Longtemps balbutiante dans un pays où l'épargne sans risque est privilégiée, la culture actionnariale a dernièrement connu une accélération en Allemagne. Près de 13 millions de personnes étaient investies dans des actions, des fonds d'actions ou des certificats ETF en 2022, selon le dernier décompte de l'institut allemand DAI (Deutsches Aktieninstitut). Cela représentait une augmentation de 830.000 épargnants en actions sur un an, avec une dynamique surtout remarquée chez les moins de 30 ans.
Afin de faciliter encore plus ce développement, le conseil des « sages économiques » - composé de cinq professeurs d'économie, de finances publiques ou d'économie sociale - propose de « fournir à chaque enfant, à partir de 6 ans jusqu'à 18 ans, 10 euros par mois sous forme de part dans un fonds », écrivent les cinq experts dans leur rapport annuel, publié ce mercredi 8 novembre. Le coût estimé de cette mesure serait de 1,2 milliard d'euros par an.
Les experts s'appuient ici sur un modèle mis en place en Israël depuis 2017. Dans ce pays, 51 shekels (soit 12 euros) sont versés mensuellement par l'État de la naissance au 18e anniversaire d'un enfant. En Allemagne, un tel capital de départ pourrait être investi « dans un produit standard » comme un « fonds de pension géré par le secteur public », proposent les sages.
Autre mesure, retarder l'âge de la retraite
Dans leur rapport annuel, les « sages économiques » partagent d'autres recommandations. Parmi celles-ci : relever l'âge légal de la retraite. Ce, « progressivement » après 2031, en l'adaptant à la montée de l'espérance de vie future. L'âge légal de départ en retraite en Allemagne est actuellement fixé à 67 ans, selon une réforme adoptée en 2007, et qui s'appliquera pleinement à partir de la génération née en 1964, soit en 2031.
Cette mesure pourrait contribuer au financement durable du régime de retraite légal, en voulant réduire le rapport entre bénéficiaires des pensions et cotisants, selon eux. « Grâce à l'ancrage d'un mécanisme automatique » lié à des faits démographiques, « les discussions politiques sur l'ajustement de l'âge de la retraite ne doivent plus avoir lieu de manière régulière », avancent-ils.
Une telle réforme devrait aussi tenir compte de la pénibilité au travail et des personnes ayant des problèmes de santé, ajoutent-ils. Pour justifier cette idée, ils rappellent que d'autres pays d'Europe - Danemark, Italie, Pays-Bas, Portugal - adaptent déjà l'âge légal de la retraite à l'espérance de vie.
(Avec AFP)