C'est une mesure exceptionnelle à travers le monde, inédite au sein de l'Union européenne : l'Autriche a officiellement décrété la vaccination obligatoire pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Elle concerne tous Autrichiens de plus de 18 ans, qui devront se faire vacciner sous peine d'encourir une forte amende. Les montants varieront entre 600 à 3.600 euros, mais les sanctions seront levées si le contrevenant obtempère dans les deux semaines. Les premiers contrôles débuteront mi-mars, ce qui laisse un mois et demi aux non-vaccinés pour se régulariser.
L'entrée en vigueur de cette mesure, ce samedi, était attendue depuis l'adoption d'une loi par le Parlement autrichien le 20 janvier. C'est l'aboutissement d'un processus entamé en novembre face à la propagation fulgurante de la pandémie et au taux de vaccination relativement faible des Autrichiens. Seuls 69 % de la population sont vaccinés selon le ministère de la santé autrichien, soit 10 points de moins qu'en France et 20 de moins qu'en Espagne, en dépit de l'interdiction pour les non-vaccinés de se rendre dans des restaurants, lieux sportifs et culturels.
Une décision radicale et rare
Vienne a donc décidé d'opter pour la manière forte, se démarquant de ses partenaires européens. Dans l'Allemagne voisine, un projet similaire, défendu par le nouveau chancelier social-démocrate Olaf Scholz, a commencé à être débattu le 26 janvier au Bundestag. Mais il a pris du retard sur fond de divisions de la classe politique.
La mesure reste extrêmement rare à travers le monde. Avant l'Autriche, seuls quatre pays l'ont mis en place : l'Equateur, l'Indonésie et deux États autoritaires d'Asie centrale, le Tadjikistan et le Turkménistan. Un nombre croissant de pays préfèrent recourir au passe vaccinal pour certaines professions ou activités.
Pour l'instant, l'impact est faible sur les vaccinations. L'association humanitaire Arbeiter Samariter Bund, chargée de superviser les opérations, a constaté un frémissement ces derniers jours. "Nous avons enregistré une petite hausse d'environ 9% comparé à la semaine dernière", dit à l'AFP le responsable Michael Hausmann. Parmi les 7.000 injections administrées en moyenne quotidiennement à Vienne, 10% seulement sont des primo-vaccinés, précise-t-il.
Vives oppositions en dépit d'une majorité favorable
Au sein de la population, cette obligation est soutenue par plus de 60 % des Autrichiens d'après une récente enquête. Mais cela n'empêche pas de larges pans de la population d'y être fermement opposés : dans les semaines qui ont suivi son adoption, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour fustiger une mesure qualifiée de radicale et liberticide.
Des critiques ont aussi émergé sur le sens de cette loi face à la moindre gravité du variant Omicron et l'explosion du nombre de cas. Mais pour le ministre de la Santé Wolfgang Mückstein, il faut se préparer "à lutter contre les nouveaux variants" qui pourraient apparaître dans les mois à venir.