États-Unis : 300 millions de dollars d'amende contre un fournisseur américain de Huawei

Le département américain du Commerce a annoncé avoir imposé une amende historique de 300 millions de dollars à la filiale singapourienne de l'entreprise californienne Seagate. Il l'accuse d'avoir fourni des disques durs au géant chinois Huawei sans autorisation préalable de l'administration américaine, dérogeant ainsi à une règle édictée en 2020. Un nouvel épisode dans la guerre commerciale et technologique entre les États-Unis et la Chine.
L'entreprise californienne Seagate est spécialisée dans la fabrication de disques durs pour smartphones et ordinateurs.
L'entreprise californienne Seagate est spécialisée dans la fabrication de disques durs pour smartphones et ordinateurs. (Crédits : FLORENCE LO)

Ne pas respecter les règles du Bureau industrie et sécurité (BIS) de Washington peut coûter cher. L'entreprise californienne Seagate, spécialisée dans la fabrication de disques durs pour smartphones et ordinateurs, vient de l'apprendre à ses dépens puisqu'elle va devoir régler une amende de 300 millions d'euros à l'administration américaine.

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La sanction se fonde sur une règle édictée par le BIS, qui fait partie du département américain du Commerce (DoC), en août 2020. Celle-ci impose une demande d'autorisation aux entreprises étrangères vendant des équipements à Huawei, dès lors que ces derniers contiennent des technologies américaines. Or, Seagate a continué à fournir le groupe chinois, via sa filiale à Singapour qui fabriquait et livrait les pièces, sans autorisation préalable. Elle aurait vendu en plus d'un an environ 1,1 milliard de dollars de marchandises, selon le ministère.

« Fournisseur stratégique de Huawei »

En plus de ne pas avoir demandé d'autorisation, « Seagate a agi de la sorte alors que ses deux seuls concurrents ont cessé de fournir Huawei, devenant de fait sa seule source d'approvisionnement », a appuyé le DoC pour justifier sa décision, dans un communiqué publié mercredi 19 avril. Plus encore, le groupe californien a signé un « accord de coopération stratégique de trois ans, devenant un "fournisseur stratégique de Huawei" et ayant priorité sur les autres fournisseurs », a ajouté le département du Commerce.

« Ces choix ont des conséquences : c'est la plus importante sanction administrative de l'histoire de notre agence (le BIS, ndlr) », a souligné un responsable du DoC, John Sonderman, cité dans le communiqué.

Et de rappeler : « Toute entreprise qui exportera vers une entité soumise à des restrictions doit s'assurer que son processus industriel n'intègre pas des technologies américaines dans ses produits. Si c'est le cas, elles doivent nous le signaler ».

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Dans un communiqué, le directeur général de Seagate, Dave Mosley, a estimé que « bien que nous pensions nous conformer aux réglementations lorsque nous avons réalisé ces ventes, nous avons jugé que parvenir à un accord avec le BIS était la meilleure chose à faire ».

Les sanctions américaines plombent les comptes de Huawei

Huawei est placé depuis 2019 sur la liste noire de l'administration américaine dans un contexte de rivalité technologique avec la Chine et de soupçons d'espionnage de Pékin. Cette mesure coupe le groupe du système d'exploitation Android de Google, présent sur l'immense majorité des smartphones du monde. Mais aussi des chaînes d'approvisionnement mondiales en composants : la firme a dû trouver de nouveaux canaux d'approvisionnement en semi-conducteurs, ces composants indispensables au fonctionnement des smartphones et autres appareils électroniques.

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Dans ce contexte, Huawei a annoncé fin mars un bénéfice net en baisse de près de 69% sur un an pour l'année 2022, à 35,6 milliards de yuans (4,7 milliards d'euros), contre 113,7 milliards de yuans un an plus tôt. Il s'agissait alors de sa meilleure performance historique.

Le chiffre d'affaires est en revanche en légère progression sur un an (+0,9%), à 642,3 milliards de yuans (85,8 milliards d'euros). En 2021, il s'était affiché en repli de plus de 28%.

Huawei n'a pas communiqué le détail du nombre de téléphones portables qu'il a vendus l'an dernier. La firme n'est pas cotée et n'est donc pas soumise aux mêmes obligations de transparence dans ses comptes ou de détails dans la publication de ses résultats que les groupes en Bourse.

Recentrage sur le marché chinois

Le géant chinois des télécoms est par ailleurs le premier équipementier mondial pour la 5G. Mais Washington a fait pression sur ses alliés pour qu'ils renoncent à la marque pour équiper leurs réseaux 5G, arguant que Pékin pourrait se servir de Huawei pour surveiller les communications. À ce sujet, le gouvernement allemand vient justement de décider de passer en revue tous les composants chinois présents dans les réseaux 5G de son pays. La possibilité d'une interdiction pour des raisons de sécurité n'est, à Berlin, plus un tabou.

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Huawei se recentre donc désormais sur le marché chinois et diversifie ses activités, notamment dans l'informatique en nuage ("cloud"), la voiture connectée ou encore la conception de puces. Basé à Shenzhen dans le sud de la Chine, le géant des télécoms compte quelque 207.000 employés et est présent dans plus de 170 pays.

(Avec AFP)

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