Décidément, en macronie, les « Monsieur retraite » sont souvent rattrapés par les affaires. Mediapart a révélé vendredi qu'Olivier Dussopt est soupçonné d'avoir reçu deux lithographies du peintre Gérard Garouste alors qu'il était député-maire d'Annonay en Ardèche. Ces deux tableaux provenaient d'un patron local de la Saur, un groupe français de traitement de l'eau, alors qu'un contrat entre la commune et cette société était en passe d'être signé. Ce contrat négocié depuis 2016, avait été finalement signé en juin 2017.
Le Ministre dément toute accusation
Olivier Dussopt avait alors expliqué ne pas avoir déclaré ces tableaux reçus à la déontologue de l'Assemblée nationale - comme le veut le règlement pour tout présent d'un montant supérieur à 150 euros. Un manquement, justifié, selon l'élu, par le fait qu'il ignorait la valeur des lithographies. Le ministre assure aussi avoir rendu les tableaux à son généreux donateur.
Il n'empêche, le parquet national financier, le PNF, a retenu une infraction de favoritisme. Au départ, l'enquête s'était penchée sur de possibles faits de « corruption », et de« prise illégale d'intérêts ». Mais elle n'a pas retenu ses deux griefs. Le ministre était alors secrétaire dEtat à la fonction publique.
Pour Mediapart, qui a révélé l'affaire, les explications d'Olivier Dussopt sont toutefois un peu courtes, dans la mesure où selon le titre, « les échanges entre Olivier Dussopt et la Saur, laissent peu de doutes sur l'existence d'un arrangement autour d'un marché public dans les années 2010.»
Par ailleurs, ces révélations déjà anciennes, datent du printemps 2020. Ce samedi, Olivier Dussopt a toutefois assuré que son seul souhait était « de convaincre et d'expliquer comment les choses se sont passées ». Il conteste tout arrangement et se dit résolu à convaincre de sa bonne foi.
Vers une nouvelle affaire Delevoye ?
Reste que cela fait écho à l'affaire Delevoye. Le haut commissaire chargé, en 2019 de la réforme des retraites, et notamment de la mise en place d'un système par points avait dû se retirer de la vie politique après avoir oublié de mentionner des mandats dans sa déclaration à l'autorité de la transparence. Le Covid était passé par là, mais cette démission avait éclaboussé la macronie. Et laissé trace.
Aujourd'hui, le contexte n'est pas tout à fait le même. Mais, il n'est pas plus facile politiquement, loin de là. Le gouvernement cherche tant bien que mal à faire passer sa réforme des retraites, qui marquera le passage d'un âge légal de 62 à 64 Ans.
Ces révélations ne manquent pas de fragiliser le ministre qui se trouve en toute première ligne pour porter cette réforme tant décriée. Surtout, lundi, celui-ci devra affronter l'Assemblée pour présenter et défendre son texte devant les députés. L'opposition, déjà, s'engouffre dans la brèche. La semaine prochaine, deux nouvelles journées de mobilisation, mardi 7 et samedi 11 février, sont prévues par les syndicats.
Ce samedi, la macronie fait bloc autour d'Olivier Dussopt. Selon son cabinet, la Première ministre lui apporte son soutien. Jusqu'à quand ?
