L'isolement de Trump menace son agenda économique

Lâché par de grands patrons et plusieurs conseillers économiques, Donald Trump se retrouve en difficulté pour mener à bien son grand projet de réforme fiscale et son plan d'investissement dans les infrastructures.
Grégoire Normand
Lors de son élection, le président Trump avait pourtant bénéficié de la confiance des milieux économiques.

Donald Trump paraît de plus en plus isolé à la Maison Blanche. Après le départ du très controversé conseiller Steven Bannon, le milliardaire Carl Icahn a déclaré vendredi qu'il renonçait à ses fonctions de conseiller du président américain sur les questions de régulation financière. Ce dernier avait pour mission de conseiller le chef de l'État sur les moyens de "se débarrasser des régulations destructrices d'emplois qui freinent la croissance économique."

Agé de 81 ans, Carl Icahn est considéré comme l'un des financiers les plus réputés de Wall Street. Crédits : Reuters.

Lire son portrait Trump nomme Carl Icahn, partisan de la dérégulation... pour réguler l'économie

La multiplication de ces départs pourrait provoquer de sérieuses difficultés dans l'application des réformes économiques de l'exécutif américain.

Deux comités dissous

Plus tôt dans la semaine, le refus de Donald Trump de condamner fermement les manifestants xénophobes d'extrême droite qui s'étaient rassemblés à Charlottesville en Virginie - une personne est décédée après qu'un militant est rentré dans la foule avec son véhicule - a poussé plusieurs PDG à annoncer leur démission du conseil sur l'industrie.  A la suite de cette annonce,  Donald Trump a décidé de dissoudre deux comités qui l'accompagnaient sur les questions économiques.

"Plutôt que de mettre la pression sur les membres du conseil sur l'industrie et du forum de stratégie et de politique, je mets fin aux deux. Merci à tous."

"Les conseils en eux-mêmes n'avaient pas vraiment d'importance mais c'est la caution morale de Wall Street et des milieux de l'industrie qui s'est envolée", a estimé Gregori Volokhine, stratégiste chez Meeschaert Financial Services. "Plus Trump se coupe les ailes, plus il va lui être difficile de faire adopter des réformes vraiment importantes au niveau économique", a-t-il ajouté.

Des rumeurs persistantes

Plusieurs rumeurs ont ensuite circulé sur une possible démission du principal conseiller économique du président américain, Gary Cohn. Or ce dernier, qui était le numéro deux de la très influente banque d'affaires Goldman Sachs avant de rejoindre l'équipe présidentielle, est considéré comme un pilier des projets de réformes économiques à venir, censés porter entre autres sur la fiscalité des ménages et des entreprises et un grand plan d'investissement dans les infrastructures.

Plusieurs responsables à la Maison-Blanche ont multiplié les démentis en fin de semaine dernière pour réduire la propagation de ces rumeurs. Malgré différents communiqués pour diminuer les spéculations de départ, "les espoirs d'une politique de relance fiscale agressive par l'administration [...] s'amenuisent à chaque controverse, à chaque scandale au sein de la Maison-Blanche", a estimé Omer Esiner, analyste chez Commonwealth Foreign Exchange.

La menace d'un recul des marchés

Tous ces départs et rumeurs ont eu un impact sur les marchés. "Le gros de la baisse est venu de la peur que le conseiller économique le plus rationnel de l'administration soit sur le point de démissionner", a expliqué à l'AFP Chris Low de FTN Financial.

A Wall Street, la Bourse de New York a subi jeudi dernier sa plus forte baisse depuis trois mois. L'indice Dow Jones a connu un recul de 1,24 % tandis que le Nasdaq 100, qui correspond à l'indice des 100 plus grandes entreprises non financières cotées au Nasdaq, a chuté de 2,05 %.

"Quand ce type d'affaire est étalé dans le temps, le marché peut les assimiler mais quand on enchaîne une nouvelle après l'autre cela commence à avoir un effet négatif sur le marché", a également ajouté Tom Cahill de Ventura Wealth Management.

Un soutien décisif de la majorité républicaine

Pour tenter de sortir de ce marasme, l'ancien général et directeur de cabinet de Trump John Kelly "est chargé de mener des efforts pour rétablir de l'ordre à la Maison Blanche et rassurer les responsables républicains" selon plusieurs officiels interrogés par le Financial Times.  Et l'enjeu est de taille. Les débats parlementaires sur le budget américain et la réforme fiscale doivent débuter à l'automne. Sans un soutien clair de sa majorité au Congrès pour faire passer ces textes décisifs, le président américain pourrait se retrouver une nouvelle fois dans l'impasse avant la fin de l'année.

> Lire aussi : Fiscalité : Trump promet "la plus grande baisse d'impôts de l'histoire"

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 21/08/2017 à 22:50
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Le Trump bashing fait rage dans les médias gauchos/bobos et les élites européennes. Ceux qui se gargarisent déjà du départ de D. Trump devraient lire plutôt cet article dans Dreuz.info et intitulé: " Oh que non ! Trump n'est pas du tout fini !" Ils ...

à écrit le 21/08/2017 à 17:22
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L'isolement des anti -Trump en Europe ...devient de une réalité boomerang. ..;-)

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