Selon un calcul de l'Agence France-Presse, en 2024 la moitié de la population mondiale sera concernée par une élection, présidentielle ou parlementaire. Ce sera par exemple le cas aux États-Unis avec, si tout se passe comme prévu, un nouvel affrontement Trump-Biden. En France, la précampagne présidentielle pour la succession de l'actuel chef de l'État n'a pas attendu les européennes de juin. L'ancien Premier ministre Édouard Philippe vient de le reconnaître : il est en train de constituer son équipe pour 2027. D'autres, comme Laurent Wauquiez, fourbissent aussi leurs armes. Le monde économique espère, lui, quelques bonnes nouvelles, comme le démarrage de l'EPR de Flamanville qui devrait enfin survenir cette année ou le lancement d'Ariane 6. Le programme sportif s'annonce également très dense, avec pour point d'orgue les JO de Paris cet été. Quant aux artistes, enfin extirpés des années Covid, ils foisonnent de projets et nous promettent une année à grand spectacle.
POLITIQUE
SÉBASTIEN LECORNU - Ministre des Armées
Le chargé de mission. Sébastien Lecornu n'aime guère la lumière. En 2024, sera-t-il néanmoins surexposé ? Le ministre des Armées, 37 ans, est en effet dans les petits papiers du président de la République. Cela a encore été constaté en novembre, quand ce dernier a choisi de l'envoyer en tournée au Proche-Orient, en amont de la libération des otages. Ministre depuis 2017, aux avant-postes de la campagne présidentielle, l'ex-LR est l'homme des missions délicates. Cette année, il devra réussir les commémorations pour les 80 ans de la Libération. Alors que, dans la majorité, tous considèrent acquis un changement de Premier ministre, l'ancien collaborateur de Bruno Le Maire figure sur la liste des favoris. (Ludovic Vigogne)
LAURENT WAUQUIEZ - Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
© ÉLODIE GRÉGOIRE/ABACAPRESS
En précampagne. Fidèle - trop ? - à sa disette médiatique depuis 2019, Laurent Wauquiez réfléchit à la meilleure manière de réapparaître dans le débat public et de mettre à profit son « immersion » sur le terrain. Pour le patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, dont tous les visiteurs relatent la « détermination » à se présenter à la prochaine présidentielle malgré ses mauvais sondages, l'année 2024 sera une année charnière. Passé le précipice des européennes, où Les Républicains jouent très gros, puis l'été des Jeux olympiques, il entamera sa précampagne. Celle qui doit l'amener à convaincre l'électorat de centre droit qu'il est son meilleur rempart face à Marine Le Pen. Chez LR, beaucoup de ténors se disent qu'il est trop tard... et qu'il faudra plutôt se tourner vers Édouard Philippe. (Jules Pecnard)
MARIE TOUSSAINT - Tête de liste écolo aux européennes
Discrète et inattendue. Les écologistes ont fait un choix original pour les élections européennes de 2024 : une parfaite inconnue pour prendre la tête de leur liste. Marie Toussaint, 36 ans, députée au Parlement européen depuis 2019. Spécialiste en droit international de l'environnement, elle a plusieurs faits d'armes militants à son actif : c'est elle qui est à l'origine de l'association Notre affaire à tous, cette ONG qui lutte pour une justice climatique, et c'est aussi elle qui a lancé l'opération militante L'Affaire du siècle, qui avait abouti à la condamnation de l'État français pour inaction climatique. Parmi les listes de gauche, saura-t-elle s'imposer ? (Caroline Vigoureux)
LAURE LAVALETTE - Députée RN du Var
