Emploi : la reprise est loin de profiter à tous les immigrés

Si le taux de chômage des immigrés dans les pays développés a diminué en 2017, leur insertion professionnelle reste toujours complexe selon l'OCDE.
Grégoire Normand
L’édition 2018 du rapport de l'OCDE sur les migrations internationales souligne que le taux d’emploi des immigrés dans les pays de l’OCDE est en hausse de 1 point de pourcentage par rapport à 2016, à 67,1%. Cette amélioration entre 2016 et 2017 a été plus marquée pour les femmes, dont les taux moyens de participation et d’emploi ont augmenté plus rapidement que ceux des hommes.
L’édition 2018 du rapport de l'OCDE sur les migrations internationales souligne que le taux d’emploi des immigrés dans les pays de l’OCDE est en hausse de 1 point de pourcentage par rapport à 2016, à 67,1%. Cette amélioration entre 2016 et 2017 a été plus marquée pour les femmes, dont les taux moyens de participation et d’emploi ont augmenté plus rapidement que ceux des hommes. (Crédits : © Robert Galbraith / Reuters)

L'embellie économique est loin de profiter à toute la population immigrée dans les pays développés. Selon un rapport de l'OCDE relatif aux perspectives des migrations internationales en 2018 publié mercredi 20 juin, de graves inégalités demeurent dans une grande partie de l'Europe alors que la zone euro a connu un taux de croissance de 2,6% en 2017. Ces populations sont souvent confrontées à des difficultés d'insertion sur le marché du travail. Alors qu'une rencontre sur l'immigration entre plusieurs pays européens dont la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche aura lieu dimanche 24 juin, ce document devrait alimenter les débats sur l'insertion complexe des migrants sur le marché du travail européen.

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Une situation meilleure

Selon les auteurs du rapport, l'amélioration de la conjoncture économique dans la zone OCDE a été profitable à la situation des immigrés sur le marché du travail. Dans l'ensemble des pays développés, le taux de chômage des immigrés est passé en moyenne de 10,8% en 2016 à 9,5% en 2017 et leur taux d'emploi est passé de 65,7% à 67,1%. Cette amélioration est particulièrement visible dans l'Union européenne. "Ainsi, les taux de chômage des personnes nées à l'étranger ont diminué de 3 points de pourcentage environ en République tchèque, en Estonie et en Lettonie, et de 2 points de pourcentage environ dans plusieurs autres pays de l'UE."  En revanche, dans les pays non européens membres de l'OCDE (l'Australie, le Canada et les Etats-Unis), le taux de chômage n'a pas connu de changement significatif.

La situation critique de l'Europe du Sud

Une décennie après la crise économique, les pays du sud de l'Europe, plus durement frappés, demeurent confrontés à des difficultés importantes sur le marché du travail. Dans cette zone, le chômage a quand même bien diminué après avoir culminé en 2013 mais il reste à des niveaux bien supérieurs à ceux rencontrés avant la crise.

"Les immigrés ont non seulement été particulièrement touchés par la récession économique, mais leur situation s'est redressée plus lentement que celle des personnes nées dans le pays."

 A titre d'exemple, seuls les immigrés au Portugal affichaient des taux d'emploi supérieurs ou égaux à ceux de 2008, alors qu'en Espagne et en Grèce, les taux d'emploi des immigrés restent inférieurs de 8 et 11 points de pourcentage respectivement à ceux de 2008.

Des différences en fonction des pays d'origine

Si la conjoncture économique peut avoir un impact important sur la situation des travailleurs immigrés, leur pays d'origine peut également avoir une influence sur l'insertion professionnelle de cette population. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer de telles divergences. Les caractéristiques individuelles telles que le niveau d'éducation, l'âge, la connaissance de la langue ou la durée de résidence dans le pays d'accueil peuvent avoir un impact considérable sur les chances d'insertion sur le marché du travail. Il peut également exister de fortes différences sur la valeur des diplômes entre les pays. Enfin, l'institution internationale indique que pour des raisons historiques, culturelles ou socio-économiques, il peut exister des réseaux favorables ou défavorables mais également des discriminations à l'embauche. Dans l'Union européenne à 28, les immigrés originaires d'Afrique du Nord (23,3%) sont par exemple bien plus touchés par le chômage que ceux originaires d'Asie (7,5%).

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L'impact limité des réfugiés sur le marché du travail

La hausse récente du nombre de demandeurs d'asile et de réfugiés en Europe suscite de nombreuses controverses sur le plan politique et économique. Plusieurs pays à l'image de l'Italie veulent appliquer un durcissement des politiques migratoires afin de contenir les flux. En France, l'extrême droite évoque régulièrement le coût de l'immigration pour limiter les flux. Pour éclairer les enjeux de tels mouvements migratoires, l'OCDE a procédé à une évaluation de l'impact économique de l'arrivée de ces populations sur le Vieux continent. Si il est encore difficile d'avoir des résultats définitifs en raison du caractère récent des arrivées, l'examen des précédentes crises migratoires a montré que ces effets seraient probablement limités.

"Si les réfugiés récents possèdent un profil d'intégration sur le marché du travail similaire à celui des réfugiés précédents, les effets globaux de l'afflux récent sur le marché du travail sont susceptibles d'être restreints et progressifs [...] Sur la base de ce qui a été observé par le passé dans l'ensemble des pays européens, l'effet modeste sur l'offre de travail exclut probablement tout risque d'impact négatif considérable des flux récents sur le marché du travail."

 A l'heure où l'Europe se divise profondément sur la politique migratoire, les réfugiés continuent d'affluer à un rythme, certes moindre, mais les mouvements migratoires ne devraient pas s'arrêter. La nécessité de trouver une solution européenne devient urgente.

Grégoire Normand
Commentaires 7
à écrit le 24/06/2018 à 15:32
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Le luxembourg: Pas moins de 46,7 % de la population y est étrangère en 2016 (contre plus ou moins 8 % en France et 10 % en Belgique), sans que cela ne provoque de troubles particuliers.

à écrit le 24/06/2018 à 15:27
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Le Luxembourg : Pas moins de 46,7 % de la population y est étrangère en 2016 (contre plus ou moins 8 % en France et 10 % en Belgique), sans que cela ne provoque de troubles particuliers.

à écrit le 22/06/2018 à 15:46
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oui , je comprends que ça «  repousse ». cependant les politiques sociales de l’époque ont contribué à «  ces lieux dit de non- droit » par un entassement dans les dortoirs sans mixité ( fuite des populations vers l’extérieur des banlieues)sans éd...

à écrit le 22/06/2018 à 10:48
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Pour mesurer le «  taux de discrimination » : il y a un calcul à faire , dans tous les pays Européens : prendre le nombre des «  expatriés » vers d’autres pays et le «  taux d’Européens » qui ont voyagé une fois dans leur vie dans le monde . En g...

le 22/06/2018 à 11:08
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que les habitants de Visegrad voyagent (faut dire qu'ils en ont été longtemps privés pour cause de communisme). Leur phobie de l'immigration résulte peut être de ce qu'ils ont pu voir se jouer dans ceux des pays e...

le 22/06/2018 à 18:53
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La France est le pays qui a la plus importante communauté musulmane d'Europe (au moins 15 millions) et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est devenu un vrai problème. Des sociétés parallèles se sont constituées, avec leurs propres règles, leur...

le 22/06/2018 à 20:56
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@ Fredo 4 710 000 en France 4 110 000 en Allemagne il est évident que les valeurs devraient être compatible avec la République - état.

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