Le prince héritier Cheikh Mechaal désigné nouvel émir du Koweït

Le prince héritier du Koweït, Cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, âgé de 83 ans, a été désigné nouvel émir du pays samedi après le décès de son prédécesseur, Cheikh Nawaf, a annoncé la télévision d'Etat.
(Crédits : EDUARDO MUNOZ)

L'émir du Koweït, Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, est décédé samedi à l'âge de 86 ans, comme annoncé par le Palais, après un mandat de trois ans caractérisé par des tensions politiques récurrentes à la tête de ce pays du Golfe, riche en pétrole.

« Nous sommes profondément attristés par le décès de Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, émir de l'État du Koweït », a rapporté un communiqué diffusé par la télévision d'État koweïtienne, interrompant ses programmes pour diffuser des versets du Coran.

En novembre, Cheikh Nawaf avait été hospitalisé en raison d'une urgence de santé, selon l'agence de presse officielle KUNA, sans détails précis sur sa maladie. Étant donné son âge, sa santé avait souvent été une préoccupation pendant son mandat.

« Incertitudes »

Son état était alors considéré comme stable. Le Koweït, riche État pétrolier du Golfe, traverse depuis plusieurs années une crise profonde opposant les pouvoirs exécutif et législatif, compromettant les espoirs de réformes.

Le prince héritier actuel, Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, demi-frère de l'émir, a 83 ans. La question actuelle est de savoir si la famille royale optera pour un dirigeant plus jeune.

Le décès de Cheikh Nawaf et l'âge avancé de son successeur suscitent des incertitudes dans un pays marqué par des divisions internes au sein de la famille Al-Sabah, certains membres accusant d'autres de corruption ou de conspiration.

La Constitution koweïtienne stipule que le souverain doit être un descendant du fondateur de la nation, Moubarak Al-Sabah. Cependant, une tradition d'alternance entre les branches familiales des Salem et des Jaber a longtemps prévalu.

L'ancien émir, Cheikh Sabah, de la branche des Jaber, avait rompu avec cette tradition en nommant comme prince héritier Cheikh Nawaf, un autre Jaber, écartant ainsi la branche des Salem.

Le Koweït, pays conservateur où les postes de souveraineté sont concentrés au sein de la famille Al-Sabah, abrite pourtant le Parlement le plus actif et le plus puissant du Golfe.

Malgré ses réserves pétrolières considérables, le Koweït, confronté à une instabilité politique, peine à progresser dans les réformes et le développement des infrastructures, à l'instar de ses voisins plus politiquement verrouillés, notamment le Qatar, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Le conflit récurrent entre l'exécutif et les parlementaires a engendré une succession de changements de gouvernement et la dissolution du Parlement à de multiples reprises ces dernières années.

Au début du mois d'avril, cette petite monarchie a constitué son septième gouvernement en trois ans. Peu de temps après, l'émir du Koweït a dissous le Parlement et appelé à de nouvelles élections législatives.

Habituellement en retrait de la vie politique, l'émir Nawaf al-Ahmad Al-Sabah laissait souvent place au prince héritier, Cheikh Mechaal.

Les 4,5 millions d'habitants de ce pays expriment régulièrement leur mécontentement face à la dégradation des infrastructures et des services publics, dans l'un des principaux pays exportateurs de pétrole au monde, détenant près de 7% des réserves mondiales de pétrole.

Cheikh Nawaf, six décennies au coeur du pouvoir du Koweït

Cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah n'a dirigé le Koweït que pendant trois ans, mais il a joué un rôle central durant six décennies dans la conduite tumultueuse des affaires de ce petit pays pétrolier.

Décédé samedi à l'âge de 86 ans, cheikh Nawaf a occupé de multiples postes de responsabilité à Koweït, la capitale de ce pays de 4,2 millions d'habitants, dont 1,3 million de Koweitiens.

Il a notamment été ministre de la Défense lors de l'invasion du pays par l'Irak en 1990, déclenchant l'intervention d'une alliance militaire menée par les États-Unis, qui a mis fin à l'occupation.

Il a également exercé la fonction de ministre de l'Intérieur pendant la période de troubles où les forces de sécurité koweïtiennes ont affronté les islamistes armés en 2005.

Grâce à son style discret, il a su naviguer au milieu des soubresauts de la politique koweïtienne, marquée par des querelles récurrentes entre le gouvernement et le Parlement.

Né en 1937, cheikh Nawaf était le cinquième fils de l'ancien émir cheikh Ahmad al-Jaber Al-Sabah (1921-1950). Il a entamé sa carrière politique à l'âge de 25 ans en tant que gouverneur de la province de Hawalli avant de se lancer dans une carrière ministérielle.

Désigné prince héritier en 2006, il a pris la succession de son demi-frère, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, à la suite du décès de ce dernier à l'âge de 91 ans en septembre 2020.

Au cours de son règne, cheikh Nawaf a dû faire face à une crise économique due à la chute des prix du pétrole, ayant entraîné une dégradation de la notation souveraine du pays par les agences de notation en 2020.

Sur le plan diplomatique, il a maintenu le statu quo, choisissant de ne pas établir de relations avec Israël, contrairement à ses voisins de Bahreïn et des Émirats arabes unis.

Il a également préservé des relations équilibrées avec l'Arabie saoudite et l'Iran, les deux grands rivaux de la région.

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