Objectif Toulon. Elle est vite devenue l'un des principaux visages médiatiques du Rassemblement national. Élue députée du Var lors de la vague RN des législatives de 2022, Laure Lavalette s'est beaucoup rapprochée de Marine Le Pen, qui s'en est longtemps méfiée. Car derrière l'habile maniement des éléments de langage du parti à la flamme « dédiabolisé », il y a chez la Sudiste un engagement de longue date à l'extrême droite la plus dure. Catholique traditionaliste, fille d'un membre du mouvement néo-fasciste Ordre nouveau et petite-fille d'un militant des Croix-de-Feu, Laure Lavalette a fait ses armes dans la section bordelaise d'un syndicat étudiant de gros bras, type GUD, qui affrontait les militants de l'Unef. Ce passé « bombers et crânes rasés » n'empêchera pas l'intéressée de briguer la mairie de Toulon en 2026. (Jules Pecnard)
SOCIÉTÉ
JONATHAN DENIS - Président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité
À l'heure pour la fin de vie. Peu connu du grand public, le président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) est de tous les débats sur la fin de vie. Son engagement est en passe d'être récompensé : le gouvernement présentera en février un projet de loi consacré à l'aide à mourir. L'objectif est de répondre aux volontés des patients souffrant d'une maladie mortelle incurable et dont la douleur résiste aux traitements. Les travaux parlementaires s'étaleront sur dix-huit mois. Une longue période durant laquelle le quadragénaire poursuivra, sur les estrades et les plateaux de télévision, ses échanges nourris avec les opposants au projet, issus notamment des rangs des soignants et des catholiques traditionalistes. (Nicolas Prissette)
ÉCONOMIE
LUC RÉMONT - PDG d'EDF
©LUDOVIC MARIN/AFP
Flamanville en ligne de mire. Dix-sept longues années de chantier et quatre PDG plus tard, l'EPR de Flamanville devrait enfin entrer en service mi-2024 sous la houlette de Luc Rémont, à la tête d'EDF depuis un peu plus d'un an. Sous réserve de l'obtention du feu vert délivré par le gendarme du nucléaire, l'électricien prévoit de charger le combustible dans le réacteur en mars. S'ensuivront une énième répétition générale et une montée en puissance progressive. Pour ce discret polytechnicien de 54 ans, le bon démarrage de Flamanville est absolument crucial alors que le calendrier et le coût du chantier n'ont cessé de déraper, conduisant à une facture de plus de 13 milliards d'euros, contre 3,3 milliards prévus initialement. À la veille d'une vaste relance du nucléaire, comprenant la construction d'au moins six réacteurs de type EPR 2, le moindre faux pas sera scruté à la loupe. (J.R)
MARTIN SION - Président exécutif d'Ariane Group
Ariane sur les épaules. C'est peu de dire que le premier tir de la fusée Ariane 6 est très, très attendu en 2024. Le lanceur lourd européen devrait effectuer son premier tir, prévu initialement le 16 juillet 2020, à partir du 15 juin. Si tout va bien... Quatre ans de retard qui ont plongé la filière spatiale européenne dans une crise de nerfs paroxystique. Avec la fin d'Ariane 5, l'arrêt des lancements de Soyouz à Kourou et les défaillances du lanceur Vega-C, l'Europe a perdu son accès souverain à l'espace. Elle a même dû quémander à l'américain SpaceX de lancer pour elle des satellites de la constellation hypra-sécurisée Galileo. La réussite (ou l'échec) du tir inaugural d'Ariane 6 pèsera sur les épaules du directeur général de l'Agence spatiale européenne, Josef Aschbacher, et du président exécutif d'ArianeGroup, Martin Sion. (Mickaël Caron)
GARANCE PINEAU - Directrice générale du Medef
