En Turquie, la gouverneure de la Banque centrale accusée d'accorder des avantages à son père

La gouverneure de la Banque centrale turque Hafize Gaye Erkan, qui a nié, est accusée dans la presse par une ex-employée de l'établissement d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de l'institution.
Hafize Gaye Erkan, la gouverneure de la Banque centrale turque
Hafize Gaye Erkan, la gouverneure de la Banque centrale turque (Crédits : Reuters)

Hafize Gaye Erkan fait à nouveau parler d'elle. Après avoir raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie, la gouverneure de la Banque centrale turque, qui a nié, est aujourd'hui accusée dans la presse par une ex-employée de l'établissement d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de l'institution.

Le père de la gouverneure au centre de la polémique

Un bureau, une voiture de fonction et des gardes de corps auraient été accordés au père de la gouverneure de 44 ans, Erol Erkan aux ordres duquel « personne n'ose s'opposer », ont rapporté les journaux turcs.

« J'ai été virée sur l'ordre de son père. (...) Il y a des enregistrements vidéo le montrant qui vient tous les jours à la banque avec une voiture de fonction, donner des ordres aux employés alors qu'il n'a aucune autorité pour ça », a assuré cette semaine Busra Bozkurt, une ex-employée, au quotidien Sozcu proche de l'opposition.

Cette dernière Bozkurt affirme avoir été licenciée par le père de la gouverneure, Erol Erkan, qui n'occupe aucune fonction officielle au sein de la Banque, parce qu'elle a refusé de travailler en dehors de ses horaires, selon Sozcu qui publie la copie de la plainte qu'elle dit avoir adressé à la présidence turque.

« Erol Erkan s'immisce dans le travail des services administratifs et des ressources humaines (...) et leur donne des instructions directes. Le personnel travaillant à l'étage de direction subit un harcèlement moral », a affirmé un autre employé sous couvert d'anonymat, cité par DW Turkce.

Erol Erkan a rejeté ces accusations et dénoncé des « informations contraires à la réalité, délibérées et susceptibles de jeter le discrédit sur notre banque ».

La gouverneure a également menacé vendredi dans un post sur « X » de déposer plainte en justice contre « les responsables de fausses informations ».

Les foudres d'Erdogan

Hafize Gaye Erkan vivait depuis deux décennies aux Etats-Unis où elle a étudié avant de prendre ses fonctions à Ankara au sein d'une équipe d'économistes respectés, formés notamment à Wall Street, chargés de sortir la Turquie de la crise où l'inflation a atteint près de 65% en 2023. Selon des observateurs, elle se serait attiré les foudres du président Erdogan lorsqu'elle a raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie. Ni le chef de l'Etat ni le ministre de l'Economie, Mehmet Simsek, n'ont pour le moment commenté les allégations concernant Hafize Gaye Erkan. Cette dernière est âgée de 44 ans, première femme à ce poste et réputée pour son expertise aux Etats-Unis, avait pris ses fonctions début juin après la réélection du président Recep Tayyip Erdogan.

64% d'inflation

L'an dernier, l'inflation a atteint 64,8% sur un an en Turquie en décembre, selon les données officielles publiées en début d'année.  La hausse des prix à la consommation, alimentée notamment par la dépréciation quasi continue de la livre turque, s'est établie à 2,9% sur un mois. L'inflation, qui a repris son envolée depuis juin, s'élevait à 62% en novembre. La hausse des prix concerne tout particulièrement les produits alimentaires (+72%), les transports (+77,1%), la santé (+79,6%), l'éducation (+82%) ainsi que l'hôtellerie et la restauration (+93,2%), selon l'institut statistique turc.

Quoique élevés, les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag), qui calculent la hausse des prix à la consommation à 127,2% en glissement annuel. Dans ce contexte, le salaire minimum a été relevé de 49% au 1er janvier, pour atteindre 17.000 livres turques, soit 520 euros environ. La Banque centrale turque, qui a relevé son taux directeur de 8,5% à 42,5% depuis juin pour tenter d'endiguer l'inflation, a estimé fin décembre que le resserrement monétaire est « proche du niveau requis pour établir le cap de la désinflation ».

Municipales

Malgré les hausses régulières des salaires et des pensions de retraite, l'inflation demeure un sujet brûlant en Turquie, à deux mois et demi des élections municipales que le président Recep Tayyip Erdogan - réélu fin mai pour un troisième mandat - souhaite remporter à Ankara et Istanbul, les deux plus grandes villes du pays, passées aux mains de l'opposition en 2019. Le président turc a chargé son ancien ministre de l'Environnement, Murat Kurum, 47 ans, de se présenter à la mairie d'Istanbul. Il représentera le parti islamo-conservateur de chef de l'Etat, le Parti de la justice et du développement (AKP).

Commentaires 3
à écrit le 22/01/2024 à 10:37
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Erdogan n'est pas conforme aux souhaits des US et de l'UE en ce qui concerne la Turquie. Il ne peut plus jouer sur plusieurs tableaux. Si le fléau de la balance ne revient pas à minima au milieu, ce sera fin de partie pour Erdogan.

à écrit le 22/01/2024 à 9:26
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Rien de tel pour distraire les français que de dire du mal de son voisin et leur raconter une belle histoire qui ne peut pas arriver chez nous ! ;-)

à écrit le 20/01/2024 à 23:42
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Quand on voit la Gabegie entourant le sultan de Turquie qu est Erdogan pas étonnant que certains - nes se croient au dessus des lois et du commun et cultivé le népotisme …

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