LA TRIBUNE DIMANCHE - Après un an de vacance du poste, vous prenez vos fonctions d'ambassadrice en France à un moment tragique de l'histoire d'Israël. Quelles sont vos priorités ?
ALONA FISHER-KAMM - Je suis en France en tant que chargée d'affaires, pour assurer le travail continu et sans arrêt de l'ambassade dans ce moment très difficile que nous vivons. La France a toujours eu une importance particulière aux yeux d'Israël. Ce n'est pas une guerre comme les autres, et il est important pour moi de poursuivre ici les relations diplomatiques que nous avons avec la France, basées sur des intérêts communs et une réelle solidarité. Il y a toujours eu un lien particulier entre nos deux pays, encore plus aujourd'hui après le massacre du 7 octobre, ou 40 Français ont perdu la vie et d'autres sont encore retenus en otages.
« Il est important pour moi de poursuivre ici les relations diplomatiques que nous avons avec la France, basées sur des intérêts communs et une réelle solidarité »
Aujourd'hui, les négociations pour libérer les otages et obtenir un cessez-le-feu marquent-elles un tournant pour le gouvernement israélien, qui promettait d'éradiquer le Hamas au lendemain des attaques terroristes du 7 octobre ayant fait 1 200 victimes ?
Je ne pense pas. Cette guerre, c'est le Hamas qui l'a provoquée et nos objectifs sont clairs depuis le début : le retour de tous les otages chez eux et l'éradication du Hamas. Nous ferons tout ce qu'il faut pour atteindre nos deux objectifs, malgré le prix qu'il faudra payer. Le Hamas fait partie du problème et pas de la solution. Il est impératif de gagner cette guerre pour avoir un nouvel horizon dans cette région ensanglantée depuis trop longtemps.
Avez-vous des contacts avec les familles d'otages français ?
Le gouvernement israélien est en contact avec l'ensemble des familles d'otages, y compris avec les familles franco-israéliennes. Nous travaillons tous les jours pour obtenir la libération des otages. L'attente est interminable et insoutenable pour ces familles et plus largement pour tous les Israéliens, et je pense pour l'ensemble de la communauté internationale.
L'entretien du président Emmanuel Macron à la BBC a contrarié le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Quelles sont aujourd'hui les relations entre la France et Israël ?
Nous avons toujours eu de très bonnes relations avec la France, c'est l'un de nos principaux alliés et nous l'avons bien vu avec les nombreuses visites de solidarité en Israël depuis le 7 octobre. Le président Emmanuel Macron et l'ensemble du gouvernement soutiennent l'idée que nous avons le droit légitime de nous défendre. Je crois qu'il y a peu de pays qui comprennent mieux que la France la signification qu'un pays démocratique a de lutter contre un régime tyrannique et terroriste et la nécessité de le vaincre.
La France connaît une recrudescence d'actes antisémites. Cela peut-il favoriser de nouveaux départs vers Israël ? Comment analysez-vous ce phénomène ?
Malheureusement, depuis le début de cette guerre, nous constatons une augmentation des actes antisémites dans le monde et notamment en France. Tout d'abord, je souhaite féliciter les autorités françaises, qui prennent très au sérieux ces menaces, envoient des messages déterminés et protègent la communauté juive de France. Je suis arrivée en France le jour de la marche républicaine contre l'antisémitisme et j'étais très marquée de voir des citoyens et citoyennes français ensemble et solidaires pour défendre des valeurs communes. Effectivement, l'antisémitisme, tout comme le terrorisme, nuit non seulement aux Juifs, mais ruine les valeurs démocratiques et libérales qui nous sont chères à tous.