Immobilier : le nombre de permis de construire a atteint sont plus bas depuis 30 ans

Le nombre de permis de construire a continué sa baisse inexorable en mars, avec 358.600 logements autorisés à la construction. C'est la première fois depuis 1992 que l'activité est aussi faible selon la Fédération française du bâtiment. Les conséquences pour l'emploi commencent à se faire ressentir puisque plusieurs promoteurs ont annoncé des plans sociaux.
En mars sur un an, les maisons individuelles ont obtenu 129.200 autorisations (-22,2%) et les logements collectifs 229.300 autorisations (-18,4%).
En mars sur un an, les maisons individuelles ont obtenu 129.200 autorisations (-22,2%) et les logements collectifs 229.300 autorisations (-18,4%). (Crédits : Reuters)

Le nombre de permis de construire a été historiquement bas le mois dernier. Ainsi, 358.600 logements ont été autorisés à la construction entre avril 2023 et mars 2024, soit 19,8% de moins que sur les 12 mois précédents, selon les statistiques publiées par le ministère de la Transition écologique ce mardi. Il faut remonter à 1992 pour trouver une activité aussi faible, d'après la Fédération française du bâtiment (FFB).

Ces données sont le reflet d'une profonde crise de la construction, comme de l'ensemble de la filière du logement. Elle résulte en partie des chocs extérieurs : les prix des matériaux de construction ont flambé depuis la pandémie de Covid et cette situation s'est aggravée avec la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine. À cela s'ajoute la remontée des taux d'intérêt, résultant de la politique de resserrement monétaire pour lutter contre l'inflation, qui a entamé la capacité des ménages à investir dans l'immobilier.

Le gouvernement est en outre régulièrement accusé de faire des économies budgétaires sur le logement, en réduisant progressivement des dispositifs de soutien à la construction (prêt à taux zéro, niche fiscale Pinel, financement du logement social...). Enfin, les normes environnementales plus strictes, visant à construire des bâtiments moins énergivores et plus adaptés au réchauffement climatiques, ont aussi rendu la construction plus coûteuse, selon les organisations patronales.

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Individuels ou collectifs, tous les types logements à la peine

Dans le détail, les maisons individuelles ont obtenu 129.200 autorisations (-22,2%). Ce segment est encore plus lourdement touché qu'il n'y paraît, car le nombre de permis pour ces logements continue de s'éroder mois après mois. Une explication peut être trouvée dans la fin du prêt à taux zéro pour les maisons individuelles, le gouvernement souhaitant moins encourager ce mode d'habitat, qui accentue l'étalement urbain aux conséquences environnementales délétères.

Les logements collectifs ont aussi fait l'objet d'un nombre d'autorisations en chute, bien que la baisse se stabilise : -18,4% sur un an en mars, avec de 229.300 autorisations. Les résidences (étudiantes, seniors, etc) tirent un peu leur épingle du jeu avec un recul de « seulement » 8,8%.

Du côté des régions, les Hauts-de-France et la Bretagne s'en sortent un peu mieux que les autres, avec des reculs de respectivement 4,8% et 8,7%. Les régions les plus tendues, Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur, ont connu des diminutions sensibles du nombre des permis délivrés avec respectivement -26,1% et -28,8%.

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Le nombre de chantiers commencés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, a également continué de plonger, avec 283.200 mises en chantier entre avril 2023 et mars 2024, soit une baisse de 23,3%. Un nombre lui aussi historiquement bas. Le ministère de la Transition écologique prévient cependant que ce dernier chiffre est davantage sujet à caution du fait d'une collecte de données plus parcellaire.

Des centaines de milliers d'emplois sur la sellette

Cette chute de l'activité a évidemment des conséquences au niveau des emplois. « C'est catastrophique », a alerté le président de la FFB, Olivier Salleron. La fédération table sur 90.000 suppressions d'emplois en 2024 dans l'ensemble du secteur, puis 150.000 mi-2025. Et si la crise perdure, ce sont même 300.000 emplois, tous métiers compris, qui pourraient être détruits dans la construction, d'après cet organisme et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

« Le bâtiment, c'est un paquebot : quand il avance, il entraîne tout le monde. Aujourd'hui, le paquebot est arrêté, et il va falloir des années pour le relancer », a-t-il prévenu, ne voyant d'ailleurs « pas de rebond avant fin 2026 ».

Plusieurs promoteurs immobiliers ont récemment annoncé des plans sociaux. À l'instar de Nexity, leader en France, qui prévoit de supprimer 502 postes. Chez son concurrent Bouygues, 225 postes devraient disparaître dans la filiale immobilière, bien que l'entreprise ait assuré que seront privilégiés « le volontariat et le reclassement interne ». Vinci Immobilier, de son côté, va aussi faire un plan social, non chiffré pour l'heure. Dans le même temps, de plus petits acteurs déposent le bilan.

Pour répondre à la crise du manque de logements, le gouvernement a présenté mi-mars une série de mesures, dont des mesures de simplification de normes. Le ministre du logement, Guillaume Kasbarian, a alors indiqué avoir dans l'optique « d'ici au mois de juin » de « présenter un projet de loi ».

(Avec AFP)

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Commentaires 9
à écrit le 03/05/2024 à 11:12
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Et la Tribune a atteint sont plus bas en orthographe depuis 30 ans aussi.

à écrit le 30/04/2024 à 17:54
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Quand le bâtiment va tout va, c'est dire si çà va mal !

le 30/04/2024 à 20:18
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@Ménon : c'est surtout la droite qui dit ça car sa clientèle électorale est essentiellement constituée de retraités multi-propriétaires et d'intermédiaires prospérant sur les transactions immobilières (banquiers, notaires, agents immobiliers...)

à écrit le 30/04/2024 à 17:32
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En fait, ça fait plus de 20 ans que la croissance en France est principalement tirée par l'inflation immobilière favorisée par les politiques monétaires et budgétaires très accommodantes, mais ce n'était pas un modèle pérenne, d'une part car sur le l...

à écrit le 30/04/2024 à 16:53
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ah ben m... alors!!! il va falloir revendre le Bmw x6 tout neuf!!!!!!!!!! he, apres des annees ou ils ont bien exploite le filon de l'argent gratuit avec des prix stratospherqiques ( le pompon etant ' le covid ukrainien' ou certains artisans refactur...

à écrit le 30/04/2024 à 16:48
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"Les conséquences pour l'emploi commencent à se faire ressentir puisque plusieurs promoteurs ont annoncé des plans sociaux. " Fini les "métiers en tension" dans ce secteur ,donc.

à écrit le 30/04/2024 à 13:23
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Le ZAN : cette "couillonade "n'arrange pas non plus les affaires de l'immobilier.

le 30/04/2024 à 15:20
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"les affaires de l'immobilier " ou les affaires des promoteurs et des banques ? En ce qui concerne les Zan il y a des millions de mètres carrés de friches industrielles qui ne demandent qu'à être réhabilités .

à écrit le 30/04/2024 à 13:13
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Les annonces immobilières qui pullulent sur Facebook et ailleurs sont grotesques. Des studios à partir de 240 000 € dans des quartiers très moyens, avec une qualité de construction moyenne, produits à la chaîne pas les promoteurs. Il y a un moment...

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