De l'Élysée au Medef. C'est une petite révolution dans un monde réputé masculin et conservateur. À 44 ans, Garance Pineau est la première femme directrice générale du Medef. Un poste de l'ombre ô combien stratégique, puisqu'elle est la collaboratrice la plus proche du patron des patrons, Patrick Martin. Passée chez Muriel Pénicaud au ministère du Travail ou chez Clément Beaune aux Affaires européennes, Garance Pineau était encore il y a quelques mois la conseillère diplomatique d'Emmanuel Macron à l'Élysée. Au Medef, cette spécialiste de l'Europe entend « porter de façon offensive la voix des entreprises à Bruxelles, pour peser sur les réglementations (devoir de vigilance, l'index européen hommes-femmes, reportings extra-financiers, etc. ) ». Autre priorité de 2024 : réveiller les chefs d'entreprise, comme dirait son ancien mentor, pour, au plus vite, atteindre - avec la réforme de l'assurance chômage, la réindustrialisation - le plein-emploi. (Fanny Guinochet)
INTERNATIONAL
NIKKI HALEY - Candidate à la primaire républicaine aux États-Unis
©MIKE SEGAR/REUTERS
Une alternative au trumpisme. L'ex-ambassadrice américaine à l'ONU, candidate aux primaires républicaines en vue de la présidentielle de 2024 aux États-Unis, veut investir le créneau des électeurs de son camp qui rejettent Donald Trump. L'espace est très restreint, comme l'illustrent les sondages nationaux : à date, l'ex-président populiste dépasse les 60 % chez les sympathisants républicains et écrase la compétition interne. Malgré ce rapport des forces très défavorable et un rude débat télévisé qui l'a vue affronter, le 6 décembre, un tir de barrage de ses concurrents, Nikki Haley réunit un socle de modérés et d'indépendants qui cherchent une alternative au trumpisme. Largement insuffisant pour devenir la rivale de Joe Biden, mais possible départ d'une mèche lente. (Jules Pecnard)
KEIR STARMER - Chef de file du Parti travailliste britannique
Un probusiness au Labour. Après avoir amené le Parti travailliste britannique à tourner la page du corbynisme et à adopter des positions plus centristes, notamment sur la sécurité et la discipline budgétaire, Keir Starmer lorgne les prochaines élections générales. Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, englué dans l'impopularité après treize années de règne de son camp au Royaume-Uni, a confirmé que le scrutin se tiendrait courant 2024. Austère mais confiant, désireux de redonner un lustre probusiness au Labour Party, Keir Starmer aura pour défi de conserver sa large avance sur le pouvoir sortant. (Jules Pecnard)
LAI CHING-TE - Vice-président taïwanais
Le cauchemar de Pékin. Ce médecin de 64 ans, vice-président de la République de Chine (Taïwan), est le favori des élections à la tête de l'État insulaire. Si Lai Ching-te remporte le scrutin présidentiel du 13 janvier, il offrira un troisième mandat d'affilée au DPP, le parti indépendantiste, ennemi juré de la Chine. Ce serait une victoire sans précédent pour le DPP et Lai Ching-te, alors que Pékin menace de récupérer l'île autonome de 23 millions d'habitants. (Garance Le Caisne)
MÉDIAS
BRUCE TOUSSAINT - Présentateur TV
©LAURENT VU/SIPA
Le nouvel ami du petit déjeuner. L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Un adage taillé sur mesure pour le journaliste de 50 ans qui va désormais devoir mettre son réveil à... 4 heures du matin. À partir du 8 janvier, l'ex-présentateur de BFMTV sera aux commandes de Bonjour!, la nouvelle matinale de TF1 diffusée de 7 heures à 9 h 30. Ce nouveau chapitre de sa vie professionnelle, Bruce Toussaint n'a pas hésité longtemps avant de l'ouvrir. « C'est très excitant. Nous allons proposer un programme tourné vers les régions, avec de l'info bien sûr mais aussi beaucoup d'humeur grâce à ma bande de chroniqueurs. » Le tout sur un plateau reproduisant l'intérieur d'un appartement, que nous avons pu visiter cette semaine. Couleurs pastel, vue dégagée sur le Pont-Neuf grâce à un immense écran, bibliothèque et même frigo, aucun détail n'a été négligé. Comme à la maison ! (Rémi Jacob)
