Crise agricole : Valls accuse Bruxelles d'en "faire trop peu"

Mise en cause par le Premier ministre lors d'une rencontre organisée avec les acteurs de la grande distribution, la Commission européenne s'est défendue en rappelant qu'elle a débloqué une enveloppe d'un demi-milliard d'euros pour soutenir l'agriculture dans les pays membres à la fin de l'année 2015.
A l'occasion d'une rencontre avec les représentants de la grande distribution concernant la crise agricole, le Premier ministre Manuel Valls a demandé à la Commission européenne d'"activer les pouvoirs dont elle dispose en cas de crise".

| Article publié le lundi 8 février 2016 à 14h48, mis à jour à 16h04.

Moins de quinze jours après l'annonce d'une aide supplémentaire aux éleveurs français, le Premier ministre a pointé un doigt accusateur sur Bruxelles. Manuel Valls a accusé lundi 8 février la Commission européenne de "faire trop peu ou trop tard" pour résoudre la crise agricole en France, marquée par des baisses de cours, à l'issue d'une rencontre avec les représentants de la grande distribution.

"Nous avons débloqué des mesures d'urgence depuis le début de la crise mais la crise est aussi européenne", a fait valoir le Premier ministre, demandant à la Commission d'"activer les pouvoirs dont elle dispose en cas de crise".

Aux Etats membres d'utiliser les aides, dit la Commission

"La Commission est très consciente de la situation, pas seulement en France mais dans plusieurs Etats membres, plusieurs secteurs agricoles", a réagi un porte-parole au point presse quotidien de la Commission européenne à Bruxelles.

"Un paquet d'urgence a été approuvé à la fin de l'année passée, d'un demi-milliard d'euros, dont une enveloppe de 420 millions d'euros à distribuer dans les Etats membres. C'est aussi aux Etats membres de faire usage de ce montant", a déclaré Daniel Rosario, soulignant l'existence d'autres mesures, certaines très ciblées pour les secteurs du lait et de l'élevage.

Les distributeurs appelés à ne pas aggraver la baisse des prix

Manuel Valls a rappelé qu'il devait rencontrer samedi 13 février le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. "J'évoquerai avec lui la levée progressive de l'embargo sur la viande porcine", a-t-il précisé encadré des ministres de l'Agriculture et de l'Economie, Stéphane Le Foll et Emmanuel Macron, avec qui il a rencontré des représentants des grandes enseignes (Auchan, Carrefour, Lidl, Super U, Casino, FCD) pendant plus d'une heure lundi matin.

    I Lire Crise de la viande : le bras de fer entre éleveurs et industriels fait réagir le gouvernement

Sans faire aucune annonce concrète, il a expliqué leur avoir demandé de "ne pas anticiper de baisse des cours agricoles dans les négociations commerciales en cours avec leurs fournisseurs". Rappelant que sur ces sujets "la prudence est de mise", car la France doit obéir aux règles de l'autorité de la concurrence européenne, Stéphane Le Foll a précisé que la réunion avait permis d'appeler la grande distribution à la "responsabilité" pour "ne pas faire baisser des prix déjà très bas", à la faveur de la crise actuelle. Industriels et distributeurs sont actuellement engagés dans le bras de fer annuel pour conclure les négociations commerciales d'ici au 29 février.

A l'exception de Serge Papin pour Système U, aucun président de grande enseigne n'a fait le déplacement lundi à Matignon. Ainsi, Michel-Edouard Leclerc, le patron des magasins du même nom, qui s'était montré très critique à l'égard du gouvernement quant à sa gestion de la crise, n'était pas présent.

     | Lire aussi "Il va y avoir une nouvelle crise du lait en France" (le patron de Système U)

Les agriculteurs poursuivent leur mobilisation

Ce lundi, dans plusieurs régions françaises, les agriculteurs étaient mobilisés quelques heures avant le début de la réunion à Matignon: plus d'une centaine de tracteurs d'agriculteurs ont ainsi bloqué dans la matinée les accès à Saintes (Charente-Maritime), entraînant de fortes perturbations de circulation (dont la fermeture d'un échangeur de l'autoroute A10) en Bretagne, ou dans le Pas-de-Calais, où des dizaines de tracteurs se sont postés devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), à Arras.

