Plombé par des grèves massives, le Royaume-Uni voit son PIB stagner en février

Alors qu'il avait progressé en janvier, le PIB britannique a stagné en février. En cause notamment les nombreuses grèves qui touchent le pays depuis plusieurs mois réclamant des hausses de salaire. Des mouvements face auxquels le gouvernement reste inflexible affirmant la nécessité de maintenir une rigueur budgétaire.
Depuis l'été dernier, les mouvements sociaux se multiplient au Royaume-Uni pour réclamer une hausse des salaires, notamment dans le secteur de l'enseignement et de la santé.
Depuis l'été dernier, les mouvements sociaux se multiplient au Royaume-Uni pour réclamer une hausse des salaires, notamment dans le secteur de l'enseignement et de la santé. (Crédits : Reuters)

Les nombreux mouvements de grève qui secouent le Royaume-Uni depuis plusieurs mois ne sont pas sans conséquences sur l'activité du pays. Son produit intérieur brut (PIB) a stagné en février, selon les résultats publiés, ce jeudi 13 avril, par l'Office national des statistiques (ONS), contrairement à ce qu'attendaient les économistes qui tablaient sur une petite progression.

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En janvier, le PIB avait progressé de 0,4%, un chiffre révisé légèrement à la hausse et qui constituait un rebond marqué après un recul de 0,5% en décembre. En février, peinant toutefois à retrouver son niveau pré-pandémie de Covid-19, contrairement à ce qui se passe dans d'autres économies du G7, le PIB britannique était 0,3% au-dessus de ses niveaux de février 2020 après ces révisions des périodes précédentes, selon l'ONS.

L'économie a pâti « des grèves des salariés du secteur public et des enseignants » pour les salaires et « d'une météo clémente pour la saison qui a conduit à une baisse de la consommation d'électricité et de gaz », a relevé sur Twitter Darren Morgan, directeur des statistiques économiques de l'ONS.

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Grèves massives pour des hausses de salaire

Depuis l'été dernier, les mouvements sociaux se multiplient au Royaume-Uni pour réclamer une hausse des salaires. Ces derniers mois, la contestation s'est encore durcie. Le 1er février dernier, le pays a, notamment, enregistré sa plus forte mobilisation depuis 2011, selon la fédération syndicale TUC, avec près de 500.000 travailleurs britanniques sont en grève. Parmi eux figuraient près de 200.000 personnels du système éducatif. Le secteur de l'enseignement est, en effet, particulièrement mobilisé, tout comme les cheminots, les policiers aux frontières, mais aussi, et surtout, le personnel de santé.

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Le 11 avril, ce sont les internes, ces « junior doctors », qui représentent environ la moitié des médecins hospitaliers, allant de jeunes médecins tout juste sortis de l'université à des praticiens avec plus de huit ans d'expérience, qui ont débuté une grève de quatre jours. Le syndicat BMA, qui les représente, estime que ces médecins ont perdu 26% de rémunération, en termes réels, depuis 2008, quand une cure d'austérité a été imposée aux services de santé. Il demande donc une augmentation de 35% des salaires, ce que le ministre de la Santé, Steve Barclay, a qualifié d' « irréaliste ».

Car, malgré la durée et l'intensité des mouvements de grève, le gouvernement de Rishi Sunak persiste et se montre inflexible face aux revendications. « J'adorerais avoir une baguette magique et pouvoir tous vous payer plus », mais ce serait « la mauvaise chose à faire », avait ainsi affirmé le Premier ministre en début d'année face à des infirmières, considérant qu'une hausse des salaires à la hauteur de l'inflation - qui dépassent toujours 10% - provoquerait « un cercle vicieux » qui alimenterait la hausse des prix. Comme lui, les membres du gouvernement opposent l'argument du sérieux budgétaire aux grévistes.

Vers un service minimum pendant les grèves ?

En janvier, le gouvernement britannique a d'ailleurs confirmé travailler sur une loi visant à instaurer un service minimum dans plusieurs secteurs de l'économie pour contrer les conséquences des grèves.

« Il doit y avoir un niveau minimum de sécurité sur lequel la population peut compter, même en cas de grève, en particulier dans le secteur de la santé (...). Les autres économies modernes européennes ont toutes des niveaux de sécurité minimum (...), et nous les introduirons dans la loi maintenant également », avait ainsi déclaré sur plusieurs médias le ministre des Entreprises, Grant Shapps.

Cette mesure « s'appliquera dans de nombreux secteurs différents de l'économie », avait-il précisé, ajoutant que le projet de loi sera présenté « rapidement » au Parlement. « Ce que nous allons faire, c'est donner le pouvoir (au législateur) de l'imposer si c'est nécessaire », avait-il ajouté.

Une mesure qui pourrait ne pas remporter l'adhésion des Britanniques, nombreux à soutenir les grévistes. En février encore, la population déclarait majoritairement approuver le mouvement social et ses motivations : à 65% pour la grève des infirmières, à 62% pour les ambulanciers, 55% pour les pompiers et 49% pour les enseignants.

Vers une légère progression pour le reste de l'année

En dépit du coup d'arrêt surprise de la croissance du PIB en février, les économistes se montrent optimistes pour le reste de l'année et s'attendent à une légère progression. En effet, le secteur de la construction « a fortement progressé » et les ventes de détail ont été « dynamiques » en février, relève Darren Morgan, de l'ONS. D'autant que, sur une plus longue période, l'activité économique britannique a continué à progresser, de 0,1% sur les trois mois terminés en janvier, comparé aux trois mois précédents, a relevé l'ONS.

Le pays a d'ailleurs évité de justesse la récession fin 2022, et le gouvernement estime que celle-ci évitera de nouveau la « récession technique », dont la définition généralement admise est de deux trimestres consécutifs de contraction, cette année. De son côté, le FMI estime toutefois que l'économie britannique sera en récession cette année bien que celle-ci sera finalement moins sévère que prévu, selon ses projections publiées ce mardi.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 13/04/2023 à 12:48
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Pas de commentaires des super futés qui ont poussé au Brexit, et qui soutenaient le supposé futur succès de cette "opération spéciale", et ceci sans argumentations sérieusement étayées ?

le 13/04/2023 à 14:17
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Ca aurait été pire si l'Angleterre n'était pas sortie de l'Europe

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