PODCAST La taxe carbone aux frontières arrive, va-t-elle protéger l’industrie européenne dans sa transition verte ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. La taxe carbone aux frontières (à ne pas confondre avec la taxe carbone qui a fait se révolter il y a cinq ans les Gilets Jaunes) vient d'entrer dans une phase de test. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Mike Blake)


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La taxe carbone aux frontières est ce mécanisme d'ajustement carbone aux frontières créé en avril dernier et destiné à protéger nos industries dans leur chemin vertueux de décarbonation. Elle est entrée en vigueur dimanche dans une étape déclarative. Une sorte d'application à blanc avant le démarrage réel prévu en 2026.

Les entreprises européennes doivent désormais déclarer leurs importations depuis l'étranger des matières premières les plus polluantes, notamment l'acier et l'aluminium, et évaluer les émissions de CO2 que leur production a générées. Des émissions qui, à partir de 2026, seront imposées par cette taxe carbone aux frontières. Cette mesure a pour but d'inciter l'ensemble des industriels, d'Europe et d'ailleurs, à investir pour limiter leurs émissions de CO2.

Plus de deux ans d'expérimentation... c'est très long !

L'Europe marche sur des œufs : l'objectif est de nous protéger sans provoquer une guerre commerciale qui ne ferait que des perdants. Il s'agit de rester dans le cadre des règles du commerce international, mais de rétablir une juste concurrence prenant en compte l'impact environnemental des produits. Ces deux années de test vont permettre de mesurer le "juste prix" des émissions de carbone dans les importations. Le mécanisme montera ensuite en charge doucement, jusqu'en 2034, en parallèle de la réforme du marché des quotas carbone.

Concrètement, l'importateur d'acier chinois ou de ciment turc devra déclarer les émissions lors de la production et si elles dépassent le standard européen, acquérir un certificat au prix du CO2 dans l'Union européenne.

Si un marché de quotas carbone existe dans le pays de production, mais avec un prix du carbone moins élevé qu'en Europe, comme c'est le cas actuellement en Chine et dans certains États américains, l'importateur paiera la différence.

L'idée est simple : rendre équivalent le fait de produire de l'acier en Europe ou en dehors et inciter nos partenaires commerciaux à renforcer leur action climatique, en relevant le prix du CO2. Cette taxe pourrait rapporter environ 3 milliards d'euros en 2030 à l'échelle de l'Union européenne.

Deux risques demeurent :

  • celui de renchérir le coût de notre propre transition verte, car on va devoir importer beaucoup de produits pour nos propres usines.
  • celui de provoquer des mesures de rétorsion de la part de la Chine ou d'autres pays.

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Philippe Mabille
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