CÉCILE GRÈS - Présentatrice TV
En forme olympique. C'est un visage que vous ne pourrez pas louper sur France Télévisions cette année. Après un congé maternité de plusieurs mois, la journaliste sportive de 35 ans sera de retour à l'antenne début janvier. Avec de nouvelles ambitions et une exposition accrue. Fini le rugby, sa spécialité depuis une dizaine d'années ; Cécile Grès sera désormais tout-terrain. À partir du 6 janvier, elle proposera une chronique consacrée aux JO dans C l'hebdo sur France 5. Elle sera également le nouveau joker de Matthieu Lartot dans Stade 2, comme l'a annoncé le présentateur à L'Équipe. Et surtout, comme on nous le confie du côté de France Télévisions, elle jouera un rôle important dans le dispositif mis en place lors des JO, dont elle sera l'une des principales incarnations. (Rémi Jacob)
BERTRAND CHAMEROY - Présentateur TV
L'insomniaque du PAF. Depuis son arrivée dans C à vous en 2021, le chroniqueur de 34 ans s'est imposé comme l'un des piliers du talk-show de France 5. En janvier, un nouveau défi attend cet hyperactif qui a décroché sa propre émission hebdomadaire, sur France 2 cette fois-ci. Le vendredi à 22 h 45, il proposera Bertrand n'a pas sommeil, un talk-show humoristique où il recevra dans un appartement plusieurs invités. Une soirée où « tout est possible », promet la chaîne. Un format taillé sur mesure pour Bertrand Chameroy. (Rémi Jacob)
GASTRONOMIE
NINA MÉTAYER - Cheffe pâtissière
©JOËL SAGET/AFP
Au sommet du sucré. Elle vient d'être nommée meilleure pâtissière du monde par l'Union internationale des boulangers et pâtissiers (UIBC), créée en 1931. Mais le talent de la cheffe de 35 ans, originaire de La Rochelle, a déjà été distingué par le passé : elle a obtenu en 2017 le titre de pâtissière de l'année décerné par le guide Gault&Millau avant de fonder en 2019 sa pâtisserie en ligne, Délicatisserie, où elle s'attache à faire des gâteaux éthiques au juste prix. Grande voyageuse et passée par les plus grands (Le Meurice, Le Grand Restaurant de Jean-François Piège, le Café Pouchkine...), elle voit sa fulgurante ascension enfin récompensée et ne devrait pas s'arrêter là. À suivre, donc, en 2024 ! (Charlotte Langrand)
CULTURE
MATHIEU KASSOVITZ - Acteur et réalisateur
Il fait son show. Un an après son hospitalisation à la suite d'une chute de moto, Mathieu Kassovitz célébrera en octobre 2024 un anniversaire plus important encore pour lui : celui des 30 ans du tournage de La Haine, le film qui l'a fait connaître en France et dans le reste du monde. Le réalisateur a prévu de le faire revivre cette année sous la forme d'un grand show synchronisant projections sur écrans géants et spectacle associant danse et musique rap. « J'ai toujours pensé que La Haine aurait pu être un film musical », explique Kassovitz, qui, pour ce projet, ambitionne « de faire un truc aussi fort que le film original, qui ait un sens politique comme Hair ou Starmania ». Il a ainsi chargé Cut Killer, DJ historique de la scène hip-hop parisienne, de réunir des artistes rap crédibles pour écrire une série de morceaux à partir des répliques du film, et « de faire le lien entre les années 1990 et aujourd'hui ». Yaman Okur et Émilie Capel, deux spécialistes du breakdance connus pour avoir dansé avec Madonna, signent les chorégraphies. Coproduit avec Live Nation, tourneur tout-puissant de Beyoncé et de Coldplay, le show est d'ores et déjà ouvert à la location à Paris (la Seine musicale), Lyon (LDLC Arena) et Marseille (Dôme). (Aurélien Cabrol)
