C'est une mauvaise nouvelle pour les Insoumis. L'Union des démocrates musulmans français (UDMF) s'apprête à déposer début mai une liste pour les élections européennes, comme elle l'avait déjà fait en 2019. Baptisée Free Palestine Party, elle résulte d'une coalition avec cinq autres pays : l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et l'Allemagne. Des discussions sont en cours avec des représentants des musulmans en Grèce. En France, la liste, qui défend un positionnement antisioniste et anti-impérialiste, sera menée par Nagib Azergui, le président de l'UDMF.
En deuxième position figurera Mounia Bouguerra, chargée des relations internationales au sein de l'UDMF et qui se définit comme une « militante antiraciste ». On trouve aussi Jamal Rouchdi, ancien candidat aux élections législatives de 2022 à Strasbourg (Bas-Rhin), pour le parti Égalité républicaine et sociale (ERS) ainsi que Nordine Gasmi, conseiller municipal à Vaulx-en-Velin (Rhône), qui avait tenté sa chance aux dernières législatives et contre lequel trois ans d'inéligibilité ont été requis fin mars par le tribunal judiciaire de Lyon pour « provocation à la haine ».
La naissance de cette liste est aussi le symptôme d'une désillusion à l'endroit des Insoumis, qui défendent eux-mêmes la cause palestinienne, et de la gauche de manière plus générale. « Jean-Luc Mélenchon est un acteur et un bras droit du PS, qui à son époque était très attractif dans les quartiers. Le discours de François Hollande était très offensif mais tout le monde a bien compris qu'il ne s'agissait là que de supercheries », estime Nagib Azergui, qui parle de « l'accord de comptoir de la Nupes, qui a trahi les quartiers populaires ».
La liste Free Palestine Party dénonce « le génocide en cours à Gaza », « la politique d'apartheid et l'idéologie d'extrême droite d'Israël ». Nagib Azergui plaide pour mettre tout le monde autour de la table, « le Hamas comme Israël », afin de trouver un accord de paix. « Il y a un occupant et un occupé, pose le président de l'UDMF. Tout ce qu'on entend inverse ce rapport de force et l'Union européenne porte une grosse responsabilité là-dedans. » La liste défend « une solution à un seul État avec un Parlement élu démocratiquement à la proportionnelle, pour représenter les différentes populations ».
Nagib Azergui réclame l'abrogation de la loi sur le séparatisme de Gérald Darmanin et dénonce « le silence total des Insoumis quand des imams sont jetés en pâture ». Il se défend de mener une liste confessionnelle : « Nous n'avons pas un projet politique basé sur le Coran. On nous accuse de faire de l'islam politique. Mais nous sommes là pour défendre les droits et les libertés des musulmans. L'extrême droite s'attaque à la communauté musulmane partout en Europe. C'est devenu un argument électoral donc on a décidé d'y apporter une réponse politique. »
En 2019, sa liste baptisée Une Europe au service des peuples avait recueilli 0,13 % des votes, soit un peu moins de 30 000 voix, faisant ses meilleurs scores à Maubeuge (Nord) ou Mantes-la-Jolie (Yvelines). Cette fois encore, il est confronté à une difficulté de taille : le groupe n'a pas les moyens de faire imprimer ses bulletins pour les placer dans les bureaux de vote à l'échelle nationale.
C'est surtout vers les municipales de 2026 que se projette l'UDMF. Elle entend présenter trois listes dans trois villes différentes, dans les banlieues parisienne, lilloise et lyonnaise.
