La controverse ne retombe pas. Jakarta demande à l'Union européenne d'appliquer les normes indonésiennes de développement durable (dont ISPO) - en dépit des préoccupations sérieuses quant à leur crédibilité -, plutôt que la certification européenne plus stricte, proposée en avril dernier par le Parlement européen, selon des documents obtenus par l'AFP. Ces derniers sont estampillés "non destinés à la publication" et pour distribution seulement pour "le besoin de savoir".
Pour Jakarta, il y a une campagne de dénigrement contre l'huile de palme
En outre, l'archipel invite aussi l'UE a prendre des mesures visant à mettre fin aux messages sur l'huile de palme jugés "négatifs" par Jakarta, et aux campagnes contenant des informations "fallacieuses" sur "la santé et/ou l'environnement".
L'UE et l'Indonésie, première économie d'Asie du Sud-Est, sont actuellement dans un cycle de négociations commerciales avec des échanges évalués à quelque 35 milliards de dollars (28 milliards d'euros) par an. Un quatrième et peut-être dernier cycle touchant à de nombreux domaines englobant aussi les investissements et la propriété intellectuelle doit s'ouvrir lundi.
Vers une certification unique de l'huile de palme ?
Le cœur de cette controverse repose en effet sur la volonté de l'Union européenne de créer une "certification unique et obligatoire" n'autorisant que la mise sur le marché européen d'une huile de palme durable. Les certifications de type RSPO, ISPO ou MSPO seraient ainsi, de facto, jugées non conformes.
Signe d'un durcissement sur ce sujet, les eurodéputés avaient également adopté, en avril dernier, une résolution qui invitait la Commission européenne à "prendre des mesures pour faire progressivement cesser l'utilisation dans les biocarburants d'huiles végétales qui entraînent la déforestation, y compris l'huile de palme, de préférence d'ici à 2020."
Inquiétude des producteurs malaisiens
Le 16 janvier dernier, les eurodéputés se sont prononcés, à main levée, pour son "élimination progressive" dans les agrocarburants d'ici à 2021, en s'appuyant sur le constat d'une accélération de la production de cette graisse végétale depuis le début des années 2000, qui est à 46% destinée au secteur des transports.
En réaction, des centaines de producteurs malaisiens d'huile de palme avaient manifesté, prétextant que cette mesure détruirait les moyens de subsistance des populations locales.
(Avec AFP et Reuters)