OLIVIA RUIZ - Chanteuse
© JOËL SAGET/AFP
La revenante. Ces dernières années, Olivia Ruiz avait délaissé les studios d'enregistrement. Elle a pris le temps de voir son fils grandir, s'est affirmée comme actrice (États d'urgence, sur France 2), sans oublier sa comédie musicale, Volver, chorégraphié par Jean-Claude Gallotta. Elle est aussi passée du statut de chanteuse populaire à autrice de best-sellers : La Commode aux tiroirs de couleurs (2020) et Écoute la pluie tomber (2022) se sont écoulés à 1 million d'exemplaires ! Deux livres à la plume sensible qui racontent ses racines espagnoles, la douleur et les tabous de l'exil de ses grands-parents réfugiés en France pour fuir la dictature de Franco. Elle enchaîne avec la création de Bouches cousues, un récital consacré au répertoire de la chanson révolutionnaire espagnole. Olivia Ruiz signe son retour avec un sixième album, La Réplique (Glory Box Music-Wagram), annoncé pour le 1er mars. Huit ans après À nos corps-aimants. Une éternité dans l'industrie musicale... Pas de quoi effrayer la chanteuse, qui se montre férocement libre et sensuelle dans le premier single, dévoilé début novembre. Une ode à la danse sur fond d'électro latino bouillonnante avec son mantra non négociable. « Je suis de celles qui nagent à contre-courant, qui refusent le sens du vent, qui refusent d'être la réplique de la réplique de la réplique... » Elle sera en tournée à partir du 4 avril. (Éric Mandel)
CAROLINE VIGNEAUX - Humoriste
Crise de rire. Quatre ans après son précédent one-woman-show (Caroline Vigneaux croque la pomme), l'ex-avocate signe son retour avec In Vigneaux Veritas, son spectacle « le plus intime » (au Théâtre Édouard-VII à partir du 11 janvier, puis en tournée). Au menu, la crise de la cinquantaine, mais aussi une foule de sujets sociétaux traités avec un humour mordant et subtil - la masculinité toxique, les limites du néoféminisme ou la légalisation des drogues dures dans les Ehpad... (Éric Mandel)
ÉRIC CANTONA - Comédien, peintre, photographe, chanteur
À la cantonade. Après la sortie en octobre d'un EP de quatre titres écrits et composés par ses soins (I'll Make My Own Heaven), suivie d'une mini-tournée en Angleterre et en France, Éric Cantona retrouvera au printemps la scène, son terrain de jeu favori, pour interpréter, en français et en anglais, simplement accompagné d'un pianiste et d'un violoncelliste, ses chansons entre ballades et rocks crépusculaires. Un album live sortira dans la foulée. (Éric Mandel)
LITTÉRATURE
SALMAN RUSHDIE - Auteur
L'écrivain majuscule. À lui seul il incarne la fragilité de la liberté d'expression - lacérée à coups de couteau, pleine gorge, pleines mains, plein ventre, plein œil, liberté ensanglantée, effondrée, tenue pour morte par son agresseur du 12 août 2022 - et la force de cette même liberté, qui ne lâchera rien, et surtout pas le fil de la vie, tant qu'elle n'aura pas dit son dernier mot. Le jour de l'attaque, ni elle - la liberté - ni lui - Salman Rushdie - n'en avaient fini avec nous. Salman Rushdie ne s'appartient plus. Au point d'être devenu « sal-man-rushdie », ce mantra de quatre syllabes qui, tout en disant l'horreur des temps, nous renseigne sur la puissance de feu du courage quand il va. Et nous oblige. Non seulement l'auteur des Versets sataniques défie depuis plus de trente ans les forces obscures lanceuses de fatwa, mais quand ces dernières parviennent à l'atteindre, le septuagénaire