La Bulgarie et la Roumanie font une entrée limitée dans l'espace Schengen

Alors qu'ils font partie de l'Union européenne depuis 2011, la Roumanie et la Bulgarie viennent tout juste d'entrer dans l'espace Schengen, la zone de libre circulation européenne. Avec un gros bémol : à cause du veto de l'Autriche, les voies terrestres ne sont pas concernées...
La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l'espace Schengen... mais seulement l'aérien.
La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l'espace Schengen... mais seulement l'aérien. (Crédits : YVES HERMAN)

Après 13 ans d'attente, les voilà enfin dans l'espace Schengen. La Roumanie et la Bulgarie ont officiellement fait leur entrée dans cette vaste zone de libre circulation, à l'exception notable des frontières terrestres. L'adhésion est partielle, limitée donc aux aéroports et aux ports maritimes, mais l'étape a une forte valeur symbolique alors que les deux pays sont membres de l'Union européenne (UE) depuis 2007.

A l'aéroport de Sofia en Bulgarie, les premiers passagers en partance étaient ravis, ce dimanche matin. « Je voyage souvent et cela facilite les choses », a expliqué à l'AFP avec enthousiasme Kristina Markova, 35 ans. « Contrôle des bagages inclus, on a pu gagner le terminal en moins de trois minutes, c'est vraiment un progrès ». « Il s'agit d'un grand succès pour eux », a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un communiqué.

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29 membres dans Schengen

La Croatie, pourtant entrée dans l'UE après la Roumanie (19 millions d'habitants) et la Bulgarie (6,5 millions), leur avait damé le pion en janvier 2023. Avec cette double entrée, cette zone créée en 1985 dans laquelle plus de 400 millions de personnes peuvent voyager sans contrôles permanents aux frontières intérieures, comprendra désormais 29 membres.

25 des 27 Etats de l'UE en font partie, ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande. Adhérer enfin, c'était « une question de dignité », note Stefan Popescu, expert en relations internationales installé à Bucarest. « Tout Roumain, quand il empruntait une ligne séparée des autres ressortissants européens, se sentait traité différemment », a-t-il dit à l'AFP.

Dans l'aéroport de la capitale roumaine, où la majorité des vols desservent l'espace Schengen, les équipes se sont affairées toute la semaine pour préparer cette petite révolution. Avec la promesse d'un renforcement des effectifs pour mener des contrôles inopinés, notamment à l'égard des mineurs « afin d'éviter qu'ils ne soient la proie de réseaux de traite d'êtres humains », selon le gouvernement.

Les agents déployés seront aussi là pour « guider les passagers et identifier ceux qui en profiteraient pour quitter illégalement la Roumanie ». Gros bémol : sur les routes, les contrôles seront pour l'heure maintenus. La faute au veto de l'Autriche, seul pays réfractaire dans l'UE par peur d'un afflux de demandeurs d'asile.

Les transporteurs routiers en furie

Résultat ? Exclus du processus, les transporteurs routiers ne décolèrent pas. D'après l'un des principaux syndicats roumains du secteur, l'attente dure de 8 à 16 heures à la frontière avec la Hongrie, et de 20 à 30 heures avec la Bulgarie, avec des pics à trois jours, dans les deux cas. Avec à la clé des pertes financières colossales. « Nous avons patienté 13 ans, nous sommes à bout », a tonné le secrétaire général Radu Dinescu.

Même coup de gueule du côté des frontaliers qui passent en voiture et des patrons bulgares. « 3% des marchandises bulgares sont acheminées par air et mer, les 97% restants circulant par voie terrestre », a affirmé Vassil Velev, président de l'organisation BICA (Bulgarian Industrial Capital Association), interrogé par l'AFP. « Nous sommes donc à 3% dans Schengen et ne savons pas à quelle date nous serons autorisés à adhérer complètement », a-t-il déploré.

Aucune date n'est avancée pour devenir membres à part entière. Il faudra auparavant patte blanche pour espérer lever les réticences de Vienne... L'entrepreneur craint de faire les frais des élections législatives prévues fin septembre en Autriche, alors que le chancelier conservateur Karl Nehammer doit faire face à la montée de l'extrême droite dans les sondages. « L'adhésion complète va dépendre de développements politiques étrangers », a prévenu dimanche le ministre roumain de l'Intérieur Catalin Predoiu, en référence au scrutin autrichien. Dans tous les cas, Sofia comme Bucarest ont averti : il n'y aura pas de retour en arrière. « Le processus est irréversible, j'en suis persuadé », a lancé M. Predoiu, qui appelle à le boucler en 2024.

Commentaires 6
à écrit le 09/04/2024 à 4:42
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"La Bulgarie et la Roumanie font une entrée limitée dans l'espace Schengen" A l'évidence ces territoires n'ont que faire de l'espace Schengen sinon pour dégager des minorités indésirables telle que la communauté rom...

à écrit le 01/04/2024 à 19:29
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Nous eussions préféré une entrée fracassante, cela aurait plus de "panache". Le Monde est ce qu'il est devenu: Étriqué.

à écrit le 01/04/2024 à 16:29
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Dans combien de temps les voies terrestres seront ouvertes librement dans l'espace Schengen ?. Les freins ont pour objectif de freiner les habitants de ses pays qui circulent en voitures..... Pourvu que ça dure !

à écrit le 01/04/2024 à 11:10
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Ça devient du n'importe quoi..

à écrit le 01/04/2024 à 9:09
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Pour Roumanie c'est ok mais la Bulgarie pleinne avec des éspions russes la bas.

à écrit le 01/04/2024 à 9:07
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La Roumanie est devenue membre de l’UE en janvier 2007. Et la Bulgarie aussi. L’année 2011 écrite dans l’article est historiquement fausse et sert peut-être l’interêt de ceux qui souhaitent discréditer ces deux États pour plaire aux populistes de to...

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