Un nouveau scandale éclabousse doublement le 45e président des États-Unis. À quelques minutes d'intervalle le 21 août, le président Trump a vu son discours sur la "chasse aux sorcières" dont il ferait l'objet sérieusement écorné par la condamnation de son ancien directeur de campagne, Paul Manafort, pour fraudes fiscale et bancaire, et la décision de son ex-avocat, Michael Cohen, de plaider coupable pour plusieurs délits, notamment pour fraude fiscale, escroquerie bancaire et violation des lois sur le financement des campagnes électorales.
Deux affaires encombrantes
Sur la base de 388 pièces à conviction et les témoignages de 27 personnes, les enquêteurs ont dépeint Paul Manafort comme un fraudeur fiscal qui s'est servi de comptes offshore pour dissimuler une partie importante des 60 millions de dollars qu'il a gagnés en travaillant pour des politiciens pro-russes en Ukraine. L'enquête démontre aussi qu'il a menti aux banques pour obtenir des prêts lorsqu'il avait moins de travail en 2014 et qu'il avait besoin d'argent.
L'issue de l'audience représente au final une victoire, bien qu'incomplète - le jury n'ayant pas pu se mettre d'accord sur 10 des 18 chefs d'inculpation -, pour le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur une éventuelle collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et Moscou.
Le juge T.S. Ellis a donné à l'accusation jusqu'au 29 août pour décider s'ils voulaient juger à nouveau Paul Manafort pour les chefs d'inculpation sur lesquels les jurés ne sont pas parvenus à s'accorder.
Des paiements pour "faire taire deux femmes"
Quant à Michael Cohen, qui comparaissait devant un tribunal fédéral de Manhattan, il a aussi déclaré sous serment qu'il avait acheté le silence de deux femmes qui disaient avoir eu une liaison avec le milliardaire, à la demande de ce dernier et "avec l'intention d'influencer l'élection" présidentielle de 2016.
L'un, d'un montant de 130.000 dollars, était destiné à l'actrice et réalisatrice de films pornographiques Stormy Daniels. Ce n'est pas une surprise : en février, Michael Cohen avait lui-même reconnu avoir versé cette somme, sans pour autant en dire plus sur la raison de la transaction qu'il juge "légale". L'autre, de 150.000 dollars, a été fait à l'ancienne mannequin de Playboy, Karen McDougal. Fin juillet, une conversation enregistrée en 2016 par Cohen et dans laquelle lui et Donald Trump parlent d'acheter le silence de Karen McDougal avait étonnamment fuité dans la presse.
Sa déclaration contredit donc la ligne de défense de Donald Trump selon laquelle les paiements ont été effectués pour épargner une situation embarrassante à sa famille et non pour influencer l'élection. Michael Cohen, ayant plaidé coupable, pourrait se voir condamner à cinq ans et trois mois de prison au maximum. Le magistrat rendra sa décision le 12 décembre prochain et a fixé à 500.000 dollars le prix de la caution pour une remise en liberté.
La base électorale de Trump toujours aussi solide
Les enquêtes d'opinion Ispos/Reuters montrent que la cote de popularité de Trump se maintient autour de 40% depuis son arrivée à la Maison blanche, quels que soient les événements extérieurs. Nombre de commentateurs disent donc douter que les dernières affaires judiciaires changent la donne.
"Je ne crois pas que cela va avoir le moindre effet", dit Larry Sabato, directeur du Center for Politics de l'université de Virginie. "C'est ce qui est incroyable. La base électorale de Trump et pour ainsi dire tout le parti républicain s'en moquent complètement. Les sondages me donneront raison."
(avec Reuters)