Les Français vont-ils dépenser l'épargne accumulée durant la crise sanitaire (près de 80 milliards d'euros d'après un décompte de la Banque de France fin juillet) ? Et, si oui, vont-ils consommer autrement ? Pour l'heure, rien n'est moins sûr, avec 50% des Français qui estiment que la pandémie n'a eu et n'aura aucun impact sur leurs habitudes de consommation, selon un sondage commandé par l'entreprise Tomra à l'institut Kantar et réalisé auprès de 4.000 personnes dans 4 pays européens (France, Royaume-Uni, Allemagne, Norvège).
La proportion est quasiment la même en Norvège (51%), tandis que chez les voisins allemands, cette certitude sur l'impact nul augmente sensiblement (63%). Au Royaume-Uni, c'est l'inverse : près des deux tiers des répondants disent observer et anticiper un changement de comportement dans leurs habitudes de consommation, à cause de la Covid-19.
« Avec la pandémie, nombreux sont les européens à avoir pris conscience de la nécessité de consommer de manière plus durable pour préserver les ressources de la planète. Toutefois [...], les gens n'ont jusqu'alors que peu appliqué cette idée dans leur vie quotidienne », résument les auteurs de l'étude.
Des disparités selon l'âge
Les volontés de changement diffèrent toutefois selon la tranche d'âge interrogée. Ainsi, les 18-29 ans sont visiblement plus aptes au changement que les plus de 60 ans, puisqu'ils sont près de 60% à estimer que leur comportement de consommation a changé à la faveur de la crise sanitaire et pourrait évoluer à l'avenir, contre 37% pour leurs aînés.
Fait positif : une grande majorité de Français (71%) évite le plastique au moment de faire leurs courses. C'est moins qu'au Royaume-Uni (72%) et en Allemagne (75%), mais mieux que la Norvège (56%), qui arrive dernière.
Pour autant, la moitié des Français interrogés disent ne pas être prêts à « payer plus cher des biens fabriqués ou emballés de façon plus durable ». Là aussi, l'âge entre en considération : « Dans tous les pays, plus la tranche d'âge interrogée est élevée, moins elle est disposée à payer - seuls les plus de 60 ans sont légèrement moins regardants », pointe l'étude.
« Les participants à l'étude en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et en Norvège semblent également comprendre l'énorme potentiel que représente le recyclage, et une majorité écrasante - 94 % - s'accorde à penser que le thème du recyclage deviendra plus prégnant à l'avenir, ou du moins ne perdra en rien de son importance. », ajoute l'institut.
Des dépenses de consommation stabilisées
Après avoir bondi en mai et en juin à la sortie du confinement, les dépenses de consommation des ménages en France se sont finalement stabilisées en juillet (+0,5%), selon des données de l'Insee. La consommation des ménages retrouve ainsi « quasiment » son niveau de novembre 2019, a résumé l'Institut.
Les dépenses qui ont connu la plus forte augmentation par rapport à juin concernent l'énergie (+4,5%), et en particulier la consommation de carburants qui a fortement augmenté, toujours par rapport à juin (+9,1%). Les dépenses en habillement-textile ont également connu une hausse, plus modérée cependant (+1,3%).
Des soldes d'été décevants à Paris
Cette reprise des dépenses de consommation n'aura pas bénéficié aux soldes d'été, jugés décevants selon un panel de commerçants sondés par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI).
Avec « un panier moyen en baisse [selon 72% des commerçants] » et des stocks élevés, « au final, le résultat des soldes d'été est très décevant pour 79% des commerçants parisiens », révèle la CCI dans un communiqué.
L'enquête a été menée auprès de 300 commerçants parisiens du 28 au 31 juillet 2020, complétée par une centaine d'entretiens en face-à-face.
Le commerce en ligne, grand gagnant de la Covid-19
La Covid-19 et le confinement ont par ailleurs accéléré l'ancrage du commerce en ligne dans les habitudes de consommation. C'est simple: « l'e-commerce a augmenté de 41% en seulement trois mois, contre une croissance de 22% en 2020 », expliquait fin juillet Kantar. « En France, au Royaume-Uni, en Espagne et en Chine, la part de marché moyenne est passée de 8,8% à 12,4%. ».
Des alternatives responsables émergent
Reste à savoir l'utilisation qui est faite du commerce en ligne. L'édition 2019 du Black Friday, un symbole de surconsommation, a par exemple battu des records de ventes en France et ailleurs dans le monde.
Du côté des acteurs engagés, la résistance s'organise. Ainsi, la quatrième édition du Green Friday, qui se veut être une alternative responsable et raisonnée au Black Friday, se tiendra le même jour que ce dernier, soit le 27 novembre prochain.
« Les entreprises adhérentes du collectif s'engagent à ne pas proposer de réductions à leurs clients. Elles s'engagent également à reverser 10% de leur chiffre d'affaires de la journée au profit d'associations engagées sélectionnées par le collectif », expliquent les organisateurs dans un communiqué.
(Avec AFP)