L'OCDE revoit ses prévisions de croissance à la hausse

La croissance mondiale du PIB devrait atteindre 3,5% en 2017 et 3,7% en 2018 contre 3% en 2016 selon l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Grégoire Normand
Pour l'OCDE, "Il faut redoubler d’efforts sur le front structurel pour soutenir la reprise qui s’esquisse dans l’investissement, remédier à la lenteur des gains de productivité et faire que les dividendes de la reprise profitent à tous".

L'embellie se confirme. Selon les dernières perspectives économiques publiées par l'OCDE ce mercredi, la dynamique de croissance de l'économie mondiale s'est accélérée au cours de l'année 2016 et du premier semestre 2017. Malgré des signes d'amélioration, l'institution internationale reste prudente. La cheffe économiste de l'OCDE Catherine L.Mann a ainsi déclaré :

"Les perspectives de croissance à court terme reposent sur une plus large assise et la phase d'expansion est prometteuse, mais gardons-nous de tout excès d'optimisme. [...] Il faut redoubler d'efforts sur le front structurel pour soutenir la reprise qui s'esquisse dans l'investissement, remédier à la lenteur des gains de productivité et faire que les dividendes de la reprise profitent à tous."

Des prévisions à la hausse

L'organisation prévoit que la croissance mondiale du PIB  devrait atteindre environ 3,5% en 2017 et 3,7% en 2018, contre 3% en 2016. Les prévisions ont même été légèrement revues à la hausse pour 2018 (+0,1 point) par rapport aux prévisions de juin dernier. Cette dynamique de croissance s'explique en partie par un rebond de la production industrielle, une hausse de la consommation, des investissements et des échanges commerciaux depuis le second semestre 2016. Une tendance confirmée par l'Organisation du commerce mondiale qui vient également "de revoir nettement à la hausse ses prévisions de croissance du commerce pour 2017, suite à l'accélération marquée de la croissance du commerce mondial au premier semestre de l'année". Les dépenses des entreprises dans les technologies ont également été évaluées à la hausse. Ces perspectives se rapprochent ainsi de celles des économistes de la Direction générale du Trésor qui ont récemment indiqué :

"Après deux années de ralentissement, l'activité mondiale accélèrerait en 2017 pour atteindre +3,6 %, portée à la fois par les économies avancées et émergentes, puis elle continuerait au même rythme en 2018."

Une croissance incertaine en zone euro

Les économistes du château de la Muette ont noté que dans la zone euro, la croissance du PIB a dépassé les attentes au premier semestre 2017. Dans l'union monétaire, la croissance devrait s'élever à 2,1% en 2017 (+0,3 point par rapport à juin). Cette amélioration est en partie due à une baisse du chômage. "Le taux de chômage est tombé à 9.1 % en juillet 2017, soit le niveau le plus faible enregistré depuis 2009." La reprise est également tirée par des dépenses de consommation en hausse, une augmentation des exportations et une politique monétaire accommodante. Mais cette reprise pourrait être de courte durée. En effet, les chiffres présentés dans le document pour la zone euro illustrent une baisse du PIB prévue pour 2018 (1,9% contre 2,1% en 2017). La consolidation de la croissance à long terme reste donc très incertaine.

Des perspectives optimistes pour la France

En ce qui concerne la France, les projections économiques sont relativement optimistes. "En France, la croissance se consolide, soutenue par la consommation et l'investissement. Et le chômage - qui affichait des niveaux élevés - a amorcé une décrue". Pour l'OCDE, les réformes du marché du travail et de la fiscalité prévues par le gouvernement Philippe pourraient "favoriser une croissance plus forte et plus inclusive et contribuer à la création d'emplois."

Du côté de l'Allemagne, l'activité s'est accélérée plus vite que prévu au premier semestre 2017, la confiance des entreprises est bien installée et les investissements en biens d'équipement sont repartis à la hausse. En revanche, les experts de l'organisation ne font à aucun moment référence aux risques de déséquilibres au sein de la zone euro que pourraient provoquer les excédents budgétaires de Berlin.

