L'excellente tenue de l'emploi américain n'augure pas une baisse des taux prochaine

Les chiffres de l'emploi américain sont tombés en janvier... et ils sont bons. 353.000 emplois ont été crées d'après les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail. Une surprise pour les marchés financiers qui deviennent de plus en plus impatients quant à une future baisse des taux d'intérêts. D'autant que ces bons chiffres cachent une autre réalité : les suppressions d'emplois se sont succédées en janvier.
Ainsi, en janvier, 353.000 emplois ont été créés d'après les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail.
Ainsi, en janvier, 353.000 emplois ont été créés d'après les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail. (Crédits : ANDREW KELLY)

C'est une variable scrutée de près par les marchés financiers et elle a créé la surprise. L'emploi américain a surpassé les attentes en ce mois de janvier 2024 avec des créations d'emplois au-dessus des prévisions. Ainsi, en janvier, 353.000 emplois ont été créés d'après les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail. C'est deux fois plus qu'attendu, puisque les analystes anticipaient 175.000 créations seulement, selon le consensus de Briefing.com.

Des chiffres en légère hausse par rapport à décembre, dont les données ont pourtant été relevées, avec 333.000 emplois créés. Ceux de novembre ont aussi été revus, et, au total sur les deux derniers mois de 2023, cela représente 126.000 emplois de plus qu'initialement annoncé. Le taux de chômage, lui, est resté stable à 3,7%.

Alors que la campagne électorale bat son plein, ces résultats sont une aubaine pour le président démocrate Joe Biden. « L'économie américaine est la plus forte du monde », a-t-il alors clamé.

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Vers une baisse des taux ?

La croissance de l'emploi en janvier « a été exceptionnelle », commente Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics, dans une note. Les signaux, pourtant, semblaient annoncer un ralentissement. Les chiffres du seul secteur privé avaient ainsi montré un ralentissement des embauches, et une croissance des salaires ralentie, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.

Le rapport sur l'emploi américain a tendu nettement le marché obligataire.

« Il n'y a clairement rien qui indique que le ralentissement » de l'économie américaine « soit trop prononcé pour nécessiter une baisse des taux » à ce stade, commente Charlotte de Montpellier, économiste d'ING, qui ajoute qu'il y a même « encore des risques à la hausse qui subsistent sur l'inflation». « Aujourd'hui, une baisse des taux en mars n'est plus du tout à l'ordre du jour », conclut Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN AMRO Investment Solutions.

. En effet, la robustesse du marché de l'emploi américain l'an dernier a permis de soutenir l'activité et donc à empêcher la Fed de baisser ses taux. D'autant que les salaires ont eux, accéléré de 4,5% en janvier contre 4,1% le mois dernier, selon une note d'IG France publiée ce vendredi. De quoi rallumer « la question de la boucle salaire-prix », pointe Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France. « Face à cette surprise majeure, les anticipations de baisse de taux (via les Futures Fed Funds) pour la réunion de mars chutent en-dessous de 20% alors qu'elles continuaient d'évoluer aux alentours de 50% hier, au lendemain de la réunion de la Fed », note-t-il.

La Fed envisage plusieurs baisses de ses taux en 2024, ce qui lâchera du lest pour l'accès des ménages au crédit, et redonnera un peu de pouvoir d'achat. Son président Jerome Powell a cependant jugé mercredi « peu probable » d'atteindre d'ici la prochaine réunion, en mars, un « niveau de confiance » suffisant quant à la trajectoire de l'inflation pour entamer les baisses de taux à ce moment.

Malgré tout, même si le « marché du travail reste tendu », « les conditions d'offre et de demande continuent de se rééquilibrer », a commenté Jérome Powell. « Alors qu'il y a un an, nous pensions qu'il fallait un certain ralentissement de l'activité économique » pour faire baisser l'inflation, « cela n'a pas été le cas ». Cette fois, « nous ne cherchons pas à affaiblir le marché du travail », a-t-il néanmoins rassuré. L'inflation PCE, indice privilégié par la Fed et qu'elle veut ramener à 2%, a montré une évolution des prix hors énergie et alimentation de 2,9% sur un an en décembre, au plus bas depuis près de trois ans. Les marchés n'ont plus qu'à garder leur mal en patience.

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Suppressions d'emplois en vue

Si certains éléments montrent « la solidité remarquable du marché du travail », il y a aussi « des indicateurs de faiblesse préoccupants », nuance Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d'annonces d'emplois ZipRecruiter. Elle relève notamment que « la durée hebdomadaire moyenne du travail, est tombée à son niveau le plus bas depuis la récession » de 2020, liée à la crise du Covid-19, et, avant cela, depuis 2010.

Il s'agit selon elle d'un « signal d'alarme » avertissant que « des suppressions d'emplois pourraient être imminentes », car « les entreprises réduisent généralement les heures de travail avant de réduire la masse salariale ».

Et en effet, les suppressions d'emplois se sont accélérées en janvier. Une étude du cabinet de consultants Challenger, Gray & Christmas, publiée jeudi, en a comptabilisé plus de 82.000 annoncées ce mois-ci par les employeurs basés aux États-Unis. Des suppressions d'emploi liés principalement à la réduction des coûts. Qui plus est, l'approche de l'élection présidentielle de novembre pousse les entreprises à anticiper « d'éventuels changements politiques susceptibles d'avoir un impact sur leurs secteurs », a-t-il ajouté.

Dans le détail, le Los Angeles Times s'est séparé de plus d'un cinquième de sa rédaction, le groupe de messagerie et de livraison de colis UPS a quant à lui annoncé la suppression de 12.000 emplois sur les 500.000 de l'entreprise.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 03/02/2024 à 19:57
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@Beluga. Vous devriez partir à la pêche auprès de "John Williams - Shadow Government Statistics". Un site particulièrement instructif (de qualité et bien connu des analystes, des financiers et des économistes hétérodoxes) avec un service de newslette...

à écrit le 03/02/2024 à 9:31
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es suppressions d'emplois se sont succédé... Je pense Bonne journée

à écrit le 03/02/2024 à 8:56
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Une bonne idée, faire manger leurs freins aux mégas riches hystériques afin de leur couper leur destructeur appétit ! Mais ne vont ils pas finir par nous bouffer directement !? Vu lesm onstres qu'ils osnt devenus...

à écrit le 02/02/2024 à 19:02
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Surprise? Ben j'veux mon n'veu! Prêt à tout pour induire un assouplissement des taux au plus vite (question propagande et bidouille US, les régimes autoritaires - petits joueurs - vont devoir revoir leur copie face à l'Oncle Sam). En commençant par l...

le 03/02/2024 à 17:21
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Euh, texte copié et traduit du epochtimes, une publication bizarre d'un groupe extrêmement conservateur. Vous avez des lectures malsaines pour un prof d'université!

le 03/02/2024 à 19:33
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@Beluga. Évidemment, toutes mes sources et toutes mes connaissances académiques sont malsaines. Tout à l'instar de mes nombreux contacts. Et en plus je ne fais que du plagiat. Vous avez oublié de rajouter "complotiste".

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