[Article publié le mardi 29 août 2023 à 08h12 et mis à jour à 14h40] C'est l'une des rares avancées depuis que des hauts responsables américains se rendent en Chine dans le sillage d'Antony Blinken, chef de la diplomatie, qui y avait effectué un déplacement en juin, le premier d'un diplomate américain en près de cinq ans.
La visite en cours de la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo à Pékin s'est traduite lundi par la création d'un groupe de travail qui aura pour lourde tâche d'aplanir les différends commerciaux qui opposent Chine et Etats-Unis. Il doit « chercher des solutions sur les questions commerciales et d'investissement et faire avancer les intérêts commerciaux américains en Chine », souligne le ministère du Commerce américain.
Ce groupe devait se réunir pour la première fois mardi, selon Washington et ensuite « deux fois par an à l'échelon vice-ministériel ». Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a déclaré ce mardi à la secrétaire américaine au Commerce que la politisation des questions commerciales par les États-Unis aurait un « impact désastreux », a rapporté l'agence de presse officielle Xinhua.
« La politisation des questions économiques et commerciales et l'extension excessive du concept de sécurité affecteront non seulement sérieusement les relations bilatérales et la confiance mutuelle, mais porteront également atteinte aux intérêts des entreprises et des peuples des deux pays, et auront un impact désastreux sur l'économie mondiale », a déclaré Li Qiang, selon Xinhua.
Gina Raimondo avait fait part lundi à son homologue chinois Wang Wentao de « l'importance d'assurer des lignes de communication ouvertes entre les Etats-Unis et la Chine », selon le compte-rendu américain de la rencontre. L'entretien a duré 4h30, selon les médias chinois.
Les « vives préoccupations » de la Chine
Ce groupe aura du pain sur la planche. La Chine a profité de cette rencontre pour évoquer ses « vives préoccupations » à propos des restrictions commerciales américaines qui visent ses entreprises et lister tous ses griefs. « Les mesures unilatérales et protectionnistes vont à l'encontre des règles du marché et du principe de concurrence loyale », a souligné le ministre chinois du Commerce, qui évoque notamment les restrictions américaines visant les semi-conducteurs, que Washington juge cruciales pour préserver sa sécurité nationale. Cela « ne fera que nuire à la stabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales » a-t-il insisté.
Wang Wentao « a fait part de ses vives préoccupations concernant les surtaxes douanières des Etats-Unis (...), leur politique en matière de semi-conducteurs, les restrictions aux investissements bilatéraux, les subventions discriminatoires et les sanctions à l'encontre des entreprises chinoises », a rapporté l'agence de presse Chine nouvelle.
Lors de cet entretien, Gina Raimondo, quant à elle, a jugé que les relations économiques entre les deux pays étaient « les plus importantes au monde ». Mais « il s'agit d'une relation compliquée, une relation difficile », a-t-elle relevé. « Nous serons bien sûr en désaccord sur certaines questions, mais je pense que nous pouvons aller de l'avant si nous sommes directs, ouverts et pragmatiques », a estimé la secrétaire d'Etat, qui se rend mardi soir à Shanghai avant son retour à Washington, mercredi.
« Faire plus, ensemble », face aux problèmes de la planète
Gina Raimondo a aussi estimé que les Etats-Unis et la Chine doivent « faire plus, ensemble », face aux problèmes de la planète. Citant, lors d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Li Qiang, des sujets suscitant l'inquiétude mondiale, « comme le changement climatique, l'intelligence artificielle, la crise du fentanyl, » elle a déclaré : « je pense que le monde s'attend à ce que nous en fassions plus, ensemble, pour résoudre ces problèmes. »
Les Etats-Unis prévoient de déployer des milliers de drones au cours des deux prochaines années afin de contrer l'avantage de la Chine en termes d'effectifs et de matériel militaire. Le principal atout de Pékin est « l'effet de masse. Plus de navires. Plus de missiles. Plus de personnes » a déclaré Kathleen Hicks, ministre adjointe à la Défense, lors d'une conférence à Washington. « Nous contrerons l'armée chinoise sur le terrain de la quantité, mais la nôtre sera plus difficile à prévoir, plus difficile à frapper, plus difficile à battre », a déclaré la numéro deux du Pentagone. L'armée américaine veut déployer des milliers de drones, « dans de multiples domaines », dans les 18 à 24 prochains mois, a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis, qui ont reconnu sur le plan diplomatique la République populaire de Chine en 1979, restent cependant l'allié le plus puissant de Taïwan ainsi que son principal fournisseur d'armes. Pékin considère l'île comme faisant partie de son territoire et n'exclut pas de la reprendre un jour, par la force si nécessaire.Pour contrer l'armée chinoise, les Etats-Unis comptent sur les drones
(avec AFP)