> Lire aussi : Pourquoi l'utilisation de l'excédent public allemand décidera de l'avenir de la zone euro

Au Royaume-Uni, les perspectives sont bien plus incertaines. L'OCDE explique que "le ralentissement de l'activité s'est poursuivi en raison du fléchissement de la croissance de la consommation et de l'investissement". Pour 2017, le PIB devrait s'élever à 1,6% en 2017 et 1% en 2018 après 1,8% en 2016. Cette contraction de l'activité devrait donc se poursuivre l'année prochaine en raison des incertitudes qui demeurent quant à l'issue des négociations sur le retrait de l'Union européenne.

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Une croissance soutenue aux Etats-Unis

De l'autre côté de l'Atlantique, le rebond de la croissance est soutenue par une hausse des dépenses de consommation et de l'investissement des entreprises. Les créations d'emploi sont restées solides mais l'institution reste prudente sur l'avenir en raison notamment de la politique économique et des réformes fiscales menées par la président Trump. "Il est encore difficile d'évaluer dans quelle mesure la détente budgétaire et les réformes réglementaires pourront impulser un élan supplémentaire en 2018."

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Des contrastes pour les BRIC

Les perspectives pour la Chine, l'Inde, le Brésil et la Russie sont divergentes. Pour la Chine, la croissance devrait encore être robuste (+6,8% en 2017) grâce notamment aux investissements publics dans les infrastructures. En revanche, la croissance chinoise devrait être plus modérée en 2018 "compte tenu de la diminution des mesures de relance et de la poursuite des efforts engagés pour stabiliser l'endettement des entreprises et rééquilibrer l'économie".

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Du côté de Moscou, les prévisions sont bien plus optimistes. Après une année 2016 difficile (-0,2% de croissance), l'activité accélère rapidement (2% pour le PIB en 2017 et 2,1% pour 2018). "La hausse des prix du pétrole et la baisse des taux d'intérêt" ont stimulé la croissance à court terme alors que les salaires ont augmenté. Au Brésil, la reprise est loin d'être confirmée. "L'assouplissement de la politique monétaire contribue à une reprise progressive, et le repli marqué de l'inflation soutient la confiance des consommateurs" mais les perspectives de croissance à moyen terme devraient dépendre des réformes qui seront déployés, notamment celle concernant les pensions de retraites.

Enfin pour l'Inde, les prévisions ont été revues à la baisse. Après une croissance de 7,1% en 2016, le PIB devrait s'élever à 6,7% en 2017 avec un abaissement des projections de 0,6 point. Les auteurs de l'étude expliquent que les baisses de prévision sont en partie dues "aux effets temporaires de la démonétisation et du déploiement de la taxe sur les produits et services (TPS) [qui sont intervenus] dans un contexte de faiblesse persistante de l'investissement des entreprises". A plus long terme, "la TPS devrait stimuler l'investissement, la productivité et la croissance" indique l'OCDE.

> Pour aller plus loin, lire la tribune de Charles Walsh, analyste/gérant de fonds marchés émergents asiatiques chez Mirabaud Asset Management : Le chaos économique en Inde, après la "démonétisation" des gros billets

L'enjeu des économies émergentes

Pour renforcer une croissance mondiale encore fragile, l'institution internationale note que "la consolidation durable de la croissance dans les économies de marché émergentes sera déterminante pour retrouver des taux de croissance mondiale plus élevés à long terme." L'OCDE explique que "la croissance des échanges a été particulièrement forte début 2017, en partie en raison de la conjoncture chinoise, elle a, à nouveau, fléchi au deuxième trimestre et reste inférieure à sa tendance de long terme au regard de la croissance du PIB". Les économistes préconisent donc d'accélérer les investissements dans ces économies émergentes pour affermir les échanges et la croissance.

> Lire aussi : Economie mondiale : l'ONU préconise un nouveau plan Marshall

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 21/09/2017 à 15:21
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L'économie redémarre, elle n'attend même pas les réformes de Macron , pas sympa. Allez, un petit effort, les rentrées fiscales vont augmenter, plus la peine d'augmenter la CSG , le chômage va baisser. Les richissimes retraités , les fonctionnaires ,...

le 21/09/2017 à 15:40
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Si pour vous se contenter de surfer les cycles économiques et d'atteindre 8% de chômage au mieux est la panacée, surtout ne changeons rien !

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