L'Opep augmente sa production pariant sur un faible impact de Omicron sur la demande

Lors de leur réunion de ce mardi à Vienne, l'Opep et ses alliés, Russie en tête, ont sans surprise entériné l'augmentation de 400.000 barils par jour en février, considérant que l'impact du variant Omicron sur l'économie mondiale sera faible. Les producteurs bénéficient d'un prix du baril qui évolue ces dernières semaines entre 75 et 80 dollars le baril, selon la référence.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

La réunion ce mardi à Vienne des pays membres de l'Opep+ (Opep + Russie et autres pays exportateurs) se tenait sous les meilleurs auspices. Depuis la chute des cours à près de 20 dollars en avril 2020 dans le sillage du confinement mondial pour faire face à la crise sanitaire entraînée par l'apparition du Covid-19, les prix du baril sont revenus évoluer autour des 80 dollars (voir ci-dessous le graphique sur l'évolution du Brent, la référence européenne).

Dans ces conditions, et sans grande surprise, l'augmentation de 400.000 barils par jour du quota de production en février prochain, qui était à l'ordre du jour, a été entérinée. Elle traduit le fait que les 19 pays producteurs concernés considèrent que l'impact du variant Omicron sur l'économie mondiale, et donc sur la demande de pétrole, sera faible. Ce volume est le même que celui qu'ils avaient ajouté à la mi-2021.

Évolution du prix du Brent depuis 5 ans

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Brent

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La décision a été d'autant plus facile à prendre qu'elle reste en partie théorique car de nombreux pays membres n'arrivent pas à atteindre leurs quotas respectifs. Dans son rapport mensuel de décembre, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) notait qu'en novembre, les 19 membres de l'Opep+ avaient pompé 650.000 bj de moins que leur quota théorique, certains pays producteurs comme le Nigeria, l'Angola, la Malaisie et l'Azerbaïdjan faisant face à des problèmes opérationnels et, plus structurellement, à une baisse naturelle du taux d'extraction de certains gisements.

Le retour du pétrole américain

En outre, l'agence précise que l'Opep+ ne représentait que 450.000 barils par jour de la forte augmentation de l'offre enregistrée en novembre, de l'ordre de 970.000 bj. Le restant est dû en large part aux États-Unis où le rythme des forages s'est accéléré, ainsi qu'au Canada et au Brésil qui renouent avec leurs niveaux maximum de production.

Quant aux fondamentaux du marché, l'AIE estime que l'augmentation de la demande pétrolière en 2021 s'est établie à 5,4 millions de barils par jour (mbj) pour atteindre 96,19 mbj. Elle prévoit qu'elle sera de 3,3 mbj en 2022 pour s'afficher à 99,53 mbj, revenant ainsi à son niveau de 2019, année d'avant la pandémie.

L'offre mondiale de pétrole pourrait augmenter de 6,4 mbj en 2022, après avoir progressé de 1,5 mbj en 2021.

Un autre critère que scrutent les experts de l'Opep est l'état des stocks pétroliers dans les pays de l'OCDE. Le fait que nombre de pays aient puisé dans leurs inventaires stratégiques pour calmer la hausse des cours durant les derniers mois de 2021 en raison de la crise énergétique a fait passer le niveau des stocks sous la moyenne des cinq dernières années, offrant donc une demande potentielle pour leur reconstitution durant 2022.

Une aubaine pour les pays producteurs et les "majors"

Finalement, et malgré la pression exercée pour la réduction de son utilisation dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, le pétrole est l'un des grands gagnants de l'année 2021. L'Opep et les autres exportateurs de brut en ont profité, de même que les majors pétrolières, à l'image du MSCI World Energy Index (qui regroupe 50 majors cotées en Bourse), qui a progressé en 2021 de quelque 40%. Non seulement les prix du baril de brut ont atteint en 2021 des niveaux inédits depuis 2014, s'installant au-dessus des 80 dollars, mais les volumes ont augmenté durant l'année écoulée.

Ainsi, l'Arabie Saoudite a affiché son premier excédent budgétaire depuis 2013, et prévoit une hausse de ses revenus pétroliers de 10% en 2022. Last but not least, comme les autre pays producteurs du Golfe, elle aura vu le président américain Joe Biden les remercier après les avoir suppliés d'augmenter la production pour calmer les prix de l'essence aux États-Unis qui alimentent l'inflation et... la colère des automobilistes, qui sont aussi des électeurs.

Robert Jules
Commentaires 4
à écrit le 05/01/2022 à 20:17
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Et Le Maire doit se frotter les mains: la "reprise" de l'économie lui garantit des rentrées fiscales sur les carburants supérieures aux prévisions, et il ne déboursera qu'une centaine d'euros aux quelques rares bénéficiaires du chèque-énergie.

à écrit le 05/01/2022 à 9:06
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Oui oui voilà la loi de l'offre et de la demande de la main invisible qu'on vous dit ! ^^

à écrit le 04/01/2022 à 21:21
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"pariant sur un faible impact de Omicron ", mais ils sont fous ! Quel pari risqué !

à écrit le 04/01/2022 à 19:42
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a long terme le prix va quand meme s'envoler; vu qu'on a dit qu'il fallait sortir du petrole en 2025, les investissements vont aller au tas........et ceux qui ont hurle qu'il fallait arreter en 2025 vont hurler que la production doit augmenter car le...

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