Commentaires 16
à écrit le 09/02/2016 à 10:19
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Le monde agricole a toujours été le plus demandeur de faveurs de la part des politiques, depuis de Baptiste à nos jours, ce qui fait d'eux des fonctionnaires de l'état, le nombre de fermes à diminué mais elles se sont agrandies , les surfaces de cul...

à écrit le 09/02/2016 à 8:03
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Il faudrait essayer de mettre en place une TVA sociale sur les produits agricoles. Mais tout le monde est contre.

à écrit le 08/02/2016 à 23:39
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@ BONSOIR ; Les autres, toujours les autres, mais qui est responsable de l'embargo russe sur les produits agricoles français ?????? C'est bien HOLLANDE le caniche de M. OBAMA ....M. HOLLANDE a préféré défendre les intérêts stratégiques américains...

à écrit le 08/02/2016 à 21:14
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Bizarre tout de même, l'Europe ne subventionne pas que la France, il y a des agriculteurs ailleurs qu'en France , c'est , par exemple ,de plus en plus de la viande allemande qu'on me sert au restaurant et pourtant je n'ai pas connaissance d'un problè...

à écrit le 08/02/2016 à 19:31
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Le monde agricole est face à un grand paradoxe. Et ils réclament à en sortir. Cependant, sacrifier leur niveau de vie est tout bonnement inconcevable. D’innombrables opportunités s'offrent, pourtant, à eux, grâce au long et ancien soutient de l'état,...

à écrit le 08/02/2016 à 19:00
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Au final, les éléphants barrissent, l'UE commissionne et subventionne et les socialistes ponctionnent !

à écrit le 08/02/2016 à 18:38
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Depuis des decades La France se manifesté comme le plus gros profiteur des subventions europiennes a l'agriculture.En suite le secteur endormie par faute de competition (internationale).

à écrit le 08/02/2016 à 17:09
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Que peut faire un gouvernement ? Seulement 2 choses : - Modifier le système social en profondeur en déportant le financement de la retraite vers la TVA et en introduisant un revenu de base financé par la CSG qui profiterait au financement des bas re...

à écrit le 08/02/2016 à 16:28
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Pour Valls, c'est forcément de la faute des autres..

le 08/02/2016 à 17:37
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Alors que tout le monde sait que si une entreprise est en difficulté c'est de la faute de son gérant.

à écrit le 08/02/2016 à 15:48
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Chers agriculteurs, votre mort lente est programmée depuis des décennies, les agro-industriels préfèrent d'immenses exploitations entre les mains d'un seul propriétaire afin de bénéficier des meilleurs tarifs ou de meilleurs clients pour les industri...

le 08/02/2016 à 18:49
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ce que vous proposez fera vivre combien de paysans ? 50 000 ? donc 500 000 au tapis ! la France première exportatrice dans le monde pour de nombreux produits ne pourra plus exporter car trop chère pour de multiples raisons : les immenses troupeaux...

le 08/02/2016 à 19:14
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Bien sûr Zorro mais ce que les producteurs vendent en direct c'est sans doute quelques pour cent du marché. Le reste c'est les industriels qui l'achetent et toujours au moins disant quitte à passer par des intermédiaires douteux ou à acheter ailleurs...

le 08/02/2016 à 20:01
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La disparition des agriculteurs français vient de la stratégie productiviste voulue par l'UE de Manschot, par la FNSEA et par une partie de la classe politique. Cette stratégie, a fait disparaitre des millions de paysans (ils étaient plus de 3 mil...

le 09/02/2016 à 9:13
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Romany je note donc que pour vous il est indispensable de sacrifier les agriculteurs, ils seront contents de vous lire à n'en pas douter donc...

le 09/02/2016 à 9:15
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Bonjour Aria, c'est bien pour cela que je précisais que travailler avec un gars dont le but est de toujours faire baisser vos prix n'est pas viable et fini forcément par la banqueroute. Ils sont esclaves de la productivité c'est un fait.

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