Nos enfants et les écrans: ce sera un des débats du printemps. Les conclusions du groupe d'experts chargé de plancher sur le sujet, mis en place par Emmanuel Macron cet hiver, sont attendues ce printemps. Le chef de l'État a choisi de s'emparer de cette question personnellement.
Sans attendre, deux députés LR ont décidé de monter en première ligne. Annie Genevard et Antoine Vermorel-Marques déposeront demain une proposition de loi visant à réguler l'usage des écrans (téléphone, tablette, télévision) en présence des enfants de moins de 3 ans. Pour cela, la députée du Doubs et son collègue de la Loire avancent des mesures très concrètes. Ils veulent que toute exposition aux écrans soit désormais interdite pour les moins de 3 ans gardés par une assistante maternelle ou en crèche. Ils souhaitent par ailleurs que leur usage soit restreint pour le personnel encadrant dans les crèches, ainsi que les assistantes maternelles. Dans cette optique, concernant ces dernières, ils proposent d'ajouter un critère supplémentaire précisant ces nouvelles règles à la liste de ceux conditionnant l'agrément qui leur est délivré par les conseils départementaux.
« Il faut trouver une réponse législative à un phénomène de société. Ce n'est jamais simple, mais il y a une forme d'urgence, estime Annie Genevard. On sait désormais que l'exposition aux écrans a des impacts considérables sur la sociabilité de l'enfant et crée une addiction qui ne fera que croître. Il y a un devoir de protection. » « Un écran éteint, c'est la découverte pour un jeune enfant de ce qui l'entoure et de l'usage des cinq sens. C'est une connexion au réel plutôt qu'à l'irréel. Il faut aller beaucoup plus loin pour les moins de 3 ans, avance Antoine Vermorel-Marques. Jusqu'à présent, il n'y a eu que des politiques de sensibilisation mises en place. » C'était par exemple le cas de la proposition de loi de la députée Renaissance Caroline Janvier en 2023.
Conséquences sur l'apprentissage de la lecture
Avec leur texte, les deux élus LR, qui se défendent de stigmatiser une profession, entendent remplir un vide. Pour eux, les conséquences de l'exposition des plus petits aux écrans commencent à être mesurées. Et elles sont inquiétantes. Annie Genevard pointe les dégradations qu'elle suscite sur l'apprentissage de la lecture. « Un enfant durant toute sa scolarité en maternelle [trois années] aura en moyenne passé mille heures devant un écran, soit l'équivalent d'une année de scolarité », rappelle la députée du Doubs. Antoine Vermorel-Marques, lui, a déjà en tête d'autres propositions pour « provoquer un électrochoc » : l'instauration de parcs et jardins sans écran, comme il y en existe sans tabac, ou la création d'un logo « interdit aux moins de 3 ans » qui figurerait sur les écrans, comme il en existe pour les moins de 16 ou 18 ans...
Dans cette initiative, il voit aussi un avantage pour son camp. « La droite a toujours porté comme priorité la protection de l'enfance et la politique familiale. C'est une nouvelle manière de les explorer. Cela nous permet de montrer qu'on est une droite qui sait se renouveler et réfléchir sur des sujets de demain », précise le député de la Loire, 31 ans.
