ukraine, en l'absence d'accord permettant de les faire sortir par la mer Noire à cause du blocus russe.

 (Avec AFP)

Commentaires 10
à écrit le 20/06/2022 à 11:33
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Un constat supplémentaire des méfaits de la mondialisation débridée de ces dernières décénies, où l'on découvre que nombre de pays ne sont plus autosuffisants au niveau alimentaire.

à écrit le 19/06/2022 à 21:20
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Le Kremlin répondra à ces accusations qu'il ne fallait pas aider l'Ukraine en lui fournissant des armes et retarder l'échéance, sinon le pays serait déjà vaincu, phagocyté par la Russie et son blé largement vendu au nom de la Russie en roubles, dolla...

à écrit le 19/06/2022 à 9:36
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Arrêtez l'élevage intensif à base de céréales et ou évitera la famine. Tellement pratique d'avoir un bouc émissaire pour éviter de se remettre en question

le 19/06/2022 à 11:31
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échec de la politique agricole de la FRANCE ! avec le soutien de la (FNSEA ) tout le contraire de l agriculture raisonnée que nos politiques veulent ignorer. les pauvres

à écrit le 18/06/2022 à 22:54
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C'est la CIA-MOSSAD/UE/EURO/DOLLAR/UE/OTAN ultralibérale hyperatlantiste qui met le monde en danger depuis des dizaines d'années.

à écrit le 18/06/2022 à 18:48
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On se ridiculise avec ce type de réaction: nos élites semblent avoir oublier ce qu'est un conflit et une guerre en se plaignant que les russes adoptent une réaction à nos sanctions. Plutôt que de geindre (et accessoirement de passer pour des andouill...

à écrit le 18/06/2022 à 16:35
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C'est surtout la mauvaise gestion de l'UE avec son dogme de "concurrence libre et non faussée" qui plombe le peu de cohésion que l'on devrait avoir!

à écrit le 18/06/2022 à 16:04
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L'Europe, elle même manipulée par l'OTAN, ne fait que jeter de l'huile sur le brasier de l'Ukraine. L'état profond stupide fait durer la guerre

le 18/06/2022 à 17:04
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c est vrai quoi! quelle idee ont ces ukrainiens de vouloir se defendre et de ne pas vouloir d un tsar a moscou... On aurait du les laisser tomber comme les tcheques a Munich en 38 (ce qui d ailleurs a donné un superbe resultat : guerre un an plus tar...

le 18/06/2022 à 18:16
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@reponse de Charlie Vous avez raison sur les capitulards qui finissent en général dans une milice d"extreme droite. Une différence cependant par rapport à 39/40, la France est une puissance nucléaire ce qui peut donner à réfléchir à un éventuel ...

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