ne rend pas l'âme. L'expression vaut au figuré comme au spirituel. Couturé de cicatrices, et avec un œil en moins, notre écrivain majuscule a survécu à la tentative d'assassinat et repris le chemin de cette résistance à la vie à la mort : l'écriture. De l'agression, il a fait un livre, Le Couteau, dont la sortie mondiale (en France chez Gallimard) le 18 avril promet d'être l'événement littéraire de 2024. Parce qu'il s'y exprime pour la première fois, et avec, selon la promesse de son éditeur, des « détails inoubliables ». (Aurélien Cabrol)
SPORTS
BGIRL SYSSY - Danseuse de breakdance
© STÉPHANE MANTEY/PRESSE SPORTS
Déjà grande. Issu de la culture hip-hop, le breaking sera une des attractions de Paris 2024, et il faudra bien en profiter parce que la discipline a déjà été rayée de Los Angeles 2028. Si le trentenaire Bboy Dany, déjà qualifié pour les Jeux, est la valeur sûre, Bgirl Syssy, bien partie pour y participer, pourrait être la sensation française. Âgée de 16 ans, Sya Dembélé pour l'état civil, a impressionné pour sa première année en senior, décrochant le titre national, un podium aux championnats d'Europe puis du monde. Des résultats qui lui ont valu d'intégrer cet automne le Cercle haute performance, vitrine de l'élite du sport français, et la Team breaking 2024. Issue d'une famille de danseurs, la Stéphanoise a commencé la discipline à 7 ans. (Solen Cherrier)
YANNICK NOAH - Coach et chanteur
Nouvelle saga. C'était dans l'air mais l'annonce a quand même surpris tout le monde : Yannick Noah sera le capitaine de l'équipe de France de tennis fauteuil pour les Jeux paralympiques 2024 à Paris (28 août-8 septembre). Une nouvelle saga après avoir guidé les Bleu(e)s au succès en Coupe Davis (1991, 1996 et 2017) et en Fed Cup (1997) ? Très possible. L'idée est venue de Stéphane Houdet, champion paralympique en double à Pékin, Rio et Tokyo. En mai dernier, les sélections masculines et féminines ont rapporté chacune du bronze de la Coupe du monde. Et le défi en forme de contre-pied colle bien à la personnalité du dernier Français vainqueur d'un Grand Chelem (Roland-Garros 1983). À 63 ans, il se partageait plutôt entre son village au Cameroun et la musique. (Solen Cherrier)
LES FRÈRES LEBRUN - Joueurs de tennis de table
Petite balle, grands espoirs. Pour différencier Alexis Lebrun, 20 ans, et son frère Félix, 17 ans, il vaut mieux s'attarder sur la prise porte-plume du second que sur leur physique. Le cadet utilise en effet cette technique rare qui est l'apanage des pongistes asiatiques. De fait, il est le seul Européen dans le top 10 mondial (8e), un des plus jeunes de l'histoire à réussir cette prouesse. Son aîné est lui 23e. En simple ou en double (ils sont 7es au classement mondial), les deux phénomènes montpelliérains ont les atouts pour titiller la mainmise chinoise sur les médailles olympiques (60 sur 115 et 86 % des titres) à Paris 2024. Déjà un exploit en soi. (Solen Cherrier)
MIKE MAIGNAN - Footballeur
Le rempart bleu. Pour la première fois depuis seize ans, les buts de l'équipe de France de football ne seront pas gardés par Hugo Lloris lors d'un grand tournoi, l'Euro 2024 en Allemagne en l'occurrence (du 14 juin au 14 juillet). L'homme aux 145 sélections a raccroché et Mike Maignan, absent au Qatar à cause d'une blessure, a pris le relais. Depuis quelque temps, il poussait. À 28 ans, le gardien de l'AC Milan, formé au PSG et révélé à Lille, s'impose comme un des tout meilleurs de la planète. Notamment aux penalties. Pas négligeable : les Bleus ont quitté l'Euro 2021 et le Mondial 2022 sur des séances de tirs au but ratées. (Solen Cherrier)