
Comme attendu - suite à l'appel lancé début mai par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, à son gouvernement pour établir une stratégie de privatisation - l'Égypte va privatiser dix entreprises publiques, dont deux appartenant à l'armée. En parallèle, deux sociétés cotées en bourse vont être créées, absorbant « les sept principaux ports » égyptiens pour l'une et « les meilleurs hôtels du pays » pour l'autre, a indiqué le Premier ministre Moustafa Madbouli dimanche 15 mai. L'objectif de ces privatisations est de faire rentrer « dix milliards d'euros par an sur une période de quatre ans » dans les caisses de l'État, comme le souhaite le président Sissi.
Moustafa Madbouli a également indiqué que « l'autonomisation complète du secteur privé » horizon 2025 faisait partie de la stratégie du Caire pour faire face à la crise économique. Il a appelé de ses vœux « une participation du secteur privé dans les investissements totaux portée à 65% », soit plus du double des 30% actuels.
Pour beaucoup, l'État se livre à une concurrence déloyale envers le secteur privé. « L'État doit avoir un rôle de régulateur et ne pas être un actionnaire », déclarait ainsi en 2021 à l'AFP Naguib Sawiris, l'un des hommes les plus riches du pays.
Inflation galopante et dévaluation monétaire
L'Égypte se retrouve prise entre une inflation qui a atteint presque 15% en avril et une récente dévaluation de sa monnaie de près de 20% en raison de l'impact économique de la guerre en Ukraine et d'énormes dépenses publiques dans les infrastructures. Le pays est en effet le premier importateur mondial de blé. Il dépend de la Russie et de l'Ukraine pour 85% de son approvisionnement, ainsi que pour 73% des importations d'huile de tournesol.
L'inflation n'est néanmoins pas récente en Égypte. Elle ne cesse d'augmenter depuis le lancement en 2016 d'une austérité réclamée par le FMI en échange d'un prêt de 10,8 milliards d'euros avec à la clé une brusque dévaluation et une refonte des subventions sur les denrées essentielles. Les prix du pain et des céréales ont en tout cas augmenté de 11% depuis février et ceux de l'huile de 36,2% en un an, selon l'agence nationale des statistiques CAPMAS.
Face à cette situation, l'Arabie saoudite, grand allié du régime d'Abdel Fattah al-Sissi, a déposé cinq milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne. Moustafa Madbouli a indiqué dimanche qu'une partie de ces fonds serait redirigée vers des investissements directs.
Cette semaine, le comité monétaire de la Banque centrale égyptienne se réunira dans un contexte où beaucoup s'attendent à une nouvelle dévaluation en réaction à la hausse des taux d'intérêts de la Banque centrale américaine (Fed). Le Caire discute par ailleurs avec le Fonds monétaire international (FMI) un nouveau prêt alors que le budget du pays d'environ 160 milliards de dollars est grévé par une dette publique qui atteint 90% du PIB.
(Avec